Immortals de Tarsem Singh
Théseus vit dans un paisible village jusqu’à ce que les siens soient massacrés par le vil roi Hypérion. Après que l’oracle ait vu en lui toute l’étoffe pour mener la résistance, Théseus va donc prendre son destin en main.
Sous le regard des Dieux de l’olympe.Sans cette dernière note d’intention (j’y reviendrai), le synopsis serait d’une affligeante banalité. Autant balayer tout de suite un élément : Tarsem et les scénaristes n’ont clairement pas d’intérêt pour la mythologie. Il ne s’agit ici que d’un prétexte. Et étant donné la nature du film, ce n’est peut-être pas plus mal.
Quitte à ne rien respecter, autant se faire plaisir.
Malheureusement les personnages et leur passé sont sacrifiés. Il y a eu beaucoup de coupes dans le développement des personnages et dans la relation Theseus/Hyperion. Cela se sent et c’est dommage car du coup toute émotion est balayée du film et le film demeure un simple divertissement, un enchaînement de scènes spectaculaires/bravoure et c’est ce qui empêche Immortals d’être un excellent film.
Car oui, après ces handicaps énoncés, il faut rendre à Tarsem ce qui appartient à toutes ses influences.
Le film est visuellement fabuleux. Chaque cadrage est millimétré, pensé, impeccable. Ce serait être de mauvaise fois que de dire le contraire.
A ce titre, ayant vu le film dans une 3d inutile (qui joue même contre le film), je conseille véritablement de voir le film en 2d (ce que je vais essayer de faire dans un futur proche) tout simplement parce qu’il a été pensé ainsi et qu’une peinture est en 2d, point.
Le film se démarque d’abord par sa volonté de proposer des peintures en mouvements. Ainsi, il n’y a aucune caméra à l’épaule mais des plans fixes ou des lents travellings.
Enfin dans un film Hollywoodien de cette décennie peut on profiter de ce qui est à l’écran.
Ce refus de sur découper le film est un des éléments rendant le film si attractif. Le premier affrontement de Théseus dans le village est en ce sens un très bel exemple.
Certains plans (pas tous bien sur) sont d’un extraordinaire beauté et provoquent toute une série d’émerveillement (le premier plan sur Athéna en est premier exemple)
Car la bande annonce n’est absolument pas représentative du film. Mais vraiment pas.
Toutes les surprises visuelles sont dans le film.
Mais ce qui rend Immortals si attractif est le rôle « cinématographique » des Dieux. Et qui font par la même du long métrage un vrai film de cinéma. Soyons clair : à chaque fois qu’ils interviennent, on trépigne d’impatience de voir la suite de leurs actions tant ils sont prétextes aux délires visuels de Tarsem, créant des séquences véritablement impressionnantes et stimulantes.
Le film surprend par sa violence exacerbée, à une période où Hollywood ne jure que par le PG 13. Ce n’est pas un critère de qualité bien sur, mais cela montre qu’il y a eu une véritable intention artistique derrière. Contrairement à 300 (auquel il est facile de le comparer), qui pour moi se résumait à des mecs qui se font décapiter au ralenti et à un acteur principal qui beugle, Immortals se démarque par sa « variété dans l’esthétisme» et sa tension dramatique.
Le film a donc les défauts énumérés plus hauts mais il a un truc vraiment unique qui pour moi le hisse directement dans la liste des films à voir. Qu’on l’aime ou pas, on ressort d’Immortals en ayant vu 2 scènes de combat absolument mémorables. D’une beauté à couper le souffle, qui provoquent une excitation ou un enthousiasme que je n’avais pas eu depuis très longtemps. Pas besoin d’en dire plus mais le film a donc deux scènes qui font qu’on se souviendra longtemps du film, et¸ ça, ce n’est pas rien.
Le film fonctionne une fois qu’on a compris que les personnages ne seront pas développés. Mais plus le film avance, plus on l’apprécie. A ce titre, la dernière demi heure est remarquable, tant visuellement que dramatiquement. C’est pour cette partie que je parlais de tension dramatique plus haut : une véritable poussée d’adrénaline qui a elle seule vaut le détour.
Tarsem est un mauvais directeur d’acteurs (a ce titre, The Fall était honteux). Heureusement pour lui, les acteurs sont tous formidables, Mickey Rourke et Luke Evans en tête (le premier pour sa monstruosité et le second pour son énorme charisme à chaque fois qu’il apparaît). Et pour une fois, le casting jeune et tendance pour les Dieux fonctionne à merveille et se révèle une des meilleures idées.
J’ai du mal à être objectif sur le film pour des raisons personnelles mais le film possède de nombreuses qualités indéniables. C’est assez rare de voir un film qui surprend à ce point. Pas scénaristique ment, (tout est cousu de fil blanc) mais à un niveau plus abstrait.
Pour moi, le cinéma est avant tout une recherche de sensations, quelles qu’elles soient. Et en ce sens Immortals remplit le contrat haut la main.
7/10