Atonement (Reviens-Moi) de Joe Wright
(2007)
Après un
Pride and Prejudice qui se révélait être, malgré son apparence très classique, un film surprenant, Joe Wright revient avec
Atonement, second long-métrage qui finalement partage le même paradoxe que le premier, à savoir souffrir d'une image assez banale (énième drame romantique lacrymal sur fond de Seconde Guerre Mondiale ayant pour but de faire tomber les Oscars et autres récompenses) pour proposer contre toute attente un spectacle étonnant et pouvant plaire à n'importe qui, du spectateur lambda au cinéphile averti. Le film reste d'ailleurs l'une des plus belles surprises que l'on ait pu voir durant l'année 2008 (qui reste encore à l'heure actuelle ma plus belle année cinéphilique), arrivant à convaincre autant par son récit prenant que par sa mise en scène superbe. Là où beaucoup attendaient une histoire d'amour où deux amants séparés se retrouveraient malgré tout les obstacles,
Atonement propose quelque chose de bien plus construit et surtout de bien plus original. Ainsi, on se surprend à se rendre compte que aucune des deux têtes d'affiche qui composent le couple principal n'est véritablement le sujet du film, celui-ci étant basé avant tout sur le personnage de Briony, jeune fille aux intentions jamais réellement mauvaises mais qui sera la clé d'une réaction en chaîne terrible et aux répercussions dramatiques.
On se retrouve donc devant un récit chapitré qui nous emmène de façon surprenante dans la campagne anglaise avant la guerre, sur les champs de bataille du nord de la France ainsi que dans un Londres assiégé pour finir de façon bouleversante de nos jours sur un plateau de télévision. Le scénario, adaptation d'un roman à succès de la littérature anglaise, est clairement l'un des gros points forts du film, déstabilisant son spectateur jusqu'à la dernière minute puisque s'éloignant de tout ce qui a pu se faire dans le genre. La totalité des personnages sont traités de façon très crédible et la plupart se révèlent très intéressant psychologiquement, mention spéciale au personnage de James McAvoy, jeune homme venant d'un milieu modeste et qui finira trahi par la famille qui l'aura aidé à tenter d'accéder à ses rêves, et surtout à Briony, certainement le protagoniste le plus intéressant de l'histoire de par la puissance scénaristique qui repose sur ses épaules.
Au service d'une telle histoire, il aurait été dommage que la mise en scène se révèle banale. Il n'en est rien heureusement. Dans
Pride and Prejudice, Joe Wright dévoilait déjà un certain amour pour les plans-séquences compliqués et les cadres travaillés. Dans
Atonement, il livre là ce qui reste encore à l'heure actuelle comme son plus beau travail de mise en scène, entre un montage travaillé de façon minutieuse (les nombreux raccords liés au son, idée géniale qui permet au film de conserver un certain sens du rythme), des plans de toute beauté (les passages en bord de mer ou encore ce superbe plan de McAvoy posant devant un écran de cinéma) et surtout le fameux plans-séquence de la plage, clairement l'un des plans les plus monstrueux de l'histoire du cinéma, rien que ça. Non seulement le plans est techniquement irréprochable (plus de six minutes sans coupe, des mouvements compliqués et une synchronisation minutieuse avec les sujets filmés) mais surtout il dépeint avec une puissance inégalée le constat horrible de ce que peut provoquer une guerre perdue chez les êtres humains.
Quand à la musique du film, signée Dario Marianelli, auteur de la superbe bande-originale de
V For Vendetta, elle se révèle être non seulement l'un des points forts du métrage mais est aussi sans aucun doute l'une des plus belles bande-son de ces dernières années, notamment grâce à plusieurs idées géniales (l'incorporation d'une machine à écrire dans les instruments) et à un puissant lyrisme omniprésent. Enfin, la totalité du casting est tout simplement irréprochable. Si Keira Knightley ne surprend guère, ce sont James McAvoy (qui trouve là son plus grand rôle, il suffit de voir la scène de la découverte du massacre des écolières pour s'en convaincre) et Saoirse Ronan (qui prouvera plusieurs fois par la suite son talent certain) qui tirent habilement leur épingle du jeu. Si
Atonement peut repousser par sa coquille extérieure, il serait dommage de passer devant l'un des meilleurs films de la fin de la décennie passée. Clairement l'un des plus grands drames romantiques jamais réalisés.
NOTE : 8,5/10