par Scalp » Dim 17 Aoû 2008, 17:52
7.5/10
Wong gok hak yau de Derek Yee - 2004
En 2004, le polar Hongkongais c'est Johnnie To et les autres, parmi les autres on trouve surtout Derek Yee (même si cette année là on a un super Love Battlefield qui est sorti) qui allait alors enchainer 3 bons petits polars (le Jackie Chan et Protégé), bon depuis il fait malheureusement de la merde. Ancien acteur de la Shaw Brothers, sa reconversion à la réalisation se révèle dans l'ensemble tout de même être une belle réussite..
Le film commence en noir et blanc ( j'ai pas trop compris pourquoi d'ailleurs, visuellement ça apporte pas de réel plus enfin un beau N/B c'est toujours cool même si ça a pas de réelle justification). Mongkok est le quartier historique des triades, alors c'est pas la première fois qu'on le filme dans un polar Hongkongais mais ici pour une fois on lui donne une place clairement centrale en lui donnant un vrai rôle, alors que la plupart des polars HK qu'on a eu depuis pourrait se dérouler dans n'importe quelle ville (y a une vraie volonté de s'internationaliser). Ce quartier qui est une ville au coeur de la ville donne lieux à un huis clos à ciel ouvert qui combine donc unité de temps (une nuit) et de lieu et nous offre un gigantesque jeu du chat et de la souris.
On va donc suivre une galerie de personnages lors de cette nuit, Yee n'est pas le réalisateur le plus tranchant du lot du coup faut pas s'attendre à un déferlement d'action et un rythme de fou, il préfère miser sur l'ambiance, ce serait un peu l'anti Longest Nite, même sujet et même genre de perso mais traitement à l'opposé car Yee fait aussi dans le social ici, les personnages du film étant des chinois venus à Hongkong pour réussir ou survivre mais c'est pas si facile pour eux, un thème qu'on retrouvait déjà dans les tout premiers polar HK (près de 20 ans avant la rétrocession donc) et qui n'a jamais cessé d'être au coeur des intrigues.
Un fils de chef de triade est tué, un tueur chinois est sur place (tueur débutant, presque là par hasard), les flics sur les crocs et on est parti pour une nuit sanglante.
Alors la rencontre tueur/prostituée c'est devenu un classique du polar à HK (et même du polar tout court) et ici ça apporte rien de neuf et on a déjà vu ça et surtout en mieux car Daniel Wu et Cecilia Cheung ont beau faire ce qu'ils peuvent on est pas dans la catégorie grand acteur et ils ont certaines limites, surtout Cecilia quand elle doit jouer dans un pur registre dramatique, elle est clairement peu convaincante et jamais crédible dans son rôle de pute dommage car le couple est attachant, Wu s'en tire bien mieux dans son rôle de tueur conscient de sa condition, par contre Alex Fong en flic c'est plus que bof. Heureusement on a l'éternel Lam Suet, Sam Lee et Chin Ka-Lok (qui s'occupe aussi de la partie action) dans les seconds rôles, des têtes habituelles qu'on est toujours content de voir.
Le film évite l'écueil des personnages clichés (même la pute vénale est bien traitée) et y a pas de bons ou méchants et on est dans un univers où l'espoir est presque toujours illusoire. Ce sujet a déjà donné des chefs d'oeuvre : Collateral, Longest Nite ou même PTU, ici on est quand même un cran en dessous.
Yee arrive bien a camper l'atmosphère de ce quartier, avec ses ruelles sombres, les rues bondées de monde, les vieux immeubles délabrés. Pour l'action on a par moment l'impression de voir du Fukasaku avec ce scope penché, il livre quelques scènes très réussites comme une descente silencieuse dans un hôtel qui se termine de manière bien cash. Yee s'amuse aussi pas mal avec les petits effets de style, le NB du début mais aussi des split screen (qui fonctionnent) Et la photo du film est aussi une belle réussite et participe entièrement à l'ambiance du film.
A la fois polar noir et drame humain, Une Nuit à Mongkok s'avère être un bon film à qui il manque juste un casting différent pour pour être une entière réussite. De loin le meilleur film de son réalisateur.
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