par Scalp » Jeu 16 Avr 2009, 17:47
10/10
Open Range de Kevin Costner - 2003
" Men are gonna get killed here today, Sue, and I'm gonna kill 'em."
Un film qui permet de se rappeler que le vrai cinéma devient une denrée rare et que ça fait toujours un immense plaisir de revoir ce genre de classique, c'est une madeleine de Proust et dans le genre la filmo de Costner en regorge, bon ici c'est toujours la plus récente mais pas la moins marquante (en attendant Horizon qui va péter des culs).
Le genre de film qui impose le respect car c'est le film d'un mec qui a décidé de faire le cinéma qui lui plait sans en avoir rien à foutre des modes ou de la marche à suivre (et on peut dire pareil pour son prochain film), évidemment c'était voué à l'échec public (j'espère que Horizon va marcher putain), un film trop tourné vers le passé pour attirer le public post modernise en salle mais un film terriblement bon qui nous rappelait alors que Costner était toujours un grand. Mais malgré un succès d'estime, la carrière de Costner a toujours été faite haut, très haut, et de bas, très bas, tellement bas qu'il a tourné chez Besson (en terme de lose ça se pose là). Mais c'est pas grave car il laissera quoiqu'il arrive une vraie trace dans le cinéma et ça y a finalement pas tant de monde qui peut en dire autant (combien de soi-disant films géniaux de ces 10 dernières années sont déjà tombés dans l'oubli). Même si je suis pas un grand fan de Postman, le film a clairement de beaux restes et ne méritait pas ce mépris, Danse avec les loups c'est pas la peine de revenir dessus, il fait parti désormais des classiques intemporels (un mot dont Refn, Villeneuve et Nolan devraientt lire la définition à l'occaz). Open Range est devenu un petit classique, le genre de film réservé aux gens de gout (ceux qui aiment pas Ritchie), Costner aime le genre et signe un film à l'ancienne, à la Ford/Mann (plus Mann que Ford d'ailleurs), un cinéma des grands espaces à hauteur d'hommes.
Sur ce film il délaisse le coté contemplatif des Loups et signe même un final explosif complètement inattendu, mais il a toujours ce gout pour les belles images et là c'est un plaisir des yeux constants ( des décors naturels parfaitement choisis et mis en valeur).
Alors oui l'histoire est très classique mais elle respecte le genre, et s'attarde surtout sur les personnages et le talent de Costner pour raconter une histoire simple et touchante fait qu'on reste captivé de bout en bout, car c'est ça qui fait la différence, il croit en ce qu'il raconte et donc on y croit. Il nous fait aimer ses personnages, les fait vivre, leur donne de l'épaisseur sans que jamais ça fasse forcé ou gratuit et souvent avec 3 fois rien, on appelle ça le talent.
Le film prend le temps de bien présenter ses personnages au passé forcément mystérieux, notamment la relation Charley/Boss qui est véritablement un des points forts du film, leurs dialogues sont vraiment excellents, le passage où le perso de Costner a sa phrase la plus longue c'est quand il explique comment le gunfight va se dérouler, ça colle au personnage et ce qu'on nous à montrer de lui à petit, le personnage de Mose malgré le peu de scènes où il apparait nous touche vraiment et son sort n'en sera que plus triste.
On a même droit a une histoire d'amour subtilement amenée et qui est loin de plomber le récit : la scène chez le marchand avec Charley et sa porcelaine c'est vraiment bien pensée. Plus qu'un western fait de sang et de poussière, façon y a de la verdure ici à la place de la poussière, c'est surtout une vraie ode à la nature. On y retrouve aussi une certaine naïveté à la Ford (contrebalancé par le coté Mann du personnage de Costner) avec cette entraide entre les personnages.
Et comme souvent avec Costner c'est super beau avec des plans magnifique a la pelle, ça a été tourné au canada avec des plans 360° où ne voit que de la verdure a perte de vue, et des scènes de tension parfaitement maitrisées, toute la séquence de l'orage en ville ça tue ( y a même des trucs que j'avais jamais vu avant notamment les planches pour avancer sous la pluie, c'est tout con comme idée mais ça fonctionne bien ), puis petit à petit la tension monte doucement jusqu'au climax ou arrive Baxter et ses hommes, dont un tireur très rapide et là d'un seul coup Costner lance les hostilités et hop d'une balle en pleine tête le super tueur est dégagé en 2 secondes.
Et c'est parti pour un gunfight assez long, super bien découpé avec des cadres toujours bien trouvé et qui évite les plans inutiles, la gestion de l'espace est limpide, on comprend les places de chacun et la camera se faufile dans entre tout les éléments du décor et ça fait de chichi c'est sec et violent ça se tire dessus a bout portant, les coup de fusils font mal, c'est réellement assourdissant, et Charley se révèle sans pitié : la scène où il passe entre les 2 ruelles pour tuer un des méchants c'est la classe, Costner se permet même de finir son gunfight avec un ralenti très classe avec Robert Duvall, on assiste ici a un des meilleurs gunfight de l'histoire du western, il se place juste dérrière Wild Bunch. Une séquence qui 20 ans après met toujours la trique a quasiment tout ce qui est sorti depuis, ici c'est pas du Marvel, du plan séquence à la 1917 ou des perso bleus à la con donc si tu vois pas la différence tu peux aussi acheter des lunettes pour faire la différence entre un truc balourd et une scène qui respire le cinéma et où y a des réelles idées de mise en scène.
Mais là où le film fait fort c'est qu'il arrive encore a captivé après un tel morceaux ainsi les 20 dernières minutes très calmes passent toute seule alors que souvent les scènes après le climax finales sont vite soulante (non je parle pas du Retour du Roi mais je pourrais).
Alors oui c'est très manichéen, mais on s'en fout (même si le passé de Costner laisse penser que c'était pas un enfant de choeur, il est ici à la recherche de la paix intérieur mais cette paix passera avant tout par les colts). C'est une ode a la liberté et la défense des valeurs symbolisée par le perso de Duval avec son leitmotiv : "Man's got a right to protect his property and his life, and we ain't lettin' no rancher or his lawman take either. "
Le casting est parfait : Costner en cow boy bon bein ça le fait et c'est toujours un putain d'acteur qui méritera toujours mieux que les rôles qu'on lui offre depuis 20 ans, il s'offre un rôle assez mutique, il a pas besoin de parler de toute façon, son personnage rappelle pas mal ceux jouer par Stewart chez Mann (je radote), un homme au sombre passé qui veut juste avancer et trouver une certaine paix, Duvall en impose en oldmen qui faut pas faire chier, un peu sa marque de fabrique, Duvall on dirait qu'il est né vieux et qu'il joue toujours le même perso mais putain qu'es ce qu'il gère, Annette Benning apporte ce qu'il faut de féminité à son personnage pour qu'on croit à la love story, le bad guy prouve qu'il y a pas besoin d'avoir Gene Hackman pour avoir un très bon en méchant, et les seconds rôles sont tous excellent mention au tueur qui se la pète interprété par ce bon vieux Kim Coates, "That's right. I shot the boy, too. And I enjoyed it." Et puis on a tout le jeune Diego Luna avant qu'il parte faire de la merde dans SW.
Le score de Kamen est plutôt discret mais toujours dans le ton du film.
Vraiment dommage que ce film n'ai pas pu relancer la carrière de Costner, pourtant le film a pas fait un bide, mais bon pas de 3D, pas de casting teen, pas de super héros, pas de HFR, pas de Andy Serkis qui joue un canasson, le film était condamné d'avance ....
Ford, Mann, Leone, Peckinpah, Clint et Costner, le 5 majeur.
Alors quand on me dit t'aimes rien, bein si j'aime les bons films, pas de ma faute si il y a que des merdes depuis 10 piges. Costner ou le dernier des Mohicans, et Horizon va venir nous le rappeler. Le cinéma c'est Costner et pas Dune 2.
"I got no problem with killing, Boss. Never have."
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