[cinemarium] Mes critiques en 2011

Modérateur: Dunandan

Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar cinemarium » Mer 02 Nov 2011, 22:47

Alors tu as eu l'occasion de le voir ?
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Drive (2011) - 8,5/10

Messagepar cinemarium » Mer 02 Nov 2011, 22:50

Drive
Un film de Nicolas Winding Refn

8.5/10


Image


Grâce à ses deux derniers longs-métrages (Bronson en 2009 et Le Guerrier silencieux l’année suivante), Nicolas Winding Refn est parvenu à obtenir le statut flatteur, voire apologétique, de cinéaste prometteur ; reste que la crainte de voir l’espoir transformé en pétard mouillé était des plus grandes. Heureusement, avec son nouveau film – récompensé au dernier Festival de Cannes par le prestigieux Prix de la mise en scène –, le talentueux réalisateur danois réussi à surpasser ses précédentes performances : Drive est un film polymorphe animé par une maitrise de la narration et de la mise en scène comme rarement vue au cinéma cette année. Une superbe réussite qui transporte son spectateur dans les abimes d’un univers digne des meilleures séries B.

Drive démarre par l’anxiété d’un braquage risqué. On y découvre un pilote qui n’est autre que le personnage principal. Nous ne connaitrons jamais son nom. La blondeur de sa chevelure n’a d’égal que son incroyable charisme – malgré ses expressions figées dignes d’un mannequin de cire. Très rapidement, le spectateur comprend que ce personnage est d’une incroyable froideur : ses yeux bleus sont porteurs d’un jugement permanent. Le braquage foire. La police débarque. Mais le pilote parvient, avec un professionnalisme fascinant, à sauver son équipage. Le voilà désormais seul, errant dans son appartement vide, loin du chahut des sirènes de police. La journée se termine comme elle avait surement commencé.

Suivie d’un générique magnifique qui dévoile sans concessions l’intimité de ce personnage, cette impressionnante séquence d’introduction est peut être le seul défaut de ce film qui joue, tout au long de son déroulement, à l’équilibriste. Le rythme donné par l’importante tension créée par l’évènement ne trouvera en effet aucun écho dans la suite du récit, qui se voudra nettement plus appliquée et contemplative. L’important est ailleurs : Refn, passé maitre du cadrage, offre sa vision personnelle du thriller contemporain, celui où le héros redevient le maitre de son destin. Et cette vision passe d’abord par une approche intimiste et figurale de la personne.


Se succèdent ainsi nombre de séquences planeuses, présentant avec attention l’avancé d’un récit maitrisé par les tripes et bâtit autour d’un idéal de liberté. L’origine et la destination du pilote nous resteront inconnues : sa figure est une métaphore volatile. Le moment qui voit sa voiture en propulser une autre dans le décor sans aucun dommage matériel ni humain est l’exemple le plus frappant de cette constatation : ce pilote est un spectre qui hante ses ennemis avec la plus grande des dextérités. Si la rencontre avec Irene pourrait faire croire à un semblant d’humanité venant de sa part, la séquence, terriblement cruelle, de l’ascenseur prouve que cet être reste d’abord une carcasse de violence. Le véhicule devient alors une échappatoire, une issue.

L’attrait du film pour son penchant fantastique permet d’offrir à son autre face – le thriller – toute la puissance qui lui était nécessaire. Si le scénario reste simpliste – le pilote souhaite aider le compagnon de sa voisine à effectuer un braquage –, la densité avec laquelle le récit évolue est simplement grandiose, notamment grâce à une maitrise épatante de la mise en scène. Le film agite en effet un dogme esthétique qui lui est propre, basé sur la complémentarité entre une photographie des plus travaillés et une approche spectrale de l’espace. Chez Refn, la mise en scène redevient un moyen permettant d’exprimer une beauté devenue secrète. Si le coté contemplatif de sa caméra ne plaira pas au plus grand nombre – Ryan Gosling semble poser à chaque plan –, la puissance avec laquelle le cinéaste raconte son histoire est véritablement sublime.

"Tu nais et, quarante ans plus tard tu sors d’un bar en boitillant, étonné par toutes tes douleurs. Personne ne te connait. Tu roules sur des routes sans lumière et tu t’inventes une destination, parce que ce qui compte, c’est le mouvement. Et tu te diriges ainsi vers la dernière chose qu’il te reste à perdre, sans aucune idée de ce que tu vas en faire." [1]

_________________________________
1. Nic Pizzolatto, dans Galveston
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar zack_ » Jeu 03 Nov 2011, 16:50

cinemarium a écrit:Alors tu as eu l'occasion de le voir ?


Non - après une heure d'attente à cannes, j'ai pas tenté cette fois au ciné, je le verrai en vidéo surtout que les critiques sont souvent extrémistes (génial ou mauvais), y a que toi qui apparemment reste dans le moyen. Je posterai ma critique quand je le verrai
zack_
 

Jeanne captive - 2/10

Messagepar cinemarium » Jeu 17 Nov 2011, 00:08

Jeanne captive
Un film de Philippe Ramos

2/10


Image


Visionné au dernier festival de Cannes à l’occasion de la Quinzaine des réalisateurs, Jeanne captive ne survit pas au poids du temps; constat affligeant pour un film traitant d'un fait historique qui déborde de symbolisme. Pour deux principales raisons, le film de Philippe Ramos peine à établir un réel contrat avec son spectateur : l’émotion est aux abonnés absents tandis que la démarche du cinéaste est incompréhensible.

Comme le souligne son titre, l’histoire du film retrace les derniers instants de la vie de Jeanne d’Arc, de sa mise en captivité par un seigneur français à son exécution par les anglais. Face à une mort imminente, la jeune femme rencontra, tour à tour, différents hommes captivés par sa capacité à absorber une réalité si cruelle.

Le contenu historique se limite à de la simple citation : entre deux séquences, le spectateur pourra brièvement apercevoir une ébauche de la machination politico-religieuse qui se cachait derrière l’exécution de la pucelle d'Orléans – on aperçoit, au mieux, quelques discussions entre dirigeants français et anglais. La démarche de Ramos réside plutôt dans la mise en scène spirituelle de l’évènement, voire métaphysique, tant la fiction prédomine tout au long du déroulement du film – par exemple, dans un moment assez mal amené, Jeanne arrêtera le bruit de la mer afin d’imposer sa présence à ses ravisseurs. Si la démarche du réalisateur français est louable car ambitieuse, force est de constater que les évènements relevant de l’anormalité comportementale des protagonistes présentés – à commencer par Jeanne d’Arc bien sûr, mais aussi par l’étrange moine interprété par un Mathieu Amalric essoufflé – conduiront à la création d’un climat mystique particulièrement creux. L’incompréhension permanente dans laquelle Philippe Ramos a décidé de plonger son œuvre lui est fatale, d’autant que les différentes situations ne tissent aucun lien direct entre elles, notamment dans la confusion de son dernier quart d’heure.

La construction du film, qui se veut particulièrement linéaire, arbore la tragédie de son histoire par une inlassable succession de scènes stériles et insignifiantes, tant la pauvreté de leurs compositions – dialogues, situations, interprétations – provoquera un détachement inévitable du spectateur au récit. Terrible constatation, tant la porté de Jeanne d’Arc, personnage lourd d’histoire, sera totalement nulle, asphyxiée dans la tourmente d’une réalisation chaotique et d’un propos abstrait voire absurde. Ce dernier terme peut être jugé opportun – dans le sens où les images découlent, par nature, d’une vision absurde de la réalité – mais n’en traduit pas moins le sentiment principal qui se dégage de ce film froid et insipide. Scène parmi tant d’autres exprimant cet incommodant ressenti : au début du film, nous apercevons Jeanne d’Arc chuter dans le vide dans un ralenti des plus laids qui évoque la pire des séries Z en mal d’inspiration. Le constat est affligeant : devant une telle laideur, l’immersion que doit offrir le cinéma restera, avec Jeanne captive, une éternelle utopie.

La personnalité de Jeanne ne sera d’ailleurs jamais réellement exploitée comme un moteur possible d’émotions. Sa capacité presque naturelle à diviser l’opinion – certains veulent sa mort quand d’autres réclament sa reconnaissance – s’éclipse au profit d’une vision individualiste du personnage. Boudeuse et attentiste, la Jeanne d’Arc de Philippe Ramos souffre en effet de l’absence totale d’autorité que le spectateur contemporain se devait de ressentir à l’égard d’un personnage si emblématique. A la place, la longue série de plans fixes et descripteurs ne fera jamais décoller l’intérêt des situations filmées – souvent intimes –, tant la platitude des personnages mis en scène choque et questionne sur la réalisation d’un tel projet. Le film souffre ainsi d’une carence d’émotion regrettable. Avec un final qui achève de noyer l’ensemble dans un ridicule méprisable, Jeanne captive fait figure d’épine douloureuse dans la respectable filmographie de son réalisateur qui, on l’espère, trouvera rapidement un remède pour rebondir après un tel échec. Jamais un film n’avait aussi mal porté son nom.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar zack_ » Sam 19 Nov 2011, 13:26

Ouf ca tacle fort là :shock: C'est pas mémorable mais ca se suit
mais c'est vrai que Besson avait une approche bien plus divertissante (enfin ca reste pas la même époque en faite de sa vie!)
zack_
 

Répulsion - 8,5/10

Messagepar cinemarium » Sam 03 Déc 2011, 16:42

Répulsion
Un film de Roman Polanski

8.5/10


Image



La multitude de possibilités offerte au cinéaste pour aborder la déviance du comportement humain a permis de produire de si divers films qu’ériger la folie en tant que genre cinématographique à part entière parait peu judicieux. Néanmoins, force est de constater que certains réalisateurs sont parvenus à bâtir un ensemble de codes – dont la proximité avec le malade est le principal – qui viendront influencer une série interminable d'autres films. Parmi les films presque fondateurs du non-genre que représente la folie, Répulsion apparait comme une référence incontestable. En faisant de l’aversion des hommes l’une des sources principales de la folie d’une jeune femme soumise à elle-même, Roman Polanski est parvenu à produire un film terrifiant sur le rejet des conventions, dont beaucoup se sont aujourd’hui inspirés – voir Black swan de Darren Arronofsky.

Répulsion joue sur la dualité de ses univers. Evidemment, celle entre la réalité et l’imaginaire apparait comme la plus frappante puisque le jeune Polanski a fait le choix de partager avec le spectateur les visions horrifiques que la triste Carol perçoit. Se succèdent ainsi de nombreuses scènes hallucinatoires où la jeune fille est en proie aux attaques virulentes de son esprit, matraquée par le traitement que les hommes lui réserve et qu’elle semble juger particulièrement envahissant – on y aperçoit des silhouettes d’hommes fantomatiques ou encore des mains masculines tripotant le corps vierge de la jeune femme. En découle alors l’autre dualité frappante du film, celle entre l’homme et de la femme. Le contexte de l’époque étant bien entendu prépondérant – nous sommes à Londres en 1965 en pleine révolution sexuelle – Polanski oppose au personnage de la femme une figure presque antipathique de l’homme qui se veut intéressé, prédateur et donc sauvage. A l’exception de Colin, qui éprouve un amour des plus sincères envers Carol – on le voit presque se battre avec ses amis qui se moquent de son attitude à l’égard de celle-ci –, l’homme apparait toujours dans le quotidien de Carol comme une sorte de nuisance dangereuse.

D’un point de vue purement formel, Polanski ose encore jouer sur les dualités pour faire de Répulsion un objet autant unique par sa capacité à créer sa propre expression que générique par le reflet qu’il renvoie d’une époque bâtit par l’émergence de nouveaux auteurs créatifs et libertaires. Le noir et blanc, si utilisé à cette période par de nombreux jeunes cinéastes leur permettant, notamment, de camoufler de faibles éclairages, donne ici à l’image une tonalité évidente pour souligner la duplicité comportementale du personnage principal. La beauté de cet éclairage souvent gras tire son attrait d’une personnification de la lumière-même, à l’image des expressionnistes allemands dont Polanski s’est parfaitement inspiré pour composer son film. Là encore, de l’absence de lumière survient une nouvelle dualité, plus généraliste cette fois-ci, entre l’intérieur et l’extérieur. Le cloisonnement voulu de Carol souligne, une fois encore, sa volonté à refuser l’inconnu et l’étranger –les rares moments où celle-ci sort sont souvent marqués par de mini psychodrames provoqués. Les rideaux tirés apparaissent alors comme la barrière protectrice de son univers sombre et sans aucunes traces de vie.

Répulsion soulève, en pointillé, la problématique de la folie et du traitement qu’elle impose. La fin, finalement très pessimiste, veut que l’ignorance triomphe de l’univers incompris de la schizophrénie. Si Polanski fait le choix intelligent d’éviter d’user du triomphalisme d’une morale qui ne serait qu’éphémère devant la complexité d’un tel sujet, la force avec laquelle il s’empoigne à faire partager la souffrance de toutes ses victimes est géniale. Et ce n’est pas la valeur ajoutée que représente ce rôle inhabituel offert à Catherine Deneuve qui viendra ternir un ensemble plus que mémorable.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Kakemono » Dim 04 Déc 2011, 10:42

Très bon ce Répulsion, l'un de rares Polanski que j'apprécie vraiment. :super:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar cinemarium » Sam 10 Déc 2011, 16:08

Kakemono a écrit:Très bon ce Répulsion, l'un de rares Polanski que j'apprécie vraiment. :super:

Oui, vraiment excellent ! Carnage me tente, même si je me doute que la qualité de la chose ne sera évidemment pas comparable: le film n'a pas l'air très ambitieux.
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Intouchables - 2/10

Messagepar cinemarium » Sam 10 Déc 2011, 16:11

Intouchables
Un film de Eric Toledano et Olivier Nakache

2/10


Image


Quand l'histoire vraie d'une rencontre extraordinaire devient l'objet d'une vision fantasmatique et mensongère de la société française, cela s'appelle Intouchables.


C’est le succès cinématographique français de l’année. Environ un mois après sa sortie en salle, Intouchables a déjà attiré plus de 12 millions de spectateurs. Une réussite que l’on avait plus vue depuis Bienvenue chez les Chtis de Dany Boon, sorti en 2008, chez qui la barre des 20 millions de spectateurs fut atteinte au bout d’une longue et éprouvante diffusion – le film était resté plus de 5 mois à l’affiche et détient le record d’entrées pour un film français.


Phénomène social qui puise ses racines dans une surmédiatisation logique et dans un bouche à oreille des plus flatteurs, la réussite du film s’explique aussi par la terrible conjoncture que la société française traverse depuis de longues années et que les français semblent vouloir oublier. Intouchables mise en effet sur l’optimisme inattendu d’une situation jugée dramatique en soi – dans le sens où personne ne pourrait contester son caractère dramatique – et qui se verra finalement surpasser par les bienfaits d’une morale toute aussi unanimement reconnue. Car en racontant l’histoire vraie de Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique richissime qui engage comme aide à domicile Abdel Sellou – renommé Driss pour l'occasion –, le film raconte avant tout l’histoire d’une rencontre imaginaire entre deux mondes fatalement opposés : celui des banlieues, rongé par l’échec social et culturel, et celui de la France d’en haut, celle qui vit dans les palaces, la musique classique et les jets privés. Et sous prétexte de la véracité d’une rencontre que les caméras de télévision avaient déjà présentée il y a quelques années dans un documentaire, le film de d’Eric Toledano et Olivier Nakache se pose en film social porteur d’une morale aussi simpliste qu’évidente : l’acception des différences et de la diversité. Mais quand la réalité du monde et de la société est écrasée par une vision aussi schizophrénique du lien social, du climat ambiant et des univers qu’il pense représenter, Intouchables devient lui-même la cible de sa propre morale puisque c’est exactement dans ce qu’il croit combattre qu’il se retrouve : le stéréotype.

A la recherche du cliché

Non content de disposer d’un synopsis particulièrement extraordinaire, Eric Toledano et Olivier Nakache profitent de ce merveilleux argument qu’est la fameuse phrase « inspiré d’une histoire vraie » pour déployer, à la moindre occasion, une pléthore de clichés qui font d’Intouchables un film autant fallacieux sur le sens qu’il donne aux actes que réducteur sur la manière dont il aborde les composantes de la société française. Pis, celui-ci semblent les justifier puisque c’est justement l’accumulation des extrêmes qui apparait comme la source évidente des situations présentées. Si le riche Philippe connait Vivaldi, Bach ou encore Chopin, Kool and the gang lui apparait forcément comme un mystère ; au contraire, Driss, l’homme de la rue qui distrait les riches en dansant sur de la musique rythmée– une séquence qui rappelle étonnamment celle de Vénus noire où une esclave noire danse, là aussi, pour distraire le blanc – semble profiter sans aucun scrupule de la richesse de son patron. C’est donc le caractère totalement sauvage du personnage de Driss qui justifie pleinement son embauche, et non son absence de compassion envers le malade – quoi de plus normal d’ailleurs ? – comme souhaite le souligner maladroitement la caméra des réalisateurs. Le sauvage est impoli ? Parfait, car c’est justement ce qu’on lui demande – d’être différent. Il a fait de la prison mais se permet de recadrer à la fois son frère qui vend évidemment de la drogue, la fille de Philippe qui ose lui parler mal et le voisin qui se gare sur un emplacement interdit ? Tant mieux, puisqu’il se réinsert en roulant à plus de 200 km/h sur le périphérique parisien. L’art contemporain ? Une farce qui se décrédibilise elle-même en faisant de la qualité d’une œuvre un indice avant tout quantitatif et non qualitatif. Les masseuses à domicile ? Forcément des putes – le mot provient du film. Les lesbiennes ? Des personnes à qui on doit serrer la main et non faire la bise. Et la liste est encore longue.

Sans être raciste comme le soulignent des critiques américains, Intouchables représente l’archétype parfait de cette fameuse reproduction cinématographique du déterminisme sociologique français. C’est d’ailleurs ce qui doit choquer les américains, puisque ces derniers ont depuis longtemps abandonné cette idée de produire une vision hallucinatoire des minorités sociales au profit d’une représentation bien plus réaliste de leur population. Mais en France, les clichés ont la vie dure.

L'émotion aux abonnés absents

Ne jugeons pas l’humour que le film déverse parfois jusqu’à satiété, tant cette faculté à arbitrer du bon ou mauvais humour semble peu évidente. Néanmoins, il parait évident qu’Intouchables privilégie trop souvent la succession de gags à l’évolution de son scénario qui fait, à de nombreux moments, du surplace. Certes, certains passages sont très réussis – notamment celui où les deux acolytes assistent à un opéra – mais l’inutilité de trop nombreuses scènes rappellent que le film est dépassé par les dramaturgies qu’il souhaite mettre en avant. Exemple parmi tant d’autres, la séquence qui voit Driss dévoiler une partie de son dur passé est exploitée d’une manière extrêmement maladroite, tant celle-ci ne sera sans aucune conséquence sur la manière dont le spectateur abordera par la suite le personnage: cette révélation qui n’en est finalement pas une n’apporte strictement rien au récit, malgré sa portée extrêmement symbolique. De plus, là où il aurait du être un moteur incroyable de réflexion sur le sujet complexe de la sexualité des handicapés, le film se contente de l’aborder d’une manière extrêmement brutale, pour ne pas dire ridicule : gags répétitifs, voire moqueurs, sur la sensibilité accentuée de certaines zones du corps humain auront raison d’un quelconque prolongement d’un sujet qui, pourtant, paraissait évident. Masturber l’handicapé – qui apparait à de nombreux moments comme une marionnette humaine complaisante – en lui touchant les oreilles semble être bien plus amusant pour le public français.

Intouchables nous rappelle alors que le rire est le meilleur canalisateur de la révolte. Quelle indignation possible face à cet incroyable excès de richesse qui frise l’amoralité ? Aucune, puisque c’est exactement cette richesse qui fait le bonheur des protagonistes de cette histoire fantasmatique, perverse et démagogique. Pendant ce temps, la crise frappe notre société comme jamais et le cinéma français qui se dit social et moralisateur ne laisse que peu de place à la réalité des choses: vu le succès d’un film qui ne conteste aucunement l’amoralité de l'injustice, notre pays souffre d’un déficit de représentation plus important que l'on aurait pensé. Intouchables a juste oublié que le cinéma ne peut se limiter à une succession de gags, aussi réussis soient-ils : pour cela, TF1 vidéo propose de nombreux spectacles d’humoristes en DVD.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Sam 10 Déc 2011, 16:19

:eheh:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Dunandan » Sam 10 Déc 2011, 17:56

Il faudrait que je le voie ce film, juste pour juger de sa morale douteuse sous-jacente (une vision de rêve d'une amitié entre deux classes diamétralement opposées, mais qui justement n'existe pas en fait), même si je n'aime pas avoir d'a priori en regardant un film, surtout une comédie (qui peut être un chouette paravent aux véritables problèmes).
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar osorojo » Lun 12 Déc 2011, 22:22

Ah, enfin un avis contraire. Faut que j'aille le voir, histoire d'avoir des billes quand j'en parle avec les gens qui l'ont adoré (quasiment tout le monde :/). Ca me fait penser au syndrome choriste ce film ..
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar ERNST STAVRO BLOFELD » Mer 21 Déc 2011, 00:46

Voilà une critique fort bien écrite mais terriblement exagérée qu'il me semble avoir lue au mot près dans Libération :nono:

Mais enfin pour une fois qu'on peut lire sur ce site une critique sans faute d'orthographe à chaque ligne, on pardonnera au journaliste cette méchanceté gratuite teintée de jalousie maladive due comme toujours au succès inattendu du film... Et c'est un confrère qui le dit.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Tyseah » Mer 21 Déc 2011, 01:19

Merci de ne pas généraliser.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Mer 21 Déc 2011, 02:01

ERNST STAVRO BLOFELD a écrit:Mais enfin pour une fois qu'on peut lire sur ce site une critique sans faute d'orthographe à chaque ligne


Si ça te fait tant mal aux yeux tu peux te casser aussi t'en fais pas. :eheh:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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