[cinemarium] Mes critiques en 2010

Modérateur: Dunandan

Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Dim 12 Déc 2010, 16:10

Alegas a écrit:Un film bien surcoté celui-là, comme la plupart des films de Lynch.


On m'a offert ce film en BD ca fait un an qu'il est posé sur un meuble je crois que j'arriverai jamais à passer le cap de la vision - j'ai même pas envie

il fait de l'image moche numérique qui laisse un gros arrière gout d'amateurisme ou de je-m'en-foutisme

Clair qu'il faut pas s'appeler obligatoirement Lynch pour arriver à un tel rendu? :shock:
zack_
 

Zodiac - 9/10

Messagepar cinemarium » Mer 15 Déc 2010, 19:30

Zodiac , de David Fincher : 9/10


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A la sortie de Zodiac en 2007, on ne savait plus trop quoi penser de David Fincher. Enchainant dix ans plus tôt les claques cinématographiques avec Fight Club, Seven et dans une moindre mesure The Game, le réalisateur nous avait pondu en 2002 d’un Panic Room particulièrement décevant au regard de ses précédentes réalisations : terne, classique, peu étonnant, le film souffrait en effet d’un manque flagrant d’ambitions malgré sa relative efficacité. Alors, quid de Zodiac ? Fort d’une photographie majestueuse et d’un traitement frisant les cimes de la perfection, le film apparait comme une œuvre insolente - parfois barbare, parfois sublime - mais surtout exceptionnelle d’explosivité et d’attractivité. Un film monumental qui aura marqué de son empreinte une décennie cinématographique teintée d’amertume et de lyrisme.

A la recherche de l’insaisissable
A la fin des années 60, un tueur sa faisant appelé Le Zodiac va terroriser l’Amérique en revendiquant, par le biais de lettres à destination de la presse, une série de meurtres dont la cause parait inexistante. Robert Graysmith, jeune dessinateur au San Francisco Chronicle, va alors décider d’enquêter personnellement sur cette affaire tandis que la police semble dépassée par la tournure que prennent les évènements. Par son caractère véridique, le scénario posait l’importante problématique que son déroulement était inévitablement connu à l’avance : le tueur ne fut jamais arrêté, l’enquête étant toujours en cours aux Etats-Unis. Jusqu’ici, David Fincher était réputé pour son goût prononcé pour la manipulation et l’ascension émotionnelle que la plupart de ses films possédaient, notamment dans leurs finals souvent explosifs – on se remémore sans mal la chute devenue culte de Seven. Cette marque de fabrique que le réalisateur avait érigée telle une carte de visite paraissait donc incompatible avec ce scénario adapté du livre de Robert Graysmith. Néanmoins, en se basant sur une réalité paradoxalement mensongère – on se saura peut-être jamais l’identité du tueur –, David Fincher fait du déroulement de son film un véritable vecteur d’attention, essentiellement basée sur les questionnements inévitables que l’enquête soulève. Cette enquête, dont l’action se déroule dans des bureaux - lieux qui pourraient provoquer l’anxiété par l’étouffement qu’ils génèrent -, sera finalement orchestrée par les actions du Zodiac tant celui-ci domine, par ses simples écrits mais aussi et surtout par ses capacités meurtrières, une police totalement déboussolée.

La touche passionnelle que Graysmith va apporter à l’enquête provoque alors une faille dans le déroulement d’un film aux multiples angles de vue : l’atrocité des meurtres vue par le Zodiac lui-même (on aperçoit son visage qui restera à jamais inconnu des services de police), l’enlisement de l’enquête policière vue par l'inspecteur David Tosch, la quête personnelle de Graysmith et l’attention journalistique un peu trop sensationnelle de Paul Avery forment ainsi un ensemble de contradictions qui donnent au film tout son charme. En effet, les dualités formées par certaines situations (la police contre la presse, l’obsession de Graysmith face à la démotivation de Tosh) soulignent les problèmes d’une enquête qui a échoué dès son commencement. Ce constat fataliste est bien évidemment accentué par l’écoulement temporel que le film image de manière très brève à l’aide de simples indications écrites. L’envasement de l’enquête, qui dure sur plusieurs décennies, provoque un fort sentiment amer d’inefficacité et d’inachèvement. En ce sens, il semble clair que Zodiac rompt littéralement avec les procédés que le réalisateur était parvenu à mettre en œuvre dans ses précédents films qui privilégiaient une approche unilatérale et nettement plus linéaire de l’intrigue.

Magnifiquement mis en scène
Zodiac pourrait apparaitre comme le film le plus personnel du réalisateur, notamment car celui-ci fut profondément marqué dans sa jeunesse par la morbidité des évènements. On connait le perfectionnisme du réalisateur qui n’hésite pas à étaler ses tournages sur de nombreuses semaines pour atteindre les objectifs qu’il s’était donné, et le fait que qu’il ait connu l’ambiance réelle de l’époque accentue bien évidemment ce trait de caractère. Par exemple, ce dernier n’a pas hésiter à déplacer des arbres par hélicoptère (!) pour recréer le paysage parfait de certaines séquences. Zodiac possède ainsi le caractère réaliste obligatoire au genre de récit auquel il appartient. Il en ressort donc un esprit d’authenticité remarquable qui manquait à certains films du réalisateur (dont Panic room et The Game, qui misaient parfois sur une superficialité physique étonnante). Ici, point de d’exubérances ou de paris techniques providentiels : le film mise avant tout sur une photographie à la beauté exceptionnelle. Même si certains pourraient voir en l’effet sépia de l’image une aberrante excentricité issue de l’ère numérique, il n’en reste pas moins évident que celui-ci donne une réelle identité physique au film. Le rendu photographique que ce dernier possède s’en retrouve en effet incroyablement sublimé. On admire le montage fluide, la mise en scène perverse des meurtres et le contraste magnifique de l’image.

Les personnages sont quant à eux profondément travaillés. Il faut dire que l’équipe du film fut documentée par plusieurs décennies de journaux et par deux livres écris par Robert Graysmith. Souvent décrié pour le manque de profondeur accordé à ses personnages, le cinéaste parvient à faire des protagonistes de Zodiac des êtres vivants et sentimentaux ; constat bien évidemment favorisé par l’interprétation remarquable des principaux acteurs : ceux-ci réussissent en effet à faire ressortir toute la complexité de leurs personnages très parlants. Leur trajectoire commune vers les sentiers de la solitude - Graysmith s'enferme dans son affaire,Tosch se sépare de son partenaire et Avery sombre dans un profond alcoolisme - renforce l'aspect mélancolique du film d'une manière profondément fataliste.

Si la durée du film pourrait paraitre quelque peu excessive (plus de 2h30), la force avec laquelle il parvient à captiver le spectateur est véritablement exceptionnelle. David Fincher réussi en effet à faire de Zodiac un film à l’aura unique et à la réussite technique, comme toujours, épatante. Inévitablement un chef d’œuvre instantané.
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Valse avec Bachir - 8,5/10

Messagepar cinemarium » Jeu 16 Déc 2010, 18:10

Valse avec Bachir , de Ari Folman : 8.5/10


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Troisième film d’Ari Folman, Valse avec Bachir fut l’une des attractions du festival de Cannes 2008. Il faut dire que les arguments ne manquent pas envers le film du réalisateur israélien : à la fois œuvre documentariste sur le terrible massacre de Sabra et Chatila mais aussi existentielle sur la question de la mémoire et de ses multiples interprétations, le film d’animation, véritablement polymorphe, dispose en effet d’une maturité exceptionnelle et d’une mécanique émotionnelle autant explosive que dramatique. Le film fut diffusé gratuitement dans le cadre du premier festival du cinéma d’Arte. Il serait dommage de passer à coté de ce petit bijou d’animation contemporaine, qui a su allier fiction et réalité avec un brio indéniable.

La mémoire sélective
Près de vingt ans après l’invasion du Liban par l’Israël, Ari Folman, ancien soldat ayant participé à cette opération, remémore ce douloureux passé dans un bar avec son ami Boaz, lui aussi ancien combattant. Alors que ce dernier se souvient parfaitement de cette terrible période, Ari se rend compte que tout ses souvenirs se sont dissipés, que la guerre a disparu de sa mémoire et que ses sens ne souviennent plus de cette période de sa vie. Néanmoins, une image, celle de son corps flottant dans l’eau face aux ruines de Beyrouth, ressurgit. Le désormais quadragénaire décide alors de partir à la recherche de la vérité et de son passé afin de comprendre ce très énigmatique souvenir qui, sorti de son contexte, n’a que très peu de sens.

Suite à un voyage initiatique, Ari va alors, étape par étape, réussir à reconstruire sa mémoire. Le spectateur suit donc, par le biais de flashbacks, la reconstruction de ce véritable puzzle permis par de nombreux témoignages, tous plus poignants les uns que les autres : certains évoquent l’absurdité d’une guerre souvent sans sens – tiré sur un ennemi invisible – alors que d’autres rappellent l’atrocité déshumanisante de celle-ci –l’assassinat de l’enfant armé en est le passage le plus significatif. Rapidement, le principal intéressé se rendra ainsi compte que le cauchemar rejoint la réalité, que ses souvenirs jusqu’à présent oubliés par mépris resurgiront inéluctablement à la surface de son esprit. Certaines séquences sont alors particulièrement touchantes, parfois crues mais toujours justes. Car une des principales forces du récit de Valse avec Bachir est l’incroyable équilibre dont il témoigne. Parfaitement rythmé et jamais terni par une morale douteuse, le film fait en effet preuve d’une puissance analytique exceptionnelle, décrivant avec force chacune des faces d’une guerre si terrible. Ainsi, pas de pathétisme primaire ni de symbolisme maladroit ne viendront perturbés un récit raconté avec une perfection indéniable. Les soldats rescapés ne sont ni des héros, ni des monstres. Ce ne sont que des hommes victimes de la folie expansionniste de leur hiérarchie.

Baignant dans une amertume certaine, Valse avec Bachir ne cesse de déstabiliser les codes cinématographiques du genre. D’une part, la logique romanesque dont celui-ci fait preuve, avec cette déstructuration linéaire et temporelle de la narration, fait entrer le spectateur dans la conscience la plus profonde du personnage principal, doté par ailleurs d’une humanité incroyable pour un film d’animation. Il faut dire que la confrontation entre cette enquête personnelle et ce voyage au cœur d’une guerre datant de plus de vingt ans est réellement déstabilisante à plus d’un titre. Cette succession de flashbacks, créant un parallèle perturbant entre l’onirisme des souvenirs d’Ari et la dureté d’une réalité oubliée, permettra au réalisateur d’imposer un pathétisme profond à l’encontre de tous ces personnages qui se découvrent au fil des discussions. La mort est fatalement inscrite à jamais dans leurs esprits.

Un mélange de genre inédit
En choisissant la forme du dessin animé pour retranscrire à merveille l’horreur d’une guerre bien réelle, le réalisateur israélien Ari Folman parvient à faire de son film un véritable concentré de sens et d’émotions. Tout d’abord, il est en effet indéniable que Valse avec Bachir dispose d’une enveloppe corporelle sublime : les dessins, très gras et très feutrés, sont magnifiques et les couleurs sont resplendissantes. Traiter d’un sujet aussi difficile avec le ton, souvent joviale, d’un dessin-animé était un réel défi. Défi qui sera remporté haut la main tant la qualité de l’ensemble est d’une suprême dimension. Les musiques, composées par un Max Richter au sommet de sa forme, confient elles-aussi au film le statut d’œuvre d’art à part entière et parachèvent l’ascension émotionnelle dont font preuve certaines scènes, comme celle, magnifique, qui donne son nom au film.

En donnant son identité au personnage principal – son nom ainsi que son apparence –, Ari Folman retrace durant près de 1h40 le parcours qu’il a dû effectuer pour constituer son film. Ainsi, les personnages rencontrés sont bien entendu tous réels – ces derniers donnent d’ailleurs leur voix à leur avatar, ce qui accentue grandement le caractère documentariste du film. La frontière entre la fiction et la réalité s’en retrouve alors encore plus atténuée. Et là est alors la véritable force du film. Car en utilisant le film d’animation comme objet de témoignage, Valse avec Bachir dispose d’une intensité, certes surement moins importante qu’un réel documentaire, mais néanmoins à l’efficacité redoutable. La mise en scène du massacre de Sabra et Chatila s’en retrouve parfaitement orchestrée et en devient un véritable moment dramatique de cinéma sur lequel repose, finalement, tout le questionnement du film : cette scène, à l’explosivité narrative et émotionnelle intense, condensera ainsi toutes les craintes et toute la tension des séquences qui l’ont précédé pour en accoucher d’une triste et fatale réalité. La caméra reprend ses droits, et les images d’archives achèveront le voyage temporel d’Ari Folman mais, aussi et surtout, des spectateurs.
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Messagepar zack_ » Jeu 16 Déc 2010, 18:13

Tout le monde dit du bien sur ce film ca me tente pas du tout même après ta critique
J'ai peur d'être réfractaire à cause de l'effet Persepolis que j'ai trouvé mauvais.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Alegas » Jeu 16 Déc 2010, 18:24

Superbe film, l'une des plus grosses claques de 2008 avec There will be blood, Two Lovers, The Dark Knight et Speed Racer ('tain, c'était quand même une super année).
Et un excellent film de plus dans le Top ! :super:

Zack, Valse avec Bachir n'a absolument rien à voir avec Persépolis, crois-moi. :wink:
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Messagepar Milkshake » Jeu 16 Déc 2010, 18:43

Et oui Zodiac c'est une leçon de mise en scène. 8)
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Messagepar Waylander » Jeu 16 Déc 2010, 18:47

Pourtant avec Zodica Fincer côtoyait largement un certain académisme qu'il n'avait pas du tout effleuré avec Fight Club et Seven.
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Messagepar Scalp » Jeu 16 Déc 2010, 18:48

Oue mais l'académiste ça peut être très bien.
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Messagepar Jeff Buckley » Jeu 16 Déc 2010, 19:57

Evidemment
dunandan a écrit: Puis j'oubliais de dire que Logan me faisait penser à Burton avec sa méchanceté légendaire concernant certains films/réalisateurs/acteurs
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Messagepar zack_ » Jeu 16 Déc 2010, 20:52

Zack, Valse avec Bachir n'a absolument rien à voir avec Persépolis, crois-moi.

Tu es pret a me payer la trilogie Matrix en BD? :eheh:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar nicofromtheblock » Jeu 16 Déc 2010, 21:01

D'un côté on a une jeune femme qui nous fait part de sa jeunesse en Iran sur un ton humoristique et de l'autre on a un ancien soldat israélien qui nous fait part de l'horreur de la guerre de façon viscérale ... Si tu trouves des similitudes, c'est qu'il y a un problème. :wink:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Jeff Buckley » Jeu 16 Déc 2010, 21:02

Dans les 2 cas Zack n'aimera pas.
dunandan a écrit: Puis j'oubliais de dire que Logan me faisait penser à Burton avec sa méchanceté légendaire concernant certains films/réalisateurs/acteurs
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Jeu 16 Déc 2010, 21:06

Donc j'oublie :mrgreen: Mon Jeffomètre en a décidé :super:
zack_
 

Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Moviewar » Jeu 16 Déc 2010, 21:07

Il est vraiment très bien ce film (et en plus j'ai des origines libanaises :mrgreen: !! ) La Bo est excellente aussi!!

Alegas a écrit:Superbe film, l'une des plus grosses claques de 2008 avec There will be blood, Two Lovers, The Dark Knight et Speed Racer ('tain, c'était quand même une super année).
Hier lors de la séance de Skyline avec Criminale on se disait la même chose et on se remémorait nos top de 2008 qui sont excellent! 2010 c'est pas un cru qui déchire...
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Jeff Buckley » Jeu 16 Déc 2010, 22:07

zack_ a écrit:Donc j'oublie :mrgreen: Mon Jeffomètre en a décidé :super:


pour ton bien effectivement ne le regarde pas tu perdras ton temps. Je commence à cerner tes goûts. Ca m'étonne pas de toutes façons que t'aies pas accroché à Persépolis. Valz est incomparable mais lui non plus ne peut t'émoustiller. Faut de la tempête de boulettes pour zackounette.
dunandan a écrit: Puis j'oubliais de dire que Logan me faisait penser à Burton avec sa méchanceté légendaire concernant certains films/réalisateurs/acteurs
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