Casino de Martin Scorsese
Casino : Scorsese narre une histoire grandeur nature à l’échelle continentale celle de Las Vegas centre miteux et poussiéreux de l’Amérique ou vienne se déverser des milliards de dollars chaque année transformant un désert en une énorme plate forme de jeu clinquante. Le réalisateur expose une époque révolue où tout le monde se graisse la patte, les 60's/70's dernières décennies de la bonne vielle école mafieuse qui se fera engloutir par Disneyland.
In the casino, the cardinal rule is to keep them playing and to keep them coming back. The longer they play, the more they lose, and in the end, we get it all.
Pendant plus d’une heure dans une introduction démentielle, Scorsese mitraille à un rythme effréné les dessous de Vegas, un univers ou tout le monde se surveille pour obtenir sa part du gâteau du croupier au gérant du casino en passant par la police locale et les politiciens le tout supervisé par les grosse ponte de la mafia. A l’aide d’une voix-off omniprésente Casino décrit ses enjeux, chaque personnage peint son autoportrait tout en décrivant son voisin.
When you love someone, you've gotta trust them. There's no other way. You've got to give them the key to everything that's yours. Otherwise, what's the point?
La multiplication de point de vue s’allie à mouvement constant de caméra, Scorsese électrise une narration complexe par le rythme rock des Stones et le blues de grand classique soul. Casino représente l’apogée du travail formel de Scorsese, sa virtuosité éclate à chaque instant dans la composition des milliers de plans qui défilent sous nos yeux par le biais d’une maitrise technique hallucinante : des plans séquences, aux arcs de cercle de 180 °, zoom, ralenti, travelling latéraux, jeux de miroir, reflets … le tout dans une reconstitution pimpante.
Un bouillonnement d'idées de mise en scène
Le cœur de Casino : son opéra tragique déployant le schéma classique du rêve américain une ascension fulgurante finissant en chute vertigineuse. Robert « Ace Rothstein » De Niro, meilleur acteur du monde passe par une palette émotionnelle large en se compliquant la vie. Il organise un amour impossible auquel il croit méticuleusement incarné par la divine Sharon « Ginger » Stone tenant ici le rôle de sa vie en tigresse de luxe shooté animant la foule mais incapable de résister à l’appel de son mac interprété par un James Wood délicieusement pathétique.
80's : Here comes The End
Le clou de ce trio, l’impulsif Joe « Nicky Santoro » Pesci se réserve toute les situations cocasses et dialogues croustillants poussant à bout tout les protagonistes en voulant planter son drapeau en plein désert. Il emporte tout sa fougue dans une montée de violence brutale finissant crescendo dans une explosion de sang. Le début de la fin, l’arrivé des années 80, de la mondialisation, de l’aseptisation de masse incarné dans le brushing volumineux de Ginger et les costumes flashy d’Ace, Vegas devient un gigantesque parc d’attraction.
Normally, my prospects of coming back alive from a meeting with Nicky were 99 out of 100. But this time, when I heard him say "a couple of hundred yards down the road", I gave myself 50-50.
10/10