Le Guet-Apens de Sam Peckinpah
Un scénario parfaitement huilé, un récit implacable, la tension est palpable de bout en bout dans ce polar haut de gamme, Peckinpah délivre ici certainement son film le plus sec, nerveux et le plus inspiré en terme de mise en scène (enfin des 3 que j’ai vu pour l’instant )
The Gateway regorge d’idées de mise en scène, l’introduction quasi muette est un modèle de montage le son des machines à tisser rythme les images de sa dulcinée, l’univers carcéral dépeint parfaitement en quelques images : labeur, douche, ennui, occupations futiles et surtout le rêve de liberté symbolisé par les cerfs sur le territoire pénitencier. On sent que Steve MCqueen tout en jeu intériorisé est à deux doigts de péter un câble.
Grâce à une remise de peine, s’en suit un bol d’air frais ou McQueen rêve en flash foward de baignade, tout le récit est un modèle de concision, les acteurs semble sous jouer, les dialogues sont réduit au minimum syndical, cela permet de garder une ambiguïté (cher à Penckipah) durant tout le film sur la relation de ce couple qui se cherche, ils se haïssant et s’aiment tout en voulant leur part du butin, associé à une violence sèche et brutale cela donne cocktail détonnant.
Une partie de la réussite du film proviendrait de Steve McQueen officiant en tant que producteur, il a imposé le montage à Peckinpah ainsi que la brillante musique de Quincy Jones suave et expérimentale donnant du peps au film. Parfois un cinéaste a besoin d’être restreint pour donner le meilleur lui-même, le film est l'exemple parfait du polar efficace (pas étonnant que cela soit le plus grand succès du réalisateur) qui a influencé bon nombre de cinéaste du case millimétré (Mann), à la benne à ordure (pompé par Lucas) en passant par les poursuites et fusillades parfaitement orchestrés, notamment les ralentis explosifs au shotgun (Woo et Tarantino.)
Steve McQueen porte sur ces épaules tout en sueur et décontraction les désaccords d’un couple, Ali MacGraw beauté froide ne fait pas le poids tel une Isabelle Lucas son jeu est extrêmement limité et empêche quelques scènes clés de véritablement décoller bien que le couple fonctionne à l’écran. Dommage car pour une fois le côté misogyne de Peckinpah délivre des scènes vraiment cocasses (McQueen délivre un bon quota de baffes ) avec un retournement de couple comique venant apporter un peu de légèreté au film qui perdure jusqu’à son final.
The Gateway ou quand le polar de commande cadenassé donne le meilleur de son réalisateur
8.5/10