Jamais tagline n’aura été aussi célèbre, et surtout autant en rapport avec le sujet. En une phrase, la tonalité du film est posée : un mélange de science-fiction et d’horreur.
Pour son deuxième film, Ridley Scott signe avec
Alien l'un des plus grands et des plus importants films fantastiques jamais réalisés. Le tour de force de Scott est de réussir à imposer, malgré un scénario relativement simple, sa vision froide et mécanique de la peur. L’horreur que l’on ne voit pas est plus impressionnante que celle que l’on voit. La suggestion devient un véritable art devant la caméra de Scott. Chaque plan est étudié pour porter l’ambiance à son paroxysme. Car c’est bien d’ambiance dont il s’agit. Du début à la fin, cette atmosphère oppressante gagne en tension, sans jamais baisser de rythme. Une gageure.
Disposant d’une des créatures les plus célèbres du genre, enfantée par H.R. Giger, le réalisateur ne cède pas à la complaisance et livre sa propre vision du suspens. La créature sera ainsi vue lors d’apparitions furtives, jamais dans son entièreté, ce qui génère une peur jusqu’aux ultimes secondes du film. Ce prédateur, dont beaucoup lui prête un sens phallique, n’est pas juste une créature. C’est un véritable être d’exception pensé dans ses moindres détails : mode de reproduction, composition biomécanique, on est devant une bête que l’on jurerait réelle, ce qui amplifie la crainte générée par ce monstre. Une impression de crainte qui est amplifiée par le Nostromo, vaisseau lugubre aux couloirs sans fin créé par Moebius, où l’horreur peut surgir de n’importe quel endroit. Un labyrinthe de couloirs, de conduits, de portes et de salles dans lequel jamais on peut se sentir en sécurité.
L’un des autres points forts du film, voire de la saga entière, est le personnage de Ripley. Ici, pas de héros musculeux en puissance, non. L’héroïne est une femme ordinaire, anonyme, qui va survivre au pire, symbole d’une humanité en danger mais qui résiste jusqu’au bout. Sigourney Weaver, alors inconnue (anonyme, comme Ripley) trouve ici son premier rôle, qui sera indissociable de sa carrière. Un personnage qui lui collera à la peau et qui n’aura cesse d’évoluer avec la saga.
La mise en scène ciselée de Ridley Scott, la terrible créature de H.R. Giger, la froideur du vaisseau de Moebius, le talent de la jeune Sigourney Weaver, cette somme de compétences aboutit directement à l’un des plus grands films du genre, et même l’un des plus grands films de l’histoire du Cinéma. Une œuvre intemporelle, base d’une saga mythique qui aura marqué nombre de spectateurs depuis plus de 30 ans, et qui continuera pendant encore longtemps.