Le Stratège de Bennett Miller
Moneyball représente l'antithèse l'enfer du dimanche une parabole d'un sport qui prend son temps avec un traitement anti-spectaculaire au possible puisque l'on ne suit que le manager de l'équipe en coulisse un responsable qui fait tout sauf s’intéresser au baseball, vadrouille en voiture, séance de gym. Le partis pris de ne se focaliser durant 2 heures sur un véhicule pour Brad Pitt fait l'originalité du film, le héros évite à tout pris de subir la pression des matchs tout en étant incapable de ne pas écouter des brides du match à la radio. Le beau contraste du film ce qu'il y a de plus réussit avec sa furtive relation avec sa fille qui aurait mérité une plus grande place.
Le reste n'est que chiffres, statistiques, résultats, une succès story basé sur un code mathématique, une déshumanisation d'un sport, on ne connait aucun joueur et on peut tous les remplacer aussi facilement qu'on le veut, du coup ça nous évite de nous coltiner des matchs d'un sport dont le succès a toujours été une énigme à mes yeux. Le problème du film c'est qu'il se résume à Brad Pitt qui déambule dans les couloirs ou reste assis à mâcher, cracher sur sa chaise tout en discutant avec un Jonah Hill monolithique, au début ça fonctionne avec quelques bons dialogues présentant un manager qui veut faire bouger les lignes et les vieilles habitudes d'un système, d'un sport puis lorsque l'équipe est au bord du gouffre, Pitt force ses piques de colères et on voit très bien ou le schéma du coup poker impossible archi éculé va nous amener mais le retournement en record historique du sport est tellement rapide et improbable qu'on se demande comment ça a pu se passer.
Pour le coup le baseball est vraiment un sport à part car avec une équipe de bras cassé que l'on fait jouer à n'importe quel poste en leur donnant des sodas gratuits, un peu d’encouragement pour au final tous les remplacer en 10 minutes top chrono au téléphone en pleine saison on arrive en finale, le genre de retournement impossible dans n'importe quel autre sport d'équipe de haut niveau. Du coup l'approche de Soderbergh qui devait réaliser le film aurait été bien plus intéressant voulant intégrer des interview des membres de l'équipe et proches du manager pour nous faire comprendre ce miracle, là ici tout va trop vite on nous raconte la saison en accéléré juste en nous montrant le classement évoluer ... ok où sont les petits détails humain qui ont permis le déclic, à tous ces joueurs lambda ou sous estimé de sortir de grosses performances, ça on le voit jamais à l'écran.
Le film reste aussi humble, sobre que fade, une facture classique bien enrobé par la belle photo de Wally Pfister comme Philip Seymour Hoffman on se demande ce qu'on fait là et quel est l’intérêt cinématographique de cette histoire traité sous cet angle même si la fin celle d'un manager reste attaché à son équipe malgré la défaite et le gros chèque sous le nez est belle mais comme Brad Pitt on reste totalement détaché de ce qu'il se passe durant toute la longueur du film.
5/10