L'Homme qui Tua Liberty Valance John Ford - 1962
"When the legend becomes fact, print the legend! " LE dernier grand western classique avant la déferlante Peckinpah/Leone qui brisera les codes chère au western classique, c'est le Ford que je préfère même si je reconnais que formellement
La Prisonnière du Désert est son meilleur film, je préfère ce Liberty Valance et sa démythification de la légende et sur sa représentation dans l'imaginaire collectif.
Sur une thématique classique entre le vieille ouest et la nouvelle civilisation ( bon c'est pas encore du western crépusculaire pour autant ), Ford nous livre une nouvelle fois une vision romanesque du far west, le film est avant tout la confrontation entre 2 "bons" car oui toute la partie centrale du film c'est la confrontation entre Wayne et Stewart, 2 hommes foncièrement bon aux mentalités totalement différentes l'un qui veut "civilisé" le far west et un autre qui rend justice à l'ancienne, on tire avant et on réfléchit après, en fait Wayne se rapproche plus du perso de Marvin que celui de Stewart, il aime les concours de bite où on sort son gun pour un steak par terre, on sent qu'il est à l'aise dans cet univers. Lee Marvin servant surtout de ressort scénaristique ( on entend plus parler qu'on le voit et le c'est du méchant très caricaturale ), on suit donc la fin d'une époque ( le vieille ouest ) avec une certaine mélancolie et même un coté sombre. En plus de la question de la justice les 2 hommes se battront pour la même femme.
La construction en flashback ( vu que Kurosawa est passé par là on a même le droit à un double flashback très réussit ) est très réussit et plutôt pertinente car elle apporte encore plus de nostalgie au personnage de Stewart ( quel dernier plan !! ), l'intro est donc ainsi énigmatique (qui enterre t'on ? et pourquoi un sénateur se déplace ?) et le twist fonctionne à la perfection, le tout remettant en question ce qu'on a vu avant, Ford pour peut être la seule fois de sa carrière à manipuler son spectateur.
"You talk too much, think too much. Besides, YOU didn't kill Liberty Valance. "
Ford emballe le tout avec son classicisme légendaire et un N/B somptueux ( et j'adore ce plan avec Wayne dans l'obscurité qui allume son cigare, influence de True Grit surement ), alors j'ai pas trouvé beaucoup de séquence à retenir, ça repose surtout sur les acteurs qui prennent tellement bien l'écran que la réalisation invisible n'est pas un soucis, on retiendra surtout la première scène entre Marvin et Wayne, pleine de tension, la scène nocturne où le journaliste se fait tabasser ( Ford joue bien avec nous lors de cette scène en faisant arriver Marvin le plus tard possible ) et puis le duel final qu'on verra sous 2 angles différent, d'ailleurs quand ce climax arrive me dit mouais y reste 25 minutes de films ça va être chaud de me captiver puis lors du meeting politique je me demandais où Ford voulait en venir mais ça prend tout son sens avec la dernière scène entre Wayne et Stewart et pose une vrai question sur les légendes de l'ouest ( l'usurpateur est glorifié et le héros meurt dans l'oubli ), de qui sont les vrai héros ( la question reste en suspens après la vision, es ce Stewart qui a eu le courage d'aller au devant d'une mort certaine ou es ce Wayne qui s'effacera pour laisser la place à son rival ) et la légitimation de la violence.
Le casting est porté par un impeccable James Stewart ( le contraire aurait été surprenant ) en chipotant un peu par contre il est trop vieux pour le personnage je pense, John Wayne fait du John Wayne ( donc niveau charisme ça se pose là ) ni plus ni moins mais ici il n'en fait pas trop et ne tire pas la corde à lui et il arrive même à être touchant dans son rôle de cow boy las et désabusé, c'est pas le héros et il sait rester en retrait (chose qu'il aurait pas accepter avec beaucoup de réal mais avec John Ford pas de problème) et il a la punchline facile : "Hey, pilgrim! You forgot your pop-gun! ".
Vera Miles est pas soulante (mais pas inoubliable) et la petite love story est traité sans lourdeur appréciable et le personnage est même traité subtilement, dans le second rôle on reconnait Woody Strode et Lee Van Cleef, Andy Devine en shérif trouillard amène une petite touche humoristique sympathique et John Carradine ( le père de ) a une courte scène mais toute son éloquence nous frappe vraiment mais le film est surtout à voir pour la prestation magnétique de Lee Marvin, une nouvelle fois il vole la vedette à tout le monde et ce en très peu de scène (la marque des grands).
Le film idéal pour découvrir le cinéma de Ford à mon avis, un cinéaste essentiel à la filmo impressionnante.
Un beau western tout simplement annonciateur du Impitoyable de Clint.
"Nothing's too good for the man who shot Liberty Valance. "
9/10