[REC] de Jaume Balaguero & Paco Plaza
(2007)
Clairement l'un des films d'horreur majeurs de la première décennie 00's, un petit bijou espagnol (qui prouve encore une fois que le genre peut être renouvelé) parti de rien et qui a finalement pu se construire une forte réputation avec les ovations aux premières projections publiques (notamment à celle de Gerardmer, où il remporta le prix du public ainsi que celui du jury) ainsi qu'avec une bande-annonce étonnante pour l'époque où l'on pouvait voir la réaction du public-test grâce à une caméra infra-rouge. Une idée toute bête mais qui fera une promotion du tonnerre pour ce film qui le mérite amplement, tout le contraire des films qui, quelques années plus tard, ont copié le procédé sans le talent qui allait avec (
Paranormal Activity est, bien entendu, visé).
[REC], c'est aussi un moment de terreur véritablement prenant. La première vision du film en salles reste pour moi l'un des moments les plus terrifiants que j'ai pu passer dans une salle obscure. Alors certes, le film perd de son impact lors des visions suivantes (la surprise jouant un très grand rôle dans le travail de Jaume Balaguero) mais il reste néanmoins une technique où la subtilité dissimule un énorme travail scénaristique. A première vue, le film ne paraît clairement pas original, le pitch étant plus ou moins emprunté aux premiers opus de la saga vidéoludique Resident Evil (d'ailleurs, je pense très fortement que Balaguero est un grand fan de jeux vidéo, lui qui insufflait déjà dans ses premiers films quelques références à Silent Hill et qui continuera à s'inspirer de Resident Evil avec
[REC]2), mais pourtant
[REC] est certainement l'un des films d'horreur les plus travaillés de ces dernières années, se démarquant de toutes les productions du genre créées précédemment.
Bien entendu, beaucoup ont évoqués
The Blair Witch Project avant la sortie du film, mais là où ce dernier jouait plus sur l'ambiance qu'autre chose (ce qui faisait à la fois sa force et sa faiblesse),
[REC] se veut bien plus cinématographique sur la forme, la caméra ne bougeant jamais pour rien et se permettant même des plans-séquences très impressionnants (celui faisant la liaison entre le camion de pompier et l’appartement de la vieille femme a de quoi étonner les sceptiques de la caméra-épaule) où la vue subjective rappelle au spectateur que la peur peut venir de n'importe où et ce, malgré l'architecture assez limitée en terme d'espace de l'immeuble où se déroule 90% du film. Les moments chocs sont nombreux (la chute du pompier c'était sacrément flippant en salles), le scénario, malgré son côté limité (Balaguero préférant procurer des sensations plutôt que de raconter une histoire et tout ce qui s'y implique) se révèle vraiment prenant et les quinze dernières minutes (à partir du moment où les deux héros recherchent les clés) sont clairement ce qui a pu se faire de mieux en terme de cinéma d'horreur en vue subjective (le passage en vision nocturne reste un sacré morceau de sensations), le travail de Balaguero (technique irréprochable) se mêlant parfaitement au travail de Paco Plaza (l'ambiance très malsaine qui se dégage du dernier appartement) pour un résultat qui mérite de figurer parmi les plus grandes réussites du cinéma d'horreur mondial. Un must pour les fans du genre.
NOTE : 8/10