Equilibrium de Kurt Wimmer
(2002)
Il est dommage de constater que le film Equilibrium est vulgairement décrit comme une sorte de clone de The Matrix. Une comparaison étonnante quand on s'aperçoit qu'il n'y a rien en commun entre les deux métrages hormis des combats aux chorégraphies surprenantes et surtout quand on s'aperçoit de la qualité très différentes entre le film perfectible de Kurt Wimmer et le chef d'œuvre des Wachowski.
Equilibrium se rapproche beaucoup plus des films inspirés de l'univers Orwellien comme 1984 ou V For Vendetta. Pourtant, Equilibrium se démarque en proposant la vision d'un empire totalitaire qui prohibe la source de tout problème humain : ses sentiments. Autant dire que le scénario se veut extrêmement ambitieux et que cela marche plutôt bien, notamment grâce aux décors très réussis. Le casting est exemplaire : Sean Bean, William Fichtner, Emily Watson et surtout Christian Bale dans le rôle principal, dont le visage ferme et neutre servant très bien l'immersion du spectateur (la découverte des sentiments agissant aussi sur le spectateur même si cela aurait pu être multiplié avec un peu plus de profondeur). En bref, le film est très réussi même si on pourrait reprocher quelques raccourcis scénaristiques un peu trop faciles (les enfants de Bale, le Big Brother qui sait se battre mieux que la totalité de ses gardes réunis) une musique inégale (autant les choeurs sont magnifiques, autant le rock dans les scènes d'action, ça le fait vraiment pas) et des CGI un peu limites.
Pourtant, Equilibrium perd beaucoup de sa puissance sur un point : sa mise en scène. En effet, Wimmer sait faire de très beaux cadres avec ses décors mais gère très mal ses scènes de combats. La première scène reste la plus originale, avec un long silence et noir avant un jeu de lumière assez intéressant. Pour le reste, c'est du total gâchis, surtout quand on voit le potentiel des chorégraphies, originales et très agréables à regarder. là où des travellings et des plans larges pour généraliser l'action aurait été les bienvenues, Wimmer se contente de plans tournés un peu n'importe comment avec, en prime, un montage frôlant l'épileptique. Aucune lisibilité, peu d'impact, extrêmement dommage lorsque l'on voit le potentiel d'un tel film avec un sujet aussi intéressant. Là où Equilibrium aurait pu devenir un grand film SF d'anticipation, il ne restera qu'un divertissement honnête mais très perfectible.
6,5/10