Red Cliff part. IIde John Woo
Ca y est, après plus de 6 mois d'attente, la suite de Red Cliff est enfin là, alors que vient juste de sortir chez nous la version internationale retitrée les 3 royaumes et amputée de 2h30! (la grande interrogation c'est "qu'est-ce qu'ils ont bien pu enlever car il n'y a aucune scène superflue sur 5h de film!!!) La première partie était une réussite sur tous les points et une véritable renaissance artistique pour le grand John Woo, qui en 10 ans s'était fait complètement broyer par la machine Holywoodienne, comme tant d'autres... Retour au pays, retour aux sources et à un cinéma grandiose, ce Red Cliff 2 ne surprend plus mais le spectacle est à la hauteur de la frustration à la fin du premier, énorme!
Dans cette suite il va tout développer, avec moins de combats mais des enjeux qui vont grandissants, certains personnages en retrait dans le premier prennent ici une importance considérable tandis que d'autres prennent du recul, mais mon dieu que c'est intelligemment fait...
Dans une oeuvre démentielle de près de 5 heures, John Woo réinvente le cinéma épique, celui qui impressionne et fait rêver... c'est immense!!!
On retrouve tous les personnages à l'aube d'une bataille navale qu'on attendait tous et qui sera bien sur le point culminant de cette deuxième partie. Mais avant il se passera beaucoup de choses car cet affrontement n'arrive qu'à la dernière partie... Entre temps c'est plus une guerre psychologique que se livrent les deux camps, certains respectant une certaine forme d'honneur et d'autres pas... Par conséquent certains personnages forts comme les trois généraux Guan Yu, Zhao Yun et Zhang Fei, purs guerriers, sont mis de côté au profit des tacticiens Zhou Yu et Zhuge Liang avec les prestations de Tony Leung et Takeshi Kaneshiro toujours impériaux. Comment certains ont pu trouver ce dernier transparent dans ce rôle??? Il est juste au top en maitre de la stratégie, sorte de génie à l'intelligence et aux sens surdéveloppés.
Le côté dramatique est plus présent aussi avec des enjeux familiaux et fraternels, en particulier pour le personnage de Tony Leung qui est toujours excellent dans ces rôles entre force et fragilité...
Mais LE personnage qui va s'affirmer dans cet opus c'est clairement celui de la débutante Lin Chiling, en Xiao Qiao. A la fois épouse, future mère et finalement celle qui est au coeur du conflit (Cao Cao n'utilise la réunification de l'empire que comme excuse), elle déborde d'humanité et de don de soi, elle en est très émouvante. C'est aussi Chang Chen qui prend beaucoup d'importance, s'affirmant enfin comme un leader et un roi, laissant son confort et sa peur dans son palais...
Sans aucun temps mort alors qu'il n'y a que peu de scènes d'action, Red Cliff II joue à fond la carte du drame historique, avec sous-intrigues et tactiques politiques et militaires. C'est d'autant bien mené qu'on ne voit une fois de plus pas les 2h30 passer!
Et finalement ce deuxième épisode est peut-être encore mieux que le premier car plus grave, car il n'y a plus vraiment d'exposition et qu'on rentre de suite au coeur du récit. De plus Red Cliff II marque le retour d'un autre grand nom du cinéma de John Woo, et du cinéma de Hong Kong dans ses meilleures années : David Wu. Le monteur de génie qui s'était lui aussi égaré en occident fait son grand retour pour un résultat en tout point exemplaire, montant le film de Woo comme à son habitude, comme une partition musicale, c'est superbe!
Et quand arrive enfin cette denrière et longue partie du film, l'action prend le dessus sur tout et John Woo nous livre ce qu'il a fait de mieux depuis très très longtemps! Ca s'enchaine à un rythme incroyable, entre assauts maritimes et bataille rangée au sol, avec encore des mouvements de troupes et tactiques jamais vus (comment récupérer 100000 flèches quand on en manque!!!). La mise en scène est d'une ampleur que même les meilleurs réalisateurs américains ou néo-zélandais (on pense bien sur à Scott et Jackson) n'ont pas réussi à atteindre, les chorégraphies toujours signées Corey yuen sont parfaites... Bref c'est la suite qu'on attendait et au final si on dresse un bilan de cette oeuvre mégalomane, c'est une réussite quasiment parfaite car 5h de film sans s'ennuyer 5 minutes il fallait le faire.
John Woo l'a fait, il mérite un immense respect et toutes les félicitations possibles car son talent est toujours là et ça n'augure que du bon pour le futur.
Chapeau bas!
10/10