La nuit américaine de François Truffaut 1973
La Nuit américaine est certainement le premier " Making off " cinématographique de longue durée de tous les temps.
Toute la machinerie nécessaire au fonctionnement d’un film est présente sur cet immense plateau ou l’on côtoie une véritable pyramide hiérarchique partant d’un essaim de petits boulots (Accessoiristes et assistants) jeunes pour la plupart faisant leurs premiers pas dans les métiers du cinéma.
Cette spirale nous transporte vers le caïd du plateau le réalisateur Ferrand essayant en maîtrisant son stress de faire avancer le tournage de son film « Je vous présente Paméla » compromis quotidiennement par les humeurs des comédiens qui ne sont que des humains fragiles devant contenir les trépidations capricieuses d’une vie quotidienne agitée par une concentration à toute épreuve que nécessite l’interprétation de personnages rigoureux.
Ferrand se débat entre journées épiques et nuits cauchemardesques. Le tout sur pression quasi permanente de son producteur.
Des interactions interviennent entre comédiens et personnages qui ne se contrôlant plus vivent les mêmes passions que leurs rôles. Le virtuel devient réalité.
Séverine actrice grignotée par l’alcool s'avère incapable de réciter un texte à la perfection, toute l’équipe n’étant pas dupe de ses maladresses l’encourage malgré tout à persévérer qu’importe les aléas l’entreprise doit réussir même si il faut employer la flatterie hypocrite qui bypasse le constat d’une actrice déclinante.
Alphonse comédien jeune et fougueux à l’image de Julien Sorel ne sait pas gérer ses soudaines passions éphémères qu’il ressent pour Paméla qui en véritable mère plutôt que femme accepte de noyer dans l’étreinte ses démesures.
Alexandre par un événement tragique apporte ce que chaque metteur en scène redoute le plus pendant le tournage d’un film.
Toute la ruche des assistants avec les jeunes comédiens débutants que sont à l’époque : Nathalie Baye, Dani, Bernard Menez et Jean François Stévenin sont par leurs fraîcheurs les emblèmes de ces métiers du cinéma stressants mais conviviaux.
La scène du chaton refusant d’exécuter ce qu’on lui demande est symbolique d’une équipe soudée persévèrante.
A fur et à mesure que le temps passe l’inquiétude se lit sur certains visages, que feront-ils après ? Le dernier jour de tournage avec le traditionnel pot de départ malgré son coté festif désintègre toute une chaîne d’esprits soudée sur un même produit.
La Nuit américaine œuvre culte porte le nom le plus fabuleux « Vie ». Ce qualificatif fabrique de bas en haut un groupe ou chacun motivé par son travail active une énergie ou tout n’est qu’un.
Vive le cinéma.
9/10