DRAGONS de Chris Sanders et Dean Deblois
Attention SpoilersAu cœur des terres vikings, le quotidien des guerriers n'est rien d'autre qu'un combat inlassable contre les dragons. Un soir comme un autre où le combat fait rage, la destinée d'Hiccup, adolescent singulier et fils du chef de la petite bourgade, va prendre une étonnante tournure. Gaffeur invétéré et victime de la poisse, il n'est jamais écouté par ses pairs, pourtant cette nuit-là c'est bel et bien un dragon mystérieux qu'il blesse, une Furie Nocturne. Il va alors apprivoiser la bête et prendre en main son destin.Après avoir produit un nombre conséquent de films d’animations à la qualité souvent douteuse, Dreamworks tente, avec
Kung Fu Panda en 2008 et
Monstres Vs Aliens en 2009, une réorientation aussi bien visuelle que thématique de ces films, et espère pouvoir concurrencer le studio passé maitre en la matière, Pixar.
Malgré de bonnes choses (surtout dans
Kung Fu Panda), les deux films n’arrivent jamais à la hauteur de la concurrence, conservant toujours un ton légèrement trop enfantin pour emporter l’adhésion des adultes. Mais le studio n’avait pas encore joué toutes ses cartes.
Principalement connu pour avoir réalisé
Lilo et Stitch (un des seuls DA Disney valable des années 2000), le duo de réalisateurs Sanders/Deblois ne parait pas le plus logique au premier abord, notamment à cause de leur inexpérience en terme d’images de synthèses. Et pourtant, ils vont surprendre tout le monde avec Dragons, un récit initiatique inspiré du roman
How to train your Dragon de C.Cowell.
L’histoire est une aventure très classique, doublé d’une relation entre un adolescent en pleine recherche identitaire et une créature atypique. Cette relation est très bien amenée, et on évite pour une fois le sentimentalisme exacerbé au profit d’une véritable tendresse, juste et touchante. Cette relation naissante aura des conséquences qui bouleverseront les relations entre Vikings et Dragons à tout jamais.
Ce qui fait aussi la force du scénario, c’est son cadre historique. En effet, il est rare de voir un film destiné principalement aux enfants où les héros sont des barbares assoiffés de violence (même si ca reste très soft). Les Vikings ne pensent qu’a tuer des dragons, étape charnière dans la vie d’un homme, et preuve de la virilité et du courage de chacun. D’ailleurs, la thématique qui découle de cet acte inachevé par le héros, sera traitée de manière assez adulte pour une telle production (le père qui renie son fils suite à son échec)
Les choix esthétiques du film peuvent tromper le spectateur, qui s’attendra forcément avec un tel design à un film formaté pour les gosses. En effet, les dragons ressemblent étrangement à des Pokemon (ils ont d’ailleurs chacun des capacités propres), et les humains sont physiquement assez caricaturaux. Heureusement, ces détails seront vite oubliés au cours du film, l’histoire racontée et la mise en scène prenant toujours le dessus.
Car, s’il y a bien un point qui devrait mettre tout le monde d’accord dans Dragons, c’est sa réalisation. Extrêmement spectaculaire, le film enchaine les séquences de bravoure à un rythme endiablé, se permettant tout de même ici et là de magnifiques intermèdes oniriques, où le héros et son dragon transpercent le ciel dans un ballet qui n’a rien à envier aux scènes de vols d’
Avatar. Les scènes d’actions sont très impressionnantes, et représentent à mes yeux les passages les plus épiques vus sur un écran en 2010.
Les voix sont excellentes, avec notamment Gérard Butler, Jay Baruchel, Jonah Hill ou encore Christopher Mintz Plasse. La musique, à la fois épique et poétique, est une grande réussite.
Finalement, après des années de productions opportunistes et souvent ratées, Dreamworks s’avère capable de redresser la barre, en visant un public qu’il avait totalement perdu, et en donnant plus de libertés à de vrais auteurs qui ne se contentent pas d’aligner les blagues vaseuses.
Dragons s’impose instantanément comme la meilleure production Dreamworks Animation, et permet au studio de tutoyer enfin son illustre adversaire.
Espérons simplement que ce ne soit pas un cas isolé.
8/10