Sa majesté des mouches
de Peter Brook
Cycle Sales Gosses :Préambule :
Dans cette série de critiques je vais aborder les films traitant sous des angles et des genres différents le sujet passionnant des enfants diaboliques.
Qu’ils soient délinquants, psychopathes en puissance, possédés, extra-terrestres ou juste têtes à claques, les sales gosses reviennent régulièrement sur nos écrans de façons très diverses, et depuis longtemps déjà.
Dur de déterminer avec exactitude quand cette vision sombre de l’enfance a commencé à émerger, mais à l’âge d’or d’Hollywood, les jolies têtes blondes étaient sacrées (à l’écran, mais exploités en dehors !) et l’image de l’enfant était rarement abordée sous un angle négatif ou suspicieux.
J’ai déjà sélectionné plein de films sur le thème (d’autres pourront se greffer à la liste) que je critiquerai au fur et à mesure de mes envies…
Le Cas 39 - La mauvaise graine - Les révoltés de l’an 2000 - Le village des damnés – Esther -
Je suis le seigneur du château - The children’s hour (La rumeur) -
Sa majesté des mouches - Alice sweet Alice - Les diables - The children - Mean Creek - Manny & Lo - La petite fille au bout du chemin - Attention les enfants regardent - Mais ne nous délivrez pas du mal - Big city - Le fils du requin - Demandez la permission aux enfants - Favola crudele (Dark tale) - La malédiction - L’exorciste - La robe du soir
ce paragraphe sera copié-collé au début de chaque critique du cycle Lord of the fliesréalisé par Peter Brook (1963)
avec: James Aubrey (Ralph), Tom Chapin (Jack)
L’histoire : Pendant la seconde guerre mondiale, un avion transportant de jeunes garçons d’un collège anglais s’écrase quelque part en mer. Les enfants survivants trouvent refuge sur une île inhabitée, sans aucun adulte pour les superviser. Les garçons, essayant tout d’abord d’imiter la civilisation de leurs parents, vont vite glisser vers leurs instincts primaires, où le plus fort domine.
La critique :
Adaptation réussie du fameux bouquin de William Golding, Sa majesté des mouches osculte chez de jeunes enfants leurs instincts primaires.
Ca aurait pu être une émission de télé réalité sordide, d’ailleurs, l’émission Kid-Nation aux USA a tenté de reproduire cette situation en lâchant seuls une quarantaine de jeunes enfants dans une « ville-fantôme ». Grosse polémique à la clé !
S’appuyant d’abord sur le modèle de société qu’ils connaissent, les garçons vont élir démocratiquement un chef (Ralph), qui va répartir des tâches (trouver à manger, construire un abri, etc…). Mais très vite, le garçon battu aux élections (Jack) va s’emparer du pouvoir par la force. Mêlant peurs primales (les enfants pensent qu’un monstre vit sur l’île) et sauvagerie innée, les garçons vont régresser vers une violence qui les conduira au meurtre.
Le film de Brook s’appuie principalement sur ses jeunes comédiens. Il parvient à retranscrire ce lent glissement régressif avec une exactitude qui fait froid dans le dos. Le film ne brille pas par des qualités visuelles particulières, mais c’est dans son fond, et non dans sa forme, qu’il puise sa très grande force.
Les auteurs de la récente série Lost n’ont jamais caché avoir beaucoup emprunté à Sa majesté des mouches. De même que l’affrontement entre Shepard et Locke dans la série, rappelle celui de Ralph et Jack à dessein.
Ce thème des enfants livrés à eux-mêmes a été repris dans divers films, de Big City aux Enfants de Timpelbach, ainsi que dans un remake de Sa majesté des mouches réalisé en 1990 par Harry Hook.
8.5/10