Créatures céleste
Résumé : Les années 50, en Nouvelle-Zélande. La vie de Pauline, adolescente timide et complexée, est transformée par l'arrivée dans sa classe de Juliet, jeune anglaise brillante et arrogante. C'est le début d'une étrange amitié entre les deux jeunes filles. Peu à peu, la relation qui s'installe entre elles les coupe du monde et des autres; elles s'inventent des histoires et des univers dont leurs proches, de plus en plus inquiets, sont exclus. Mais les deux jeunes filles sont prêtes à tout pour rester ensemble...
Avis : Tout d’abord première et indispensable précision c’est Peter Jackson aux commandes. Après avoir fait fantasmer tous les amateurs de gore et avoir battu le record du nombre d’hectolitres de sang déversés avec Braindead, il prend tout le monde à contre courant en proposant ce « Créatures célestes », histoire d’amitié et d’amour entre deux jeunes filles allant jusqu’à commettre l’irréparable…
Le film est ancré dans son époque (année 1950 – 1960) avec les mœurs correspondantes. A ce sujet, il est intéressant de constater que le mot « homosexualité » n’est prononcé qu’une fois de manière embarrassé et hésitante par le Dr Bennet après avoir examinée Pauline (zoom sur une bouche hésitante, filmé comme une sentence de tribunal), ce « maux » est d’ailleurs considéré comme une « maladie ».
L’évolution de la relation entre les personnages est très forte et on retrouve toutes les étapes d’une relation amoureuse. La scène de la rencontre entre les parents de Pauline et Juliet est ainsi la présentation aux parents de l’être aimé (préparation de gâteau, échange de banalités, discussion sur les parents, malaise de Pauline…) D’ailleurs c’est lorsque que le personnage de Juliet sort de l’hôpital et voit avec Pauline le père de Juliet elle se jette sur lui et l’appelle toutes les deux « papa » (entré dans la famille, appartenance). Cette étape forte met la puce à l’oreille du père de Juliet. Plus tard dans le film on voit que le fantasme de Pauline est d’appartenir à la famille de Juliet et de faire éclater au grand jour son histoire d’amour avec Juliet qui devient alors une histoire homosexuelle et incestueuse.
L’homme n’est que peu représenté dans cette histoire d’amour et relégué au rang de faire valoir. A ce propos, Pauline rencontre John durant le séjour à l’hôpital de Juliet et passe à l’acte tout en phantasmant sur son univers imaginaire et Juliet. Une fois l’acte consommé le personnage masculin sera mis au second plan et ne réapparaitra que pour une mise à mort symbolique dans le monde imaginaire. Rien ne peut entraver l’amour de ces créatures célestes.
La mise à mort finale (car c’est bien de ça qu’il s’agit) est filmée avec justesse et nous indique la volonté de Pauline et l’hésitation de Juliet. Le passage à l’acte est quand à lui violent et traumatisant.
Ces deux personnages ont ainsi bénéficiés d’un film ne s’intéressant pas uniquement au meurtre mais aussi aux raisons de celui-ci et ce sans vouloir le justifier. Ce film a ainsi permis de réhabiliter (sans une certaine mesure quand même) ces personnages même si certains points on était laissé son silence (la sœur de Pauline, Rosemary atteinte de trisomie 21). Après la sortie le cinéaste recevra une missive d’une des sœurs de Pauline indiquant que la relation entre les deux personnages est très bien retranscris. Ainsi l’intervention de Peter Jackson (comme dans chacun de ces films) est d’autant mieux choisi (elles l’embrassent toutes les deux à la sortie du cinéma après avoir le film avec Orson Welles).
En termes de paysage le film est superbe ave une utilisation parfaite de la nouvelle Zélande, qui sera encore plus mis en avant durant le tournage de la trilogie du seigneur des anneaux (d’ailleurs une partie des décors filmés sont les véritables lieux de ce drame)
Pour moi ce film me pose néanmoins un souci : son visuel est superbe, très bien et intelligemment filmé, les actrices excellente (mention particulière à Kate Winslet) mais il manque un peu de rythme à mon goût. Surtout cette histoire ne m’a pas émue tant que ça du fait d’une distance avec les personnages qui s’expliquent par plusieurs points:
- Tout d’abord l’époque différentes et donc une façon de penser correspondant à l’époque (néanmoins cet argument n’es est pas réellement un car je suis touché par exemple par des films tels que Gladiator qui correspond à une époque différente)
- L’histoire n’a pas la même résonance pour le public hors nouvelle Zélande du fait qu’il s’agit d’un fait divers propre au pays dont on a peu entendu perler en dehors des frontières et donc on perd un peu de l’ambiance du film (imaginé chez nous un film sur le petit Gregory pour prendre une histoire qui avait bouleversé l’ensemble de la France à l’époque)
- Difficile (pour ma part) de s’identifier aux personnages et d'être totallement touché par eux
Note : 8.5/10