Enemy At The Gates (Stalingrad) de Jean-Jacques Annaud
(2001)
A l'époque où Jean-Jacques Annaud faisait encore des bons films, il réalisait
Enemy At The Gates, film de guerre ambitieux sur un épisode de la Seconde Guerre Mondiale finalement trop méconnu du public occidental, à savoir la bataille de Stalingrad, de loin la plus meurtrière et la plus intéressante du conflit. Doté d'une atmosphère bien particulière qui sera maintes fois copiées par la suite, le film oppose deux tireurs d'élite de deux nations différentes pour proposer des séquences de sniper visuellement réussies et terriblement prenantes. Annaud se révèle en bien très inspiré concernant ces scènes, fourmillant de petites idées qui font toute la différence (utilisation de miroir, de leurres et l'architecture particulière des bâtiments presque totalement détruits, et livre des séquences dantesques comme cette fabuleuse arrivée à Stalingrad (le plan qui révèle la ville est tout simplement grandiose) ou encore une scène d'amour intimiste érotique à souhait (d'ailleurs Annaud doit réellement aimer tourner ce genre de scènes, entre
L'Amant et
The Name Of The Rose il y a de quoi contenter la rétine). Si le scénario accuse de quelques défauts (opposition entre Law et Fiennes pas assez mise en avant, nazis souvent caricaturés, etc...) il reste un modèle du genre, avec un fond recherché notamment sur la désillusion de ce que peut proposer le système d'une nation. A ce titre, le personnage de Joseph Fiennes (dommage que cet acteur soit si rare) est clairement le plus intéressant du métrage. Jude Law, c'est pas toujours ça, mais ici il se débrouille de façon plutôt admirable et fait croire à son personnage, quand à Ed Harris, il campe un sniper nazi terriblement charismatique. Du très bon film de guerre donc qui vieillit très très bien, dommage qu'Annaud se soit perdu ces dernières années : c'était clairement un réalisateur honnête et convaincant.
NOTE : 8/10