Hellboy 2 The Golden Army (Hellboy 2 Les Légions d'Or Maudites) de Guillermo Del Toro
(2008)
Après un premier opus qui se révèle être plus une mise en bouche qu'autre chose afin de poser des bases solides pour la suite, Guillermo Del Toro livre avec
Helloy 2 The Golden Army un objet filmique fascinant et plus complexe qu'il ne le laisse paraître. Avec l'accord de Mike Mignola, Del Toro décide d'écrire lui-même la suite des aventures de l'anti-héros sauveur du monde, ce qui permet d'évacuer presque totalement le côté glauque du comics qui faisait grandement défaut au premier film (la faute à un studio un peu trop gênant sur la censure) et de poser un univers qui correspond bien plus à l'univers du réalisateur. Exit le steampunk, place à l'héroïc-fantasy dans une de ses démonstrations la plus brillante (certainement la plus belle vue depuis la trilogie de Peter Jackson et qui dégoûte un peu du fait que Del Toro ait quitté
The Hobbit), elfes, trolls, fées, on a droit à un bestiaire des plus variés. Le film a même tendance à se rapprocher bien plus du
Labyrinthe de Pan que du premier
Hellboy avec des CGI presque totalement absents (sauf pour la Légion d'Or et le géant de pierre), ce qui donne une touche authentique à cet univers qui se déploie véritablement devant nos yeux et où l'immersion est totale. La scène du marché troll est une réussite complète, ou comment refaire la scène de la cantina de
Star Wars avec une réalisation qui dépasse de très très loin le travail de Lucas. La mise en scène de Del Toro est d'ailleurs l'un des grands atouts du film, avec une stylisation de chaque mouvement et des combats totalement lisibles (le duel final est remarquable, c'était pourtant pas évident avec un décor en mouvement) et épiques.
Quand au scénario, il se révèle bien plus complexe que celui de premier opus, avec un travail approfondi pour les personnages marquants (le bad guy est cette fois totalement crédible dans ses intentions contrairement à Raspoutine) et une prédiction étonnante qui laisse prévoir un hypothétique troisième opus magnifique. Là où
Hellboy premier du nom se permettait des personnages secondaires traités en surface,
Hellboy 2 The Golden Army remet les pendules à l'heure en améliorant la relation Liz/Hellboy, en donnant un rôle plus conséquent à Abe (qui a droit à une scène musicale très émouvante et une histoire d'amour tragique) et surtout en donnant au bad guy (un elfe philosophe adepte des arts martiaux) ses lettres de noblesse. Non seulement son charisme est total (aussi bien sur les combats que sur les dialogues) mais il se révèle être le personnage le plus intéressant du film, cherchant à préserver son peuple face à la bêtise humaine (ses dernières paroles ont de quoi clairement remettre en question les actes d'Hellboy) et prêt à tout pour y arriver, sacrifiant aussi bien des êtres ancestraux (séquence tout bonnement sublime) que sa propre famille. Del Toro se permet même quelques risques qu'il relève haut la main avec notamment une introduction animée du plus bel effet (totalement pompée dans l'avant-dernier Harry Potter d'ailleurs) et le remplacement pur et simple du personnage de Myers par Johann Kraus, scaphandre allemand parlant qui se révèle être un protagoniste à la fois utile et attachant. Si Del Toro ne réalise pas là son meilleur film, il livre cependant l'une des meilleures adaptations de comics qui soit, rivalisant même avec le
Watchmen de Snyder et les Spider-Man de Raimi, une réussite presque totale qui donnerait envie de se mettre à genoux pour supplier un dernier épisode mettant en scène le singe rouge, il y aurait de quoi là livrer un petit bijou. Croisons les doigts et attendons.
NOTE : 8,5/10