Après
Gone baby gone, un premier film très réussi,
Ben Affleck était attendu au tournant pour son second film en tant que réalisateur. D'autant plus qu'il s'est offert le rôle principal cette fois-ci. Et force est de constater que même si le film n'est pas parfait, ça reste un polar de bonne facture. Il ne faut pas non plus s'attendre, comme l'annonçait l'affiche française, au nouveau
Heat ...
Ben Affleck nous plonge une nouvelle fois dans la ville de Boston et plus particulièrement dans le quartier de Charleston qui est réputé pour abriter un grand nombre de braqueurs de banque. On va y suivre Doug McRay et son ami d'enfance James qui, après un braquage réussi, vont devoir redoubler de prudence pour ne pas se faire attraper par le FBI qui les surveille. Pour cela, il veut s'assurer que la femme qu'ils ont pris en otage lors de ce braquage ne sache rien. Mais les évènements vont s'enchainer de façon qu'ils vont faire connaissance et tomber amoureux l'un de l'autre ...
Après avoir adapté un roman de
Dennis Lehane sur
Gone baby gone, il s'inspire cette fois-ci d'un roman de
Chuck Hogan intitulé "Prince of thieves". Pour cela, il nous décrit l'univers de cette ville ouvrière avec beaucoup de justesse. On sent qu'
Affleck aime cette ville de Boston et il sait la mettre en valeur. De plus, son scénario tient plutôt bien la route. On pourra toujours lui reprocher quelques facilités scénaristiques mais rien de bien gênant. Par exemple, comment se fait-il que la fille ne reconnaisse pas la voix de ses ravisseurs à peine quelques jours après le braquage ? De même, si la fin passe plutôt bien, on se demande comment il peut s'échapper d'une telle opération d'intervention ... je suppose que tout le monde était sensé avoir vu sa photo avant l'opération.
La structure narrative du film est plutôt bien foutue. Alternant les histoires entre 2 mondes distincts : sa relation amoureuse avec
Claire d'un côté et son boulot de braqueur de l'autre, Doug sait que si ses 2 parties de sa vie se rencontrent, ça ira droit à la catastrophe. Malheureusement, tous ses efforts pour éviter cette rencontre seront vains.
Ben Affleck arrive à développer sa galerie de personnages de façon très naturelle en façonnant les traits de caractère de chacun par petites touches sans tomber dans les clichés. De la même manière, il arrive à trouver un ton juste de façon que son film ne s'oriente pas trop vers un genre précis : polar, drame, romance, il arrive à garder un équilibre entre tous ces genres.
Pour ce qui est de la mise en scène, ça reste dans la lignée de
Gone baby gone : pas d'esbroufe.
Ben Affleck opte toujours pour une mise en scène fonctionnelle à la
Clint Eastwood (il y a pire comme référence). De plus, on a le droit à des scènes de braquage vraiment réussies où la tension est palpable à chaque instant. Enfin, la course poursuite en voiture dans les rues de Boston est particulièrement agréable à suivre. Ça fait plaisir de ne pas avoir une caméra qui bouge dans tous les sens ou un montage à 5 plans par seconde. Comme quoi, filmer "à l'ancienne", ça a aussi du bon. A noter qu'on retrouve
Harry Gregson-Williams à la musique et il est clair qu'il est doué pour ce genre d'ambiance. Outre
Gone baby gone, il a fait également la musique de
Man on fire et de
Domino.
Le petit bémol viendrait plutôt du côté du casting et en particulier du rôle principal. En effet, j'ai trouvé
Ben Affleck assez moyen. Vu le personnage introverti qu'il interprète, ça passe encore pas trop mal mais son jeu mono expressif est un peu limite par moments. Dommage qu'il n'ait pas opté pour un autre acteur. A ses côtés,
Jeremy Renner est excellent en ami d'enfance à l'accent à couper au couteau. Et puis, j'adore sa façon insouciante de braquer les banques : on agit et on réfléchit après. Son dernier baroud d'honneur est d'ailleurs fidèle à son personnage. Pour ce qui est de l'histoire d'amour entre Doug et Claire, elle passe bien car
Rebecca Hall est une fois de plus excellente. Elle volait déjà la vedette à
Scarlett Johansson et
Penelope Cruz dans
Vicky Cristina Barcelona et elle confirme ici qu'elle est l'actrice anglaise du moment. En tout cas, moi je l'épouse quand elle veut !
Pour ce qui est des seconds rôles,
Jon Hamm manque un peu de charisme en chef du FBI. Il faut dire que son personnage manque peut-être d'un peu de consistance. La scène du parloir avec
Chris Cooper me semblait inutile mais elle prend tout son sens lors d'une autre scène de discussion entre
Ben Affleck et
Pete Postlethwaite. Cette relation père/fils aurait pu être d'avantage développée mais il est clair qu'il aurait été difficile de l'intégrer à l'histoire.
Pete Postlethwaite n'est quand même pas très crédible en vieux mafieux fleuriste. Avec son simple garde du corps, ça n'est pas étonnant qu'il se fasse buter comme une merde ... on se demande même comment il a pu rester en vie si longtemps. Enfin, j'ai trouvé que
Blake Lively ne servait pas à grand chose si ce n'est à faire la balance au moment venu. En tout cas, elle sort de ses rôles habituels et c'est déjà une bonne chose.
Au final,
Ben Affleck confirme le bien qu'on pouvait penser de lui. Même si je garde une préférence pour son premier film,
The town reste un bon polar qui suit les codes du genre avec intelligence. Et puis les bons polars se font tellement rares ces dernières années qu'on ne va pas bouder notre plaisir.