La Poursuite Impitoyable Arthur Penn - 1966
Venant tout juste de s’évader de prison, Bubber Reeves (Robert Redford) se retrouve injustement accusé d’un meurtre commis par le co-détenu avec lequel il s’échappait. Par un malheureux concours de circonstances, Reeves, se retrouve en route pour sa ville natale, une bourgade du sud du Texas. Alerté par la police du comté quant à son arrivée, le shérif Calder (Marlon Brando), va devoir faire face aux ressentiments de ces habitants envers Reeves, pour qui la traque va commenceVraiment pas mal du tout, par contre c'est pas du tout le film auquel je m'attendais vu le titre et le pitch m'attendais a un truc plus haletant alors que finalement ça reste assez pépère avec une lente monté de la tension et un climax final lui aussi statique ( mais explosif tout de même ), de poursuite il n'y en a point.
Gros échec critique à sa sortie, le film tout comme
Bonnie & Clyde a depuis gagné ces galons de classique.
On est donc dans une petite ville typique du Sud ( pas profond, ici c'est pas du gros redneck mais la middle class ) de l'époque avec ces magnats du pétrole corrompu et ces habitants racistes ( pas tous mais presque ) et la violence est véritablement latente, ici l'american way of life en prend un coup tout le monde couche avec tout le monde ( et certains perso ont même des penchants sexuelles pour les jeunes filles ), le racisme est omniprésent ( il fait pas bon d'être noir et de se promener un samedi soir ou tout les blancs du coins sont bourré ), l'argent est roi ( voir notamment le petit couple de vieux qui se croit supérieur à tout le monde et qui veut tout acheter ), alors bien sur l'aspect critique sociale peut paraître un peu désuet aujourd'hui et le coté "l'homme est un loup pour l'homme" on l'a vu depuis des centaines de fois mais perso je trouve que ici ça fonctionne encore bien.
L'action se déroule sur un seul jour, un samedi pour être précis ( et surtout une très longue soirée ) avec une montée progressive de la violence : au début on en parle : l'évasion de Reeves est au centre de toute les discutions ( enfin avec la fête le riche propriétaire terrien de la ville auquel les habitants middle class ne sont pas convié ), puis on la mime ( voir la fête chez Robert Duvall ou tout le monde joue à se tirer dessus en se prenant pour Reeves ) puis elle progresse et on arrive à la violence verbal ( avec les 2 noirs qui font se faire agresser, leur seul tort étant d'être black ) et ça va finir par exploser avec un tabassage en règle du shérif par des habitants complétement alcoolisé ( ce qui n'est pas une excuse ) ou la folie collective fera sombrer tout le monde dans la violence la plus primaire.
Le montage est un modèle de précision et on alterne avec la douzaine de personnages qui vont tous finir par se retrouver au même endroit, tous utile au récit et tous très bien écrit, même si j'ai un léger bémol sur le perso de Redford car ce qui le définit c'est plus les paroles des autres que ces actions, il est trop en retrait et son personnage n'est finalement pas assez étoffé, on sait qu'au final c'est un brave gars qui a fait quelques conneries mais ça s'arrête là, tout ces personnages cumulent tout les défauts possibles : raciste, couardise ( défaut de 90% des personnages du film d'ailleurs, ils ne sentent courageux que lorsqu'ils sont en surnombre ), sexiste, jalousie, des défauts qui vont donc tous ressurgir avec le retour de Reeves, ce qui fait que alors il ne se passe pas spécialement grand chose ( c'est très bavard mais dans le bon sens du terme à savoir que c'est pas du bavardage inutile ) on ne s'ennuie jamais ( alors que le film dépasse les 2 heures ) et tout le monde perdra quelques chose ou quelqu'un après cette fameuse nuit.
Plutôt bien réalisé dans l'ensemble, un magnifique cinémascope ( maitrisé de bout en bout, on sent que le gars y sait se servir d'un scope ), par contre y a quelques raccords champ/contre champ plutôt limite, la violence est ici montré de façon très cash ( enfin pour l'époque mais ça garde quand même toute sa puissance )
Le casting c'est la grande classe, le film étant une grosse production de l'époque on retrouve que du beau monde, Marlon Brando ( alors au sommet ) assure comme jamais en shérif qui aimerait bien faire autre chose mais qui se doit de faire son boulot correctement, un homme de valeur ( le seul de cette foutu ville, le seul a qui on s'attache vraiment ), son accent du sud est génial est apporte beaucoup à son personnage ( par contre c'est le seul acteur qui parle avec un accent, actor studio quoi ) il magnétise l'écran à chaque scène et éclipse vraiment tout ces partenaires et selon la légende il se serait vraiment laissé éclater lors de la bagarre ( l'autre version c'est que la scène aurait été tourné avec des acteurs allant très doucement puis la séquence aurait été accéléré )
J'ai pas la classe avec ma clope au bec Robert Redford est plus en retrait, son personnage ayant finalement peu de présence mais il ne lui donne pas assez de prestance c'est pas encore le grand Redford qu'on connait, c'est la même chose pour Jane Fonda qui m'a pas trop convaincu elle fait un peu tapisserie et se fait bouffer par le reste du casting, Angie Dickinson et Janice Rule sont nettement meilleur avec 2 rôles féminin très bien écrit, dans les seconds rôles on a un excellent Robert Duvall en mari pathétique et peureux
et EG Marshall en riche homme d'affaire qui croit que l'argent peut tout acheter.
Le score est très bon.
Sur tout les Penn que j'ai vu c'est de loin mon préféré ( je déteste Little Big Man notamment ).
8,5/10