Shame de Steve McQueen
Pour son second film Steve McQueen traite frontalement un sujet rare celui de l’addiction sexuelle, pour la seconde fois il repose tout son film sur les épaules du plus grand acteur en activité qu’il a lui-même révélé : Michael Fassbender. Le plan d’ouverture, l’acteur allongé sur son lit plante le décor new-yorkais d’une dépendance d’un homme souffrant entre manque et dégout de soi. Steve McQueen laisse l’acteur divaguer dans un montage intelligent procurant le malaise envahit par les visages et les bruits de désirs simulés ou non.
La direction d’acteur est magistrale Fassbender est aussi pathétique qu’attachant en prédateur qui accumule les relations sans lendemain uniquement pour satisfaire sa toxicomanie. Ses relations avec ses proches donnent toutes les meilleures scènes du film : son patron lourd dans tous les sens du terme parfaitement interprété par James Badge Dale un miracle, sa sœur campé par Carey Mulligan denouveau épatante cette année avec Never let me go, véritable poids ambulant qu’il fuit en jogging nocturne dans un travelling latéral et surtout sa collègue incarné par la vintage Nicole Beharie avec qui l’alchimie marche parfaitement, seul moment où l’on voit un homme friable, vulnérable, tendre à moins que cela soit une énième ruse de chasseur.
Steve McQueen évite de ses erreurs de jeunesse, il ne se regarde plus filmer, sa caméra est toujours placé judicieusement, formellement du thème principal aux cadres recherchés Steve McQueen emballe bien son produit les longueurs sont ici toujours utiles et lorsqu’on s’attend à ce qu’il aille plus loin comme dans le crescendo final, il surprend en coupant sec, laissant sa caméra flotté au-dessus des corps alterné par le regard désespéré de Fassbender, un signe de maturité. Après une dernière nuit de débauche, le plan final est d’une belle ambiguïté Steve McQueen laissant le spectateur décider de la résolution de ce cercle vicieux.
En erreur mineures on notera l’interprétation suave de New-york New-york de Carey Mulligan fait de son mieux mais la scène traine trop en longueur et la durée du film qui l’empêche d’être définitivement marquant, au vu du sujet Steve McQueen lance des pistes qu’il n’explore finalement pas, on pense aux conséquences de la découverte du contenu de son ordinateur qui n’aboutit à rien ou sa romance avec sa collègue dont le potentiel semble tout juste effleuré. Bien que Steve McQueen ait fait le tour de son sujet, il y a avait là matière à rajouter du piquant, personnellement j’aurais aimé que cela soit approfondit.
8.5/10