La passion du Christ Mel Gibson 2004
Devant la vision d’un tel film on ne peut s’empêcher de le rapprocher de ce dominant installé confortablement dans nos vies depuis une bonne décennie, rythmant nos pulsions du matin au soir par « l’attrait » d’un voyeurisme encore sous contrôle mais pour combien de temps.
Le futur look Internet transposé sur écran large se déchaîne pendant plus de deux heures. Un cobaye consentant est matraqué, flagellé, mis en croix dans des conditions très proches de l’exécution d’un otage sur la toile sauf que le pauvre malheureux filmé en temps réel par ses bourreaux n’a pas choisi un tel scénario quoique...
La personnalité du Christ se transforme d’œuvre en œuvre en s’adaptant à l’actualité et aux technologies. Le pauvre en prend et en redemande. De la pure boucherie jouissive et hors de prix filmée par un professionnel plus journaliste que cinéaste stressant en permanence un plateau perdant sa connexion avec une virtualité.
Les évangiles au même titre que différentes traductions offertes à des œuvres classiques sont triturés pour n’offrir en définitive qu’un J.T de vingt heures au look Irakien.
Jésus devient le porte parole du sacrifié sautant sur un marché, torturé en détention, harcelé moralement dans son entreprise ou candidat d'un jeu télévisé débile Japonais.
La croix en ces temps incertains est l’idéologie de nombres de nos concitoyens sans repères, récupérés, drainés en salles obscures par ce produit déprimant n’alimentant qu’une fausse fatalité pouvant se transformer en haine d’une seconde à l’autre.
L’étude de Jésus est avant toute chose Théologique n’excluant pas l’apport d’un travail cinématographique soigné et surtout épargné de tout contexte récupérateur.
Ce cheminement de plus en plus effrayant vers la croix ressemble à un live CNN n'exluant pas forcément la fidélité d'un réalisateur envers ses convictions religieuses.
Mel Gibson se sert uniquement et commercialement de l'impact de son temps sur ses contemporains.
Les plus anciens suivent le logo de Golgotha à la passion du Christ en passant par la Tunique, Ben-Hur, Le roi des rois, Barrabas, Jésus de Montréal et la dernière tentation du Christ.
Une enseigne relookée au fil des opus, récupérée ces derniers temps par des hommes avides de profits détruisant un esprit respecté par un septième art défun.
Après deux conflits mondiaux, un homme roué de coups en permanence ne s’exprime pratiquement plus.
Ou est donc passé le message religieux distribué principalement par la voix?
Jésus devient au début de ce XXI siècle une dégénérescence humaine non assumée par un esprit manipulateur préférant l’offrir à un personnage scénarisé plus corporel que verbal dont la résurrection ressemble de plus en plus à une peau de chagrin.
7/10
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.