par Scalp » Lun 02 Mai 2011, 17:40
8/10
The Duellist de Ridley Scott - 1977
Ca SPOIL un tout petit peu.
"We came here to kill each other. Any ground is suitable for that."
Sacré réussite pour un premier film, on peut facilement le mettre dans le top des premiers films (flemme d'en chercher d'autres mais le premier qui me vient toujours en tête est clairement Reservoir Dogs), magnifique adaptation d'une œuvre de Conrad, enfin je dis ça mais j'ai pas lu le livre hein.
Reconstitution historique convaincante ( tout est parfait : costumes, coiffures, accessoires, rite lors des duels et c'est important tous ces éléments dans un film de ce genre et quand on fait un film où les personnages ne sont pas censés parler anglais et ben on assume et on les fait parler anglais sans accent, et Scott l'a très bien compris ça, c'est pas ce tocard de Eggers ) et aussi et surtout vrai film épique ( alors qu'au final la scène où il y a le plus de monde à l'écran ne doit pas dépassé les 15 figurants ).
Le film est très épuré au niveau de l'intrigue puisqu'il retrace la rivalité entre 2 soldats de l'empire Napoléonien ( Gabriel Féraud et Armand d'Hubert ) étirée sur une quinzaine d'année ( y a donc plein d'ellipses mais toujours bien gérées ), une rivalité partie de rien ( les 2 hommes au final ne savent même plus pourquoi ils se battent et ça les rend quand même un peu cons et pas vraiment attachants) qui ne cessera jamais à cause de l'acharnement de Keitel ( dont on ne connaitra jamais les motivations ) et un Carradine qui par honneur ne refusera jamais le duel qui à chaque fois s'avérera inévitable ( même si il fait tout pour éviter Keitel ). Il a trouvé son némésis et finalement il se complait dans la situation, à chaque nouvelle rencontre un duel ( sauf lors de l'excellent passage en Russie où on sent qu'ils n'ont pas la force, ce passage en Russie est visuellement très marquant avec une atmosphère de mort omniprésent et une froideur réellement palpable. Malgré l'épure du récit, Scott réussit à dresser 2 petites histoires tout à fait convaincantes ( le plan d'adieu de la première conquête de Carradine c'est ultime j'ai beau trouvé je crois bien n'avoir jamais vu de plan d'adieu aussi beau dans la filmo de Scott.
La fin est habilement trouvée, je les voyais bien s'entretuer mais c'est plus fin que ça avec d'Hubert qui battra Féraud sur son propre terrain puisqu'il mettra l'honneur en jeu avec malice pour pouvoir retrouver sa "liberté".
Le film sans être spécialement passionnant (l'enjeu étant finalement mince) se révèle tout de même très prenant car malgré la répétitivité de l'histoire c'est toujours intéressant et bien raconté ( on a pas trop une impression de scénettes que laisse présager le film ).
Là où le film nous met vraiment KO c'est grâce à son esthétisme d'une beauté à tomber avec un nombre de plans tout droit sorti de tableau et un énorme travail sur la lumière et les éclairages ( notamment des scènes intimistes très réussies entre les 2 amoureux éclairées à la bougie, comme dans Barry Lyndon mais en pas chiant quoi), Scott a jamais aussi bien filmé la nature que dans ce film et il compose des tableaux magnifiques et use beaucoup de focale permettant une très grande profondeur de champ rendant les plans encore plus beau .
Mais n'oublions pas que le film est aussi un film de duel qui dit action et là Scott se paye le luxe de réaliser des scènes à chaque fois différentes en variant notamment les armes ( sabre, épée de gay (ça c'est validé par Idrissa Geye) et pistolet ) et les lieux ( en plein air avec un immense champs, dans une petite cour, dans une grange, à cheval et dans une forêt ) et il alterne avec brio les plan fixes et la caméra à l'épaule ( les 2 premiers duels sont vraiment dynamiques ) et puis on a ce climax génial dans une forêt noyé par la brume matinal où Scott se paye le luxe de réaliser une séquence de pure tension pleinement réussit.
Et on a ce plan final très Napoléonien visuellement splendide et plein de signification ( avec un parallèle malin entre Féraud et Napoléon qui finiront tout les 2 seul ).
Keith Carradine trouve ici son meilleur rôle (pourtant il a une belle filmo je trouve mais il avait vraiment le truc en plus qui aurait du lui donner plus de grand rôle), il est excellent dans le rôle de ce soldat plein d'honneur fatigué par les duels mais quelque part il vit lui aussi à travers ces duels et il arrive à ne pas se faire éclipser par le monstre de charisme qu'est Keitel. Keitel a moins de temps de présence à l'écran et c'est juste un gars belliqueux et sanguin ne vivant pleinement que par le duel, on sent que un réel besoin pour lui, qu'il a besoin de ça pour vivre et j'adore la posture qu'il prend lors des combats. Les seconds rôles même si très secondaires sont sympa :Tom Conti et Albert Finney et on a aussi une courte séquence avec Pete Postlewhaite et sa trogne inoubliable.
Comme dans tout film de Scott sans Vangellis à la BO, on a une bonne BO.
Un grand Ridley, désormais quand on en a un correct comme son dernier on peut déjà s'estimer heureux.
'Nothing cures a duellist"
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