ALIEN LA RESURRECTION
Bon, grosso modo j'ai été très déçu par ce dernier opus de la saga.
Jeunet n'est pas un mauvais réalsiateur car il a son univers propre, son ambiance bien personnelle et des mouvements de caméra bien sympas comme ces travelling nerveux vers la tronche des persos quand ceux s'apprêtent à sortir une réplique culte ou qu'une situation dégénère. Le souci c'est que son imaginaire brise totalement l'ambiance très sérieuse des trois premiers films. Alien resurrection est décalé, un humour trop présent, des personnages-caricatures qu'on voit dans pleins de fils de genre, des répliques entendue mille fois et un Alien quasiment détruit au profit d'un rythme franchement plus excessif que Aliens de Cameron. Les xénomorphes ne sont donc plus des mystères à part entière et à l'allure horrifique toujours élégante et camouflée dans la pénombre et dans les recoins d'un vaisseau. Ils sont devenus des bêtes qui pourchassent un groupe de mercenaires. Le film de Jeunet ne commence même pas dans l'espace (comme ce fut le cas pour les trois premiers) et l'ambiance n'est jamais tragique, dramatique et solennel. Cela pourrait être un bon point mais concernant Alien non. C'est dit.
Pourtant, visuellement on retrouve assez la volonté artistique de Scott pour les intérieurs des vaisseaux : Alien 4 mélange un peu tout et n'importe quoi des 3 précédentes œuvres. On passe d'une scène très poétique à la porté philosophique très intéressante à une réplique à la con puis à une séquence d'action puis à un clin d'œil à la mythologie pour faire genre on respecte le matériau de base (on entend une partie de la musique d'ouverture d'Alien par exemple) puis on revient à une scène lente et mélancolique pour revenir à des répliques censées faire sourire...les ruptures de ton sont insupportables et on a l'impression que le cinéaste ne savait pas posé correctement une ambiance bien définie pour tant ce n'est pas le cas puisque c'est l'esprit même de la filmo de Jeunet (hormis Long dimanche de Fiançailles).
Le casting est tout de même sympa et si le titre avait été différent (j'entends par -là : que le film n'entre pas dans la saga Alien) ça aurait été un divertissement sympa aux sfx et animatroniques très réussies (les Aliens n'ont jamais été aussi top visuellement que dans le Jeunet) avec une bonne soundtrack (enfin surtout le thème de Ripley) et un scénario sympa qui même pleins de thèmes et les hissent sur le devant de la scène avec uen certaine poésie. Le tout très violent et tragique (le final entre Ripley et son "enfant" l'Alien hybride: scène incroyablement ridicule pour les uns et pur les autres (moi
) c'est très fort, très prenant et le regard de l'Alien à ce moment là est bluffant d'innocence, d'incompréhension et de souffrance..une mort atroce mais inéluctable).
Autre passage intéressant: Ripley face à ses clones : glauque et malsain à souhait. Le jeu de l'actrice est excellent , le maquillage du clone 7 et créatures dans les bocaux sont horribles et la scène prend une dimension très dérangeante.
Il y a aussi deux courts moments que j'ai particulièrement aimé: le travelling sur une Ripley encore enfant dans un caisson en verre et plus la caméra avance plus elle grandit mais c'est presque imperceptible et c'est seulement quand on est proche de son visage que le morphing fait effet concrètement. La douce musique d'Alien longe dans l'ambiance et on se surprend à espérer un film qui repartirait vraiment sur les traces du film de Scott tout en enrichissant la saga mais Jeunet est peut-être un artiste, qui, tel Burton , est trop encré dans son propre délire. Le coup de Ripley qui devient ce qu'elle combattait, le coup de l'Alien hybride etc..il n'y avait qu'un français pour faire ça.
c'est pas pour autant une mauvais idée. J'ai beaucoup aimé cette idée justement. Ripley devient finalement la mère des Aliens et le fond du film peut clairement rebuter. Comme un Splice qui exploite finalement le même genre de concept/idée.
Alien 4 n'est pas du tout un mauvais film c'est juste qu'il chamboule bien trop les bases d'une mythologie chef d'oeuvrissime alors que lui ne l'est pas faute à des choix parfois trop à l'Ouest mais aussi un trio personnel et ça m'étonne encore que la Fox ait produit un tel film.
Une scène aussi très lyrique (la naissance symbolique du clone de Ripley ):
Jeunet sait manier une caméra et comprend que dans le mouvement se trouve l'immersion, la poésie, un certain ryuthme aussi. c'est bien réalisé, c'est bien joué, Ripley est un peu transparente mais son manque d'humanité et d'émotions est voulut pourtant il ya des scènes déchirantes à partir du moment où elle "se souvient" de qui elle était. elle retrouve son humanisme et sa sensibilité. Une interprétation profonde et une aura encore plus masculine qu'auparavant. Sa partie alien la rend plus animale. Le passage sous l'eau est une sacré réussite visuelle et rien que pour la difficulté de tourner une telle scène ça vaut son petit demi-point.
Sinon, c'est dans cet opus (et seulement celui-ci) que l'on verra la Terre. Un final assez beau (pour la version cinéma) et une version plus sombre et bien plus cohérente avec l'univers et Jeunet où les personnages de retour sur Terre découvre un Paris ravagé.
Un épisode très différent des 3 autres volets c'est gênant mais ce n'est vraiment pas un mauvais film. C'est juste qu'il détruit une vraie mytholigie en développant et en montrant trop les créatures. Pas de tension, pas de mystère, tout est bien présent et visible à l'écran.
7/10