[Val] Mes critiques en 2010

[Scalp]

Ouep la version courte est même pas dispo en France en dvd, ce qui est bizarre le combo Sollima/Milian/Van Cleef c'est renommé dans le genre.

[Val]

On peut quand même espérer que le passage télé va réveiller un éditeur genre Wild Side ou Seven 7, car je serais curieux de voir la version longue.

[Val]

Electra Glide in Blue de James William Guercio (1973) : 9/10



Unique film de James William Guercio, jusqu'alors principalement connu pour son rôle de manager du groupe Chicago, Electra Glide in Blue est un monument malheureusement trop peu connu du cinéma américain des années 70. Le réalisateur reçoit dans le début des années 70 la proposition du patron de la United Artists de tourner un film pour moins d’un million de dollars, ce dernier voulant sans doute réitérer le succès commercial que fut Easy Rider. Guercio, dont l’enfance à été bercé par le cinéma (son père et son grand-père étant projectionnistes) et plus particulièrement par les films de John Ford, accepte la proposition. Pour cela, il s’entoure d’une équipe de choc composée du chef cascadeur de Bullitt, de l’ingénieur du son de L’Exorciste et de Conrad Hall, chef opérateur du mythique La Prisonnière du Désert, le film culte de Guercio pour qui il va jusqu'à sacrifier son salaire.



Le film met en scène John Wintergreen (campé par un génial Robert Blake, vu en Homme Mystère dans Lost Highway), un motard d’une petite bourgade d’Arizona et qui rêvent de pouvoir devenir détective. Lorsqu’il découvre ce qui apparaît comme le suicide d’un vieil homme, il est convaincu qu’il s’agit d’un meurtre et il va alors avoir l’occasion de faire ses preuves. Le personnage de Wintergreen est sans doute l’un des personnages les plus fascinants du cinéma américain des années 70 tellement il sort des archétypes des films de l’époque et est extrêmement touchant d’humanité. Dans tout le début du film, on le voit poursuivant un automobiliste fou du volant, un van hippie ou encore un routier et Wintergreen traite chacun de ces personnages de la même façon qu’il s’agisse d’un inspecteur de police (l’automobiliste), d’un hippie ou d’un vétéran du Vietnam (comme lui) et qui risque de se retrouver au chômage. Son but est de faire respecte la loi au plus strict sens du terme et ce, uniquement parce qu’il est convaincu que c’est la seule façon de permettre à chacun des citoyens américains de vivre ensemble. Ainsi le personnage de Wintergreen se place en opposition de ses collègues qui se moquent de son respect de la loi et non de cesse de lui conseiller de se poser à l’ombre et de faire comme si de rien n’était. En effet, les collègues de John, en particulier son binôme et unique ami sont des flics corrompus, racistes ou encore réactionnaires comme le montre la scène où le flic cache de la drogue dans le sac du hippie pour le faire tomber, Wintergreen lui ne s’oppose à aucune catégorie de la population et tente de traiter chacune de la même façon. Mais au fur et à mesure que le film avance, il va progressivement se rendre compte de sa solitude dans ce monde divisé et où ses idéaux sont impossibles à défendre. Même l’inspecteur qui travaille avec lui sur l’enquête se révèlera être un homme complètement paumé et fou. Ainsi, qu’il se tourne d’un côté comme de l’autre (les hippies ou les flics) Wintergreen est un exclu comme le révèle sa taille dénotant lorsqu’il est au milieu de ses collègues ou son coté gauche lorsqu’il se retrouve parmi une communauté hippie. Trop honnête pour être flic et trop respectueux de la loi pour être hippie. Wintergreen est donc un personnage qui ne trouve pas sa place dans une Amérique divisée et la prise de conscience de sa solitude dans ce monde assassine tout ces idéaux de justice et de voir une Amérique réconciliée avec elle-même. La fin du film est un monument de lucidité de la part du réalisateur sur l’Amérique des années 70, un monde ou les gens profondément humains comme Wintergreen n’ont pas leur place et où tous les idéaux des années 60 ont disparus (la fameuse scène où les flics s’entraînent à tirer sur une affiche d’Easy Rider est sans équivoque là-dessus). Cette scène finale est aussi une des plus belles, et une des plus émouvantes, fin de l’histoire du cinéma.



Electra Glide in Blue est donc un film honteusement négligé dans l’histoire du cinéma, bêtement taxé de fasciste à sa présentation à Cannes (les gens de l’époque n’ont probablement pas aimé la représentation de la société américaine proposée par Guercio) et qui derrière ses apparence de « petit film indépendant » cache un film passionnant.

[Heatmann]

bien d'accord , et excellente critique , pourquoi ce film est si confidentiel ??? j'y ai bcp repenser apres ma 1er vision il y a peu , ca ma fait bcp d'effet mon avis

[Scalp]

Et ta critique de Toy Story 3 elle est ou ?

[Val]

Ah, y en a un qui veut faire bouger le classement.

[Scalp]

Bein c'est pas représentatif si on compte pas ta note

[Alegas]

Toy Story 3 de Lee Unkrich (2010) : 6,5/10



Toy Story, la saga composé de deux chefs d’œuvres du cinéma d’animation (des vrais ceux-là) se voit, en cet été 2010, doté d’un troisième épisode attendu de pied ferme par un grand nombre de fans des premiers opus. Pour ma part, je dois avouer n’avoir ni pour ni contre cette suite, et je me suis donc rendu en salles avec aucun a priori, ne demandant qu’a voir ce que le studio Pixar avait concocté pour son onzième long-métrage.



Le mot qui vient de suite à la bouche en sortant de la projection est déception. En effet, le film ne parvient jamais à se hisser au niveau de ses prédécesseurs. Pourtant, tout semblait être réuni pour permettre au métrage d’être une franche réussite. Le point fort du scénario est de prendre en compte l’âge actuel des premiers enfants à avoir découverts les deux films précédents en prenant comme contexte le départ d’Andy, le fameux garçon propriétaire des jouets, pour l’Université. Qui dit départ, dit trie dans les vieilles affaires et la fameuse question : que faire de ces jouets désormais inutiles ? Le film évoque donc le passage à l’âge adulte et la peur de ne plus être utile, que les jouets ressentent, on le comprend, depuis de nombreuses années. Des thématiques sombres et ô combien intéressantes mais malheureusement plombées par un manque d’audace, ou tout du moins une peur excessive, des scénaristes qui, ne voulant pas déplaire aux enfants, leur public premier après tout, traitent ces thématiques par-dessus la jambe et affichent une volonté navrante de vouloir contrebalancer la noirceur du récit par des touches d’humour souvent mal amenées (le personnage de Ken est une très mauvaise idée). On ne retiendra d’ailleurs que le passage ou Buzz est reprogrammé en Espagnol, seul moment réellement drôle pour un personnage beaucoup trop en retrait dans cet épisode. De plus, il est évident que l’histoire se rapproche beaucoup du second volet, notamment avec le « méchant » qui semble une copie conforme de Papy Pépite. Au final, l’émotion tant attendue arrivera tout de même dans une poignante scène à la décharge et lors de l’ultime scène où Andy, regardant ses jouets, lance un « Merci les gars » lourd de sens mais qui ne parviendra toutefois pas à faire oublier les 80 précédentes minutes.



Toy Story 3 s’impose donc comme un divertissement familial de qualité et parfaitement recommandable (voir un pigeon affronter une tortillas vivante, ça vaut le coup d’œil), qui me touche tout de même car il me rappelle, ayant l’âge d’Andy, que mon enfance est derrière moi, mais qui ne peut que décevoir en comparaison des ses illustres prédécesseurs.

Ca y est, je suis un vieux con.

[jean-michel]

sans doute!!

[alinoe]

N'écoutez pas Val qui a perdu son âme d'enfant !!!
Toy Story 3 c'est la plus émouvante histoire contée par Pixar. La saga se clôture en apothéose.

[zack_]

Carrément!

[Val]

oui

[Alegas]

Keoma d’Enzo G. Castellari (1976) : 6,5/10



Aujourd’hui principalement connu pour avoir réalisé « Inglourious Bastards », dont le titre sera repris de nombreuses années plus tard par Quentin Tarantino pour l’un de ses films, Enzo G. Castellari est aussi le père de ce Keoma réputé pour être un des meilleurs du genre. N’étant pas un éminent spécialiste du genre, je ne saurais dire si cette réputation est méritée. Toutefois, la vision du film est une déception à la vue des critiques générales. Le film offre tout de même une réalisation vraiment chiadée avec des flash-backs particulièrement inventifs et des paysages quasi apocalyptique du plus bel effet. Franco Nero habite littéralement son rôle de sosie de Jésus et c’est toujours un plaisir de revoir ce bon vieux Woody Strode. Le seul bémol est très clairement l’histoire qui est d’une banalité assez affligeante, ce qui est franchement dommage à la vue des autres qualités du film. De même, la musique souvent citée comme référence m’a un peu saoulée pour être honnête.

A noter que j’ai eu la mauvaise idée de voir le film en anglais et je crois que le western spaghetti, genre de l’excès, est définitivement le genre qui se prête le plus au doublage, naturellement excessif.

[Scalp]

Essaye de le revoir plus tard, y a moyen que tu le revois à la hausse.

[Dunandan]

Vivre dans la peur d’Akira Kurosawa (1955) : 9/10



S’inspirant de la tragédie qui provoqua l’irradiation de l’équipage du Fukuryu Maru en 1954, suite aux essais nucléaires américains, Kurosawa cristallise la peur de toute une nation, victime d’une attaque nucléaire 10 ans auparavant à travers l’histoire de ce vieil industriel qui veut s’isoler au Brésil pour se protéger d’une éventuelle nouvelle attaque, ce qui trouvera l’opposition de sa famille. Le film est impressionnant de modernité, on ne sent absolument pas le poids des années (55 ans tout de même), que ce soit pour la mise en scène ou l’interprétation. Le rôle principal est campé par l’impressionnant Toshiro Mifune, qui, entre grimace et grognements, n’est pas sans rappeler le Clint Eastwood de Gran Torino. Encore un chef-d’œuvre de Kurosawa.