Antichrist de Lars Von Trier
7/10Résumé :
Un couple en deuil se retire à " Eden ", un chalet isolé dans la forêt, où ils espèrent guérir leurs coeurs et sauver leur mariage. Mais la nature reprend ses droits et les choses vont de mal en pis …
Critique :
Attention ! Voici un film à ne pas mettre entre toutes les mains !
Vous trouviez que le cinéma de
Lars Von Trier était trop barré ? Alors passez votre chemin car cette fois-ci, il a encore atteint un nouveau stade …
Comme il nous l’avez habitué avec
Dogville et
Manderlay, le film est divisé en chapitres théatraux avec un titre pour chacun d’entre eux :
- Prologue
- Chapitre 1 : Le deuil
- Chapitre 2 : La douleur
- Chapitre 3 : Le désespoir
- Chapitre 4 : Les trois mendiants
- Epilogue
Encore plus que d’habitude, le réalisateur joue sur le sensoriel autant au niveau de l’image que du son.
Il est ici question de métaphore perpétuelle : chaque étape est symbolisée par un animal qui interfère dans la vie du couple (deuil = daim, douleur = renard, désespoir = corbeau) et il est clair qu’il est difficile de tout comprendre dés la première vision tant cette œuvre est complexe …
Le film fait débat pour son côté gratuitement choquant.
Et bien premièrement, je ne l’ai pas trouvé si choquant que ça et deuxièmement, il n’y a rien de gratuit dans ce film : chaque scène a sa signification.
Bien sûr, il y a une brève scène de pénétration en gros plan dés le prologue dont on aurait pu se passer mais ça n’est qu’un détail.
La scène de masturbation et celle d’excision sont tout à fait justifiables.
On peut toujours parler du fait de les mettre hors champs plutôt que de les filmer en gros plan mais du moment qu’elles ont un intérêt, après c’est au réalisateur de décider comment il veut les mettre en scène …
Côté interprétation, il n’y a rien à dire :
Charlotte Gainsbourg et
Willem Dafoe sont habités par leur rôle et donnent tout ce qu’ils ont pour le film.
On peut dire que
Von Trier est vraiment doué pour repousser les acteurs dans leur retranchement et en tirer toujours plus !
Enfin, j’ai une préférence toute particulière pour le prologue qui est vraiment magnifique (et le mot est faible) !
Le réalisateur filme le couple au ralenti en train de faire l’amour pendant qu’il arrive un drame à leur enfant, le tout sur un morceau d’opéra.
Il utilise un filtre qui rend l’image enocre plus belle et plus envoûtante.
Cette séquence qui doit durer environ 3 minutes est parfaite et renvoie au placard les
Matrix et autre
300 …
A l’opposé, j’ai trouvé le chapitre 2 assez chiant : c’est celui où il se passe le moins de chose et pour tout dire, les discussions psychanalitiques du mari me sont un peu passées au-dessus de la tête.
Au final, on obtient un film complexe et sensoriel dont on ressort avec une impression bizarre.
C’est en y repensant après coup qu’apparaît tout le génie du réalisateur.
C’est le genre de film « coup de poing » qu’on adore ou qu’on déteste en fonction de notre degré de perception de l’œuvre …
Difficile d’en dire plus tant ce film est une expérience à part entière.
Je pense qu’une deuxième vision sera nécessaire pour m’en faire un avis un peu plus précis.