Bon Voyage |
Grand Cru |
9/10 |
On est en 1940, la France est en partie envahie par l’Allemagne nazie, et la ville la plus libre de la patrie est bordeaux, où le gouvernement se délocalise. Attention, ce n’est pas un film de guerre, non. On est ici devant un film choral (terme que je conchie par ailleurs), dans lequel tout un petit monde va se rencontrer et se croiser, sur fond d’affaires de cœurs et d’espionnage.
L’une des grandes forces du film, c’est son casting et ses personnages, fort bien dirigé et écrits par le rare Rappeneau.
Grégori Dérangère fait preuve d’une aisance assez bluffante dans ce rôle d’écrivain, l’un des ses premiers grands rôles au cinéma. C’est lui qui va être au centre de l’histoire et permettre à tout ce petit monde de s’organiser. Isabelle Adjani campe une actrice maipulatrice tiraillée entre son premier amour et un ministre, une composition qui lui va comme un gant. C’est Gérard Depardieu, avec tout son poids et son talent, qui interprète ce ministre, dans ce qui est l’un de ses meilleurs rôles e ces dernières années. On y croise aussi Yvan Attal, petit gangster gouailleur constamment à l’affut d’un bon coup, ou Virginie Ledoyen, qui restera malheureusement toujours limitée dans son jeu mais qui colle parfaitement à son rôle d’étudiante obstinée.
On sent que Rappeneau aime ses personnages et qu'aucun n'est mis de côté. La preuve, les seconds rôles sont tout aussi bien écrits et interprétés, notamment par Michel Vuillermoz, Peter Coyote ou encore Xavier de Guillebon.
Un petit mot sur Bordeaux aussi, personnage à part entière et catalyseur de cette intrigue, superbement filmée. Tourné sur place, j’y ai même reconnu certaines rues et bâtiments situés non loin de mon ancien appart’.
Dans ce film sans temps mort, la mise en scène est primordiale. Elle colle parfaitement au sujet en étant vive et précise. Elle apporte réellement du rythme au film, comme en témoigne la scène de l’hôtel, une scène longue mais d’une fluidité incroyable dans laquelle le mot "répit" n’a pas sa place. Les dialogues y sont aussi pour beaucoup, la plupart du temps percutants, parfois drôles, parfois touchants. Le scénario, astucieux, se laisse suivre avec intérêt, mêlant quiproquos et poursuites, divertissement et pointe dramatique.
On pourra bien sûr trouver à redire sur l’enchainement rocambolesque de certaines scènes, ou encore sur les dernières minutes qui peuvent nous laisser sur notre faim. Mais c’est bien peu face à l’enthousiasme que procure ce film. Un voyage a faire sans hésiter.