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Le voyage dans le temps, on le sait, ne date pas d'hier. Et bien avant que le cinéma ne devienne le moyen le plus inoffensif de l'explorer, l'écrivain Herbert George Wells décrivait la machine qui permettait de mettre concrètement les deux pieds dans le futur ou le passé. Fiction ? Pas si sûr...
Dans l'Angleterre de la reine Victoria, le nom de Jack l'Eventreur fait trembler les braves gens. L'assassin sévit dans le quartier de Whitechapel, où les prostituées tombent sous ses coups de couteau. Scotland Yard est à ses trousses, et trouve sa trace... dans le salon de H.G. Wells (Malcolm McDowell), qui vient de présenter à ses invités sa modeste invention : une machine à explorer le temps. L'éventreur, qui se nomme nous dit-on John Stevenson (David Warner), ne trouve pas de meilleur moyen de fuir que de se propulser en l'an 1979. Wells, qui se sent coupable, se lance à sa poursuite...
Le scénariste-réalisateur Nicholas Meyer semble avoir un goût prononcé pour les rencontres improbables entre diverses personnalités - fictives ou non - du XIXème siècle. On lui doit ainsi trois romans, dans lesquels Sherlock Holmes rencontre successivement Sigmund Freud (La solution à sept pour cent), George Bernard Shaw et (déjà !) Jack l'Eventreur (L'horreur du West End) et le fantôme de l'Opéra (le bien-nommé Sherlock Holmes et le fantôme de l'Opéra). Le premier de ces livres fit l'objet d'une adaptation cinématographique étrange sous le titre français très laid de Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express ; entre deux scènes d'hypnose, on y croisait Robert Duvall en docteur Watson et Laurence Olivier en professeur Moriarty.
Attention ! Le temps est derrière vous !
Attention ! Le temps est derrière vous !Mais trêve de digressions, seuls H.G. Wells et Jack l'Eventreur traversent ici le temps, échappant au Londres de 1893 pour découvrir le San Francisco de 1979. Première surprise : Malcolm McDowell, malgré son talent bien connu pour jouer les barjots (Orange mécanique quand même), ne tient pas le rôle de Jackie la Tripaille mais celui du timide et flegmatique H.G. Wells. Le choix de David Warner pour interpréter l'assassin de Whitechapel emmène le rôle vers la sobriété et la distinction plus que vers la menace ou la folie. Et c'est là qu'intervient la deuxième surprise : C'était demain, malgré son intrigue rocambolesque et son meurtrier en fuite, n'a rien d'un thriller et ne compte pour ainsi dire aucune scène d'action. Les attaques de prostituées ? Elles prennent généralement place hors champ, ne laissant voir en tout et pour tout qu'un seul (mince) filet de sang sur presque deux heures de film ; parfois même, on n'en prend connaissance que par un vague bulletin d'information. La confrontation Wells/Stevenson (un patronyme pas forcément innocent, d'ailleurs) ? Elle a lieu à l'anglaise : pas d'éclat de voix, pas de kickboxing virevoltant. Les deux hommes préfèrent confronter leurs points de vue, et semblent à deux doigts de prendre le thé pendant leur palabres.
Le ton du film est à la fois la raison probable de son échec commercial et son meilleur gage d'originalité : une fois acceptée l'absence de toute violence dans une histoire où elle était pourtant probable, la vision du film devient éminemment agréable : le badinage entre Malcolm McDowell et Mary Steenburgen (qu'on reverra dix ans plus tard dans Retour vers le futur 3, preuve que son cœur ne bat que pour les voyageurs du temps), l'attitude calmement disco de Jack l'Eventreur (oh mon dieu, ces lunettes noires !) et les effets spéciaux délicieusement kitsch (ouch, toutes ces couleurs !) en font un succulent divertissement aux accents britanniques. Bien sûr, on peut regretter que le personnage de Jack l'Eventreur soit survolé avec autant de légèreté, mais tellement d'œuvres couvrent le sujet qu'on peut se permettre une promenade innocente dans cette fantaisie historique...
Pour les puristes, il convient de préciser que ce film ne doit pas être confondu avec C'est arrivé demain (It happened tomorrow, 1944) de René Clair, qui a inspiré la série Demain à la une (un homme trouve le journal du lendemain, blablabla).
Sur ce, je vous dis à demain.