Transformers :
La face cachée de la lune
de Michael Bay
avec Shia LaBeouf, Rosie Huntington-Whiteley, Josh Duhamel, Patrick Dempsey, John Turturo, John Malkovich, Frances McDormand
(2011)
8,5/10
Transformers : la face cachée de la lune fut pour moi une belle surprise, car je m’attendais simplement à un blockbuster fun, décomplexé et divertissant comme c’était le cas pour le premier opus, mais cette fois Michael Bay réussit à me surprendre en proposant un vrai film d’action qui bascule inexorablement vers le film de guerre, offrant une immersion totale et oppressante au cœur du chaos. Un film assurément plus sombre et violent que les précédents épisodes.
J’ai adoré cette introduction à base d’images d’archives qui relient l’intrigue du film à la grande Histoire donnant à ce scénario très basique « sauver le monde » une dimension et un contexte historique. C’est un bien sympathique clin d’œil en forme d’hommage que fait Michael Bay, à la conquête spatiale américaine qui vient de fermer une page de son épopée avec le dernier vol d’Atlantis. La première partie du film est construite comme une enquête autour du mystère de la Lune qui révèle de nombreux rebondissements et bien des surprises. Un parti pris qui m’a beaucoup plus.
Puis progressivement l’intrigue prend une dimension humaine et s’axe sur les difficultés de Sam à trouver sa place dans la société. Ce n’est pas la partie la plus subtile, ni la plus palpitante du film, mais j’ai trouvé qu’il y avait, de la part de Bay, une vision très caustique et acerbe du monde du travail et de nos sociétés dans lesquelles la réussite professionnelle est la seule qui compte. Mention spéciale au patron farfelu interprété par un John Malkovich en grande forme. Le réalisateur égratigne également son personnage principal, Sam, ce gars ordinaire, très sympathique qui a sauvé deux fois le monde et geint de ne pas être reconnu à sa juste valeur. Il a pris goût à la gloire et à la célébrité et pour la retrouver il est prêt à toutes les extrémités au mépris du danger, pour lui-même et les autres. Bien moins une question d’héroïsme que de lumière des projecteurs, un peu comme ces hommes et ces femmes devenus « célèbres » grâce à la télé-réalité et qui ont besoin du regard de la caméra et de la reconnaissance d’autrui pour exister. A cette partie du film plus orientée sur la vie de Sam, s’ajoute une touche de romance et un zest d’humour immature. L’humour « teen-movie » qui était trop omniprésent dans le deuxième opus, se fait plus discret, moins irritant et c’est tant mieux. La romance est légèrement plus mature et bien mieux intégrée au scénario, car cette sous intrigue basée sur la rivalité entre Sam et Dylan à réellement une utilité. D’ailleurs, j’ai bien aimé le contre-emploi de Patrick Dempsey qui se cantonnais jusqu'à présent aux rôles de monsieur parfait. Je le trouve excellent dans le rôle de Dylan. Dans les deux précédents opus, la romance n’était que digressions agaçantes dont l’unique but était de montrer la plastique de Megan Fox pour appâter le public masculin dans les salles.
Le maître des films à effets spéciaux parvient encore à nous époustoufler, s’appuyant sur une 3D qui amplifie le côté immersif dans ce spectacle de désolation et de destruction massive, sans pour autant masquer la luminosité. On sentirait presque le souffle des flammes, l’odeur de cendres des habitants de Chicago désintégrés par les Decepticons, ainsi que la poussière qui envahit l’écran. Les robots paraissent comme toujours, plus vrais que nature. Il y a des scènes magnifiques de transformations, de combats et puis cette vision rageuse, hallucinante d’un Mégatron décrépi et gangréné absolument géniale. Les bruitages aussi sont exceptionnels, notamment ceux de ce vers robotique qui déchiquette et lacère un immeuble, ceux des combats aériens ou encore ce sentiment d’apnée qui nous envahit lors des chutes libres de soldats qui plongent vers Chicago assiégée. Michael Bay nous offre un spectacle final de guerre urbaine dantesque et quasi hypnotisant. Certains esprits chagrins reprocheront le patriotisme de soldats américains toujours prêts aux plus grands sacrifices pour leur nation, dans les films US. Franchement, ce n’est pas nouveau, c’est même quasiment un cliché et une constante quand il y a des soldats à l’écran et je m’en moque complètement. Les Américains ont le patriotisme à fleur de peau et les Français le chauvinisme : à chacun son bastion…Enfin, j’ai trouvé le montage de ce dernier épisode limpide, lisible et vraiment réussi par rapport aux deux épisodes précédents.
De ce film je n’attendais qu’un grand spectacle comme Michael Bay en a le secret, j’ai eu en prime une histoire intéressante, une bouffée de nostalgie spatiale et un climax d’anthologie. Mission accomplie pour Bay qui parvient à relancer une franchise qui était sur la mauvaise pente après un deuxième épisode décevant.