Il est sorti pendant les fêtes, passé très inaperçu effectivement, tellement que je n'avais même pas réalisé qu'il sortait alors que je l'attendais. Je me suis rattrapé aujourd'hui... ^^
Il a également fait un bide retentissant au Box Office US.
CONTACT, c’est avant tout l’histoire d’un voyage passionnant autant extérieur, vers les confins de l’univers, qu’intérieur, au plus profond de l’être humain et de son infinie et inconnue immensité spirituelle.
Le propos philosophique du film étant posé, comment Robert Zemeckis parvient-il à le mettre en scène ? …et bien très brillamment. Sa réalisation et sa maîtrise de chaque élément d’un film sont légendaires et cette légende est belle et bien ici vivante. Tout le film est truffé d’ingénieuses prouesses techniques, comme dans le plan au début du film où la caméra "voltigeuse" de Zemeckis amorce un travelling, qui vient miraculeusement passer au travers d’une fenêtre close et qui installe définitivement ce vers quoi le film tend : percer un mystère. Ses travellings (qui n’ont jamais été aussi envolés) tous aussi périlleux et magistraux les uns que les autres, sont autant d’éléments qui font qu’on est littéralement transporté vers l’univers que Zemeckis parvient à crédibiliser, comme toujours à la perfection. Le cinéma est mouvement et Robert Zemeckis compte bien là dessus avec une caméra littéralement «déchaînée» et tournoyante, à l’instar de la quête spirituelle de son personnage qui s’envole sans cesse vers de nouveaux espoirs.
L’utilisation des effets spéciaux est une fois de plus très intelligente : entendons par-là que les effets visuels, quasiment tous créés par ordinateur, par le grand artiste Ken Ralston, sont comme dans tous les films de Zemeckis, utilisés au profit du film et qu’il ne s’agit donc pas de l’inverse. C’est ainsi que (comme dans le sublime FORREST GUMP) la moindre réflexion dans une flaque, le moindre écran de télé ou autres éléments de décor qui ont au sein d’un film, pour Robert Zemeckis, leur intérêt particulier dans un ensemble qui se doit être parfaitement cohérent, ont été retouchés par ordinateur de manière imperceptible et complètement bluffante par les plus en plus innovants et performants magiciens d’ILM. C’est ce souci du détail qui donne à tous les films de Robert Zemeckis leur caractère totalement abouti (Pensons à la renversante trilogie RETOUR VERS LE FUTUR et à son méli-mélo scénaristique impeccablement maîtrisé).
Le scénario, parlons en, ne peut qu’être des plus grands : Pour Zemeckis, et il tient ça du grand héritage hollywoodien, un film est avant tout un récit dont la narration est toujours admirablement établie par tout un langage cinématographique permettant une compréhension maximale du film. Ce langage hollywoodien est bien sûr parfaitement maîtrisé par Zemeckis et la fluidité scénaristique est naturellement au rendez-vous, malgré un début (les 30 premières minutes) lent à démarrer selon l’avis général, mais cruellement indispensable et inévitable pour la suite du film. Evidemment le récit est de qualité, puisque CONTACT est tiré d’un roman du très grand et regretté écrivain de science-fiction, auteur de nombreux best-sellers, Carl Sagan, auquel le film est tendrement dédié. La précision scientifique est de rigueur, rien n’est laissé au hasard, et l’histoire s’achemine progressivement et très habilement vers un élément perturbateur principal : la réception d’un signal extra-terrestre. A partir de là, le film scientifique cède la place à la science fiction et la transition se fait très naturellement. Toute la suite médiatique de cet événement est traitée logiquement avec un souci, encore une fois, de réalisme, le président étant cette fois carrément incarné (et à son insu) par Bill Clinton en personne dans une séquence qui n’est pas sans rappeler celles qui avaient déjà été couronnées de succès dans FORREST GUMP et qui mettaient principalement en scène John Kennedy. Ici les infographistes d’ILM rivalisent d’ingéniosité et présentent un nouvel accomplissement visuel et sonore criant de vérité. Mais là n’est pas l’intérêt principal du film car il a maintes fois été traité par d’autres films récents traitant d’invasions extra-terrestres.
La direction des acteurs est également à couper le souffle, mais cette fois le mérite revient principalement à la prodigieuse Jodie Foster qui interprète Ellie avec une telle profondeur, qu’elle en est bouleversante d’émotion : certainement sa meilleure prestation dont les précédentes étaient pourtant déjà largement convaincantes. Mais on voit qu’elle a complètement adhéré au personnage d’Ellie et qu’elle l’a profondément compris et assimilé à elle-même. Son jeu surgit du plus profond de son être et elle met tous ses sentiments à nu avec une sincérité déconcertante. Matthew McConaughey, pour le coup fait grise mine à côté d’une si rayonnante performance, mais il déploie des efforts tout de même remarquables pour incarner un personnage qui n’est de toutes façons pas aussi primordial que celui d’Ellie. Pour les seconds rôles, louons les efforts d’un Tom Skerritt convainquant qui interprète un personnage à double face qui tombe très justement son masque de crapule alors qu’il a enfin compris ce pour quoi Ellie luttait. James Wood, s’en tire plutôt bien également, dans le rôle d’un avocat gouvernemental véreux dont la vision de toute cette affaire est strictement politique et qui forcément s’oppose à celle d’Ellie. La très juste musique du compositeur déjà nominé aux oscars pour FORREST GUMP en 1994, Alan Silvestri, apporte un atout majeur au film, en transcendant les moments essentiels et en les transformant en des instants de spiritualité pure. Il sait également s’effacer avec une sobriété remarquable (piano, solo de cuivre) et toute la sensibilité qui est la sienne, lors de moments intimes mais toujours profonds. Voilà une musique efficace dans le sens où elle sert admirablement les images : la scène du départ d’Ellie est par exemple percutante d’énergie et d’audace, (à l’image de ce que James Horner avait su faire avec également beaucoup de talent sur APOLLO 13 de Ron Howard lors de la séquence du décollage de la fusée Apollo).
Il faut vraiment avoir vu CONTACT, ne serait-ce que pour la séquence du voyage qui à elle-seule vaudrait le détour, dans laquelle on s’attend à tout moment à l’incroyable et qui transporte le spectateur vers des sensations jusqu’alors inexpérimentées. Jamais plus l’on ne regardera le ciel de la même manière, jamais plus on ne pensera à la mort qu’en des termes négatifs, jamais plus nos courageuses tentatives de donner sens à nos vies se résulteront par un échec. Zemeckis nous livre les clés d'une meilleure compréhension de l'univers et de nous-mêmes. Cette séquence, c’est un moment frissonnant, transcendant, qui nous conduit vers une totale sidération lorsqu’en un plan absolument génial il nous présente les émotions tour à tour hystérique, effrayée, émerveillée de Jodie Foster qui, avouant qu’on lui a demandé la chose la plus bizarre et difficile de sa carrière, a dû jouer toutes ces versions émotionnelles de la situation séparément pour qu’elles soient ensuite combinées par ordinateur en un seul et même plan, une seule et même émotion, ainsi qu’avec une image brièvement intercalée de Jena Malone, l’actrice qui interprète la toute jeune Ellie au début du film. Cette «formule magique» digitale est ingénieuse de sens car se rattachant à tous les rêves qu’un enfant a imaginés, miraculeusement devenus réalité.
Ellie est une rêveuse, qui brûle d’intensité, mais elle n’est pas comme les autres. Elle est de ces personnages de l’Histoire qui ont un jour contribué à l’évolution de l’humanité vers des sommets toujours plus hauts. Cette fois-ci elle sur le point de toucher du doigt ce qui fait rêver l’humanité entière depuis le début de son règne, le secret de l’existence, la réponse à la question ultime «pourquoi ?» qui relève du gouffre spirituel tant sa simple évocation crée en l’être «existant» et donc pensant une implacable sensation de vertige. Cette sensation, on la ressent durant tout le film, et on s’accroche à ce personnage et à sa destinée comme on s’accroche à notre propre envie de découvrir l’ultime vérité.
Evidemment Robert Zemeckis s’attache à nous montrer et à critiquer tout d’abord les fausses pistes que l’humanité a empruntées dans cette quête : la religion. Elle est montrée comme un moyen très primaire de tout expliquer sans jamais le faire objectivement (ce qu’elle est bien en réalité), mais également comme une obstruction, finalement, à la «véritable» vérité, puisqu’elle en freine irrémédiablement la recherche (en quelques mots : ne cherchons plus ce qui est déjà là : Dieu). Le personnage d’Ellie, très justement, ne croit pas en Dieu, elle croit en la science, c’est-à-dire, une manière véritablement objective d’expliquer l’incroyable. C’est ce qui fait que la science a toujours été un moteur déterminant en bien des cas dans l’évolution humaine. Le regard de Zemeckis est une fois de plus profondément ancré dans l’Histoire de l’homme, et en particulier l’Histoire du XXème siècle pour laquelle il a une fascination, présente dans pratiquement tous ses films, ici brillamment synthétisée par le surprenant plan d’ouverture du film avec un voyage à travers l’univers et par-là même un voyage dans le temps avec au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la planète, un condensé de toutes les ondes radio émises depuis le début de notre siècle. Puis plus rien… comme si le XXème siècle était véritablement le grand tournant d’une humanité qui, au terme d’avancées technologiques toujours plus poussées et d’une connaissance toujours plus grande, désormais quitte son monde, va dans l’espace, marche sur la Lune, parle aux étoiles…et les écoute. Comme si l’humanité s’était brusquement réveillée et qu’elle était enfin prête pour le grand Contact avec un au-delà universel qui jusque là lui était interdit.
Alors, est-ce que Robert Zemeckis finit par nous la livrer cette vérité ultime ? Est-ce que son voyage finit par prendre une fin révélatrice ? En tous les cas il sait nous dire ou chercher : au fond de soi-même, car Ellie a traversé l’univers tout entier pour finalement réaliser son rêve le plus cher, dans un contexte lié à son enfance (un sublime décor de plage et la réminiscence soudaine qui s’en suit d’un «Pensacolla» qui a fait rêver la petite Ellie), car elle peut enfin revoir son père, même si ce n’est qu’une illusion créée pour faciliter sa confiance, par des extra-terrestres devenus des êtres spirituels, un état vers lequel les a conduit l’évolution et vers lequel l’homme est également destiné, et au-delà duquel l’infini de l’univers s’étend encore plus loin.
A partir de là, tout ce qu’on essayerait de dire sur la conclusion de ce film époustouflant d’émotion et d’éminence, serait vain car aucun mot ne pourrait l’expliquer mieux que le film lui-même et chacun peut en retirer le message qui le touche le plus personnellement de par son impact véritablement universel. Le personnage d’Ellie l’explique le plus simplement possible lorsque son émotion est au comble du voyage : «il n’y a pas de mots»…, car tout cela est de l’ordre de l’indicible. Le langage ne peut pas apporter une matière solide…mais le cinéma le peut lui, et le plus prodigieusement du monde…Il y a donc bel et bien Contact.
Note : 10/10
La bande annonce qui nous avait fait vibrer dans les salles à l'époque :
Si tu fais allusion à la longueur du texte, elle est surtout motivée par l'envie d'être le plus complet possible sur un film que j'admire particulièrement. Je trouve ça indigeste et je ne réserve ça qu'aux films qui me sont très chers. La plupart du temps je préfère une critique courte et concise, qui va à l'essentiel et ne s'égare pas ou n'égare pas son lecteur ! Donc, non tu n'as pas l'air d'un con...