September DawnLe 11 septembre, un massacre perpétré au nom de Dieu a eu lieu sur le sol américain, mais pas celui auquel vous pensez. Cette fois, les coupables furent eux-mêmes américains et ils ont enterré ce secret avec eux pendant toutes ces années.
Le 11 septembre 1857, dans une vallée vierge de l'Utah, des colons de passage deviennent la proie d’une communauté de mormons vivant à l’écart de la société, reclus dans une piété obsessionnelle.
Le film s’attache tout d’abord à planter un décor habituel en abordant des thèmes typiquement américains, présents dans tous les westerns classiques, et ici emprunts d’un lyrisme très communicatif : l’homme face à la nature (les vertes prairies de l’Utah, la relation entre l’homme et l’animal), l’homme face à lui-même (le peuple indien omniprésent), et l’homme face à l’amour avec ces Roméo et Juliette revisités, tristement destinés à un sort funeste imminent. L’un est le fils du guide religieux des mormons, l’autre est la fille du guide religieux des colons. Leur amour permet de transcender les deux camps et souligne combien cette lutte fratricide entre humains est incompréhensible.
La suite est cruelle, insensée, bouleversante et pourtant bien vraie. Lorsque la tragédie frappe le film, tout le reste nous semble si lointain, si irréel, si cinématographique ! Que valait cette relation naissante entre un homme et un cheval indomptable qui finit par faire confiance en l’être humain ? Que valait cet amour d’une mère qui protège son enfant au péril de sa vie alors qu’elle ne l’a jamais enfanté ? Que valait enfin cet amour indicible né de deux cœurs purs ignorant la guerre et les clans ? Que vaut maintenant cette humanité pleine de cœur et d’espoir, plongée dans le sang et la noirceur de son âme : elle n’était que du cinéma. Fanatisme religieux, manipulation, massacre deviennent la seule réalité, effaçant celle, déjà lointaine, à laquelle on assistait au début du film et inventée de toutes pièces par l’esprit de l’artiste. L’homme est condamné à s’auto-détruire, tandis que l’artiste est condamné à imaginer qu’il possède encore un cœur.
Un film remuant, déchirant, et terriblement vrai. On en ressort pas indemne.
Note : 9/10si tant est qu'on puisse noter ce film... Le coeur n'y est pas.