Les Seigneurs de guerre Peter Chan Sun Chan - 2007
Spoiler
Un des derniers bons films de genre du cinama HK avant qu'il tombe définitivement dans le même déclin que le cinéma italien, déclin amorcé il y a un moment avec ce propagandisme nationaliste de plus en plus présent pour ne pas dire omniprésent, mais pas ici alors que le sujet s'y prêtait allègrement. Alors le film souffre clairement de la comparaison avec Red Cliff mais il propose autre chose, plus un film de personnage qu'un film d'action ainsi passé la première demi heure on a 5 minutes de combats dans tout le reste du film ( ou presque ), de plus les meilleurs moments étaient montré dans la BA fort heureusement le film se rattrape sur son histoire réellement passionnante ( mais peu original car au bout d'1h de film on connait déjà la fin tant l'évolution des personnages se voit venir grosse comme une maison ) et sur son casting impeccable ( vraiment le gros atout du film ).
Le film est donc centré sur 3 frères d'armes qui vont s'engager dans l'armée pour survivre puis y rester par opportunisme, autant les motivations de Lau et Kaneshiro ont les comprend mais celle de Jet Li reste un peu plus évasive ( au début c'est plus par vengeance et plus l'histoire avance plus son perso devient sombre et imposant ).
Ce casting 3 étoiles tient toutes ces promesses, c'est un des rares rôles où Jet Li est vraiment acteur et pas artiste martial ( y a pas de wushu dans le film, un autre acteur aurait tres bien pu tenir son role pour les combats ) et il s'avère particulièrement bon ( peut être même sa meilleur prestation même si j'aime beaucoup ce qu'il fait de Wong Fei Hung chez Tsui Hark, ici il tient vraiment un rôle à l'opposé de d'habitude ) et tient la dragée haute à l'impeccable Andy Lau ( bien entendu le meilleur acteur du film comme c'est souvent le cas avec lui), dès qu'il est à l'écran, y a un truc, il est très classe et ce tout en retenu, il a pas besoin de surjouer, être là lui suffit, Kaneshiro est plus en retrait mais c'est plus son personnage qui veut ça mais il assure vraiment, Xu Jinglei apporte la touche féminine essentiel à l'histoire, bon par contre on a du mal à croire a son histoire d'amour avec Jet Li mais elle est là pour servir d'enjeu dramatique nécessaire à l'histoire, ça fait un peu prétexte pour la dramaturgie de l'ensemble.
Le film souffre de défaut assez chiant par moment à savoir des ellipses pas toujours bienvenues ( les scènes de sièges sont zappées alors qu'elles ont duré 1 ans et la campagne militaire qui a duré 5 ans est réduit au strict minimum ) mais c'est rare de voir dans un WXP des scènes où la famine tue autant que le guerre elle même. Peter Chan prend le parti de ne jamais rien sublimer, il prend pas parti et livre juste des faits. Mais Chan prend plus de temps qui lui faut pour raconter son histoire, à savoir qu'on sait exactement où on va, du coup ça donne l'impression d'un mec un peu lent à qui il faut 2h pour exprimer un truc qu'on capte en 10 minutes mais bon au moins il fait pas de concession et va à fond dans le nihilisme.
Niveau réalisation c'est vraiment bon, souvent classe, les chorégraphies de Tony Ching Siu-Tung sont pas excentrique comme a son habitude et colle parfaitement au coté réel voulu, ici pas de câble, pas de surhomme ( bon quoique Jet Li lors de la grosse scène épique il est ultra fort et un peu cheater à la Legolas ), non ici du combat de masse bien bourrin, le sang gicle, les épées tranches des membres et des têtes ( le plan sur Kaneshiro c'est ultime ), un peu de gorge aussi, enfin du moment que ça saigne, c'est montré, a noter que les ennemis se battent avec des canons et des fusils ( assez rare dans un WXP pour être souligné), c'est vraiment épique et violent et sacrément bien réalisé ( un exploit quand on voit le nom du réalisateur ) mais voila ce gros climax arrive après 30 minutes et que la suite est pas du même acabit, d'ailleurs les 3 derniers quart d'heure se transforme un peu en intrigue de palais pas follement original et trépidante. On rajoutera dans le positif des scènes de combats qui ont un réel soucis du détails et des techniques militaires, ce qui est assez rare pour le genre.
Le climax final est à l'image du film poisseux avec un Jet Li sur de sa force mais on atteint pas le sommet dramatique voulu, les morts d'Andy Lau et Xu Jnglei sont bien plus marquantes.
La photo est grise, terne, sablonneuse, elle renforce la misere des combats et les conditions de vie précaires des brigands, ici les guerriers sont sales, mal habillés, on est a mille lieux des films l'Oreal de Yimou ou même des belles armures de chez Woo, et ça rend vraiment bien avec notamment un ptit grain voulu ( enfin je pense ).
Alors c'est ni Seven Swords, ni Red Cliff mais c'est tout à fait recommandable.
7/10