Festival du film brésilien, 10-19 mars 2023Coup de chance, alors que j'avais posé 3 jours de congé, mon petit cinoche organise un festival d'une semaine autour du cinéma brésilien que je ne connais pas très bien, la belle aubaine. Ca m'a fait du bien de me retrouver en salle pour découvrir des films dont je n'avais jamais entendu parler, que je découvrais sur le moment, dans les meilleures conditions possibles, si ce n'est certains regards interrogateurs porté sur ce vieil ours que je suis, seul à chaque séance dans son siège, à des horaires où il est plutôt censé être au boulot (je dois psychoter, mais ça m'a fait bizarre parfois).
Je sais que je pourrais référencer certains trucs, mais j'ai la flemme, alors je pose ça là juste comme un petit journal (j'voulais juste partager la liste SC à la base, mais vu comme leur nouveau site est tout pourri c'est devenu impossible de partager une liste si on a restreint l'accès à son compte). J'me fais pas trop d'illusion sur l'intérêt que ça éveillera, mais si ça donne deux trois envies, ce sera déjà ça.
+++++++++++++++
Corral — Film de Marcelo Brennand · 1 h 27 min · 3 juillet 2021 — 7.5/10
Docu-fiction à propos de l'omniprésence de la corruption lors des élections municipales au Brésil. L'occasion également de montrer les difficultés d'accès de certaines zones rurales reculées à l'eau potable qui devient un moyen de pression des aspirants maires pour glaner les quelques votes qui leur manqueraient.
Beaucoup apprécié, les acteurs sont au top, on se laisse prendre au jeu. On a beau savoir que la corruption est monnaie courante au brésil, y a des trucs qui surprennent quand même. Et pour ma part, je ne savais pas que l'eau potable était un vrai problème dans certaines régions du brésil. Si vous avez l'occasion, c'est un film à découvrir à mon sens.
Entretien avec le réalisateur après le film.Très calme, avenant et humble, agréable à écouter.
Une certaine tristesse ressort de l'échange, très politique, vis à vis de l'état de la culture au Brésil. Apparemment les acteurs de la culture sont très mal vus la bas pour la plupart et c'est quelque chose qui le travaille (normal hein). D'ailleurs, j'ai beaucoup pensé à ses propos devant Vertige de la chute.
Il précise qu'il avait réalisé un documentaire avant Corral, Porta a Porta, dans le même village. Il avait pour volonté de prolonger ce travail dans le cadre d'un objet de fiction qui lui permettrait de porter un regard extérieur par l'intermédiaire de son personnage. Certains acteurs présents dans le Corral était déjà à l'image dans Porta a porta (que je n'ai pas encore vu).
+++++++++++++++
Je m'appelle Bagdad — Film de Caru Alves de Souza · 1 h 39 min · 22 septembre 2021 — 6/10
On pense à Larry Clark, Gus Van Sant ou Greg Araki devant Je m'appelle Bagdad. Le film de Caru Alves de Souza est un peu plus sage que ceux des réalisateurs précités, mais il ne manque pas de fougue. Son actrice principale notamment bouffe l'écran. Dommage que le skate soit si peu mis en valeur et filmé parfois à la va vite, alors que dans un second temps les dialogues lui donnent de l'importance (le coup de gueule des filles à la fin notamment) et que le script tourne assez vite un poil à vide. Une parenthèse enthousiasmante, dont j'attendais peut-être un peu plus.
+++++++++++++++
Les Bonnes Manières — Film de Juliana Rojas et Marco Dutra · 2 h 15 min · 21 mars 2018 — 7.5/10
Une petite mandale dans ma poire mine de rien. Je ne savais pas du tout ce que j'allais voir et je me suis laissé prendre au jeu sans broncher d'un film qui commence comme un drame classique et vire rapidos dans le fantastique noir plutôt inspiré. Les acteurs sont tous bons — Marjorie Estiano est splendide et Isabél Zuaa particulièrement convaincante —, même le gamin se débrouille pas mal, et la mise en scène est portée par une photographie aux petits oignons. Vraiment chouette, bien content de l'avoir vu sur grand écran.
+++++++++++++++
Le Dieu noir et le Diable blond — Film de Glauber Rocha · 2 h · 18 octobre 1967 — 3/10
Pas du tout accroché à ce western qui part dans tous les sens. J'suis pourtant le public cible je pense, mais je sais pas, je suis passé à côté.
+++++++++++++++
Indianara — Documentaire de Marcelo Barbosa et Aude Chevalier-Beaumel · 1 h 24 min · 27 novembre 2019 — 7/10
Vraiment intéressant, je ne savais pas la condition des transsexuels si préoccupante au Brésil, certains passages sont très tristes. Découverte d'un personnage haut en couleurs dont la passion est à double tranchant : on comprend son agacement et son envie de se faire remarquer par un discours radical mais on ne peut s'empêcher de penser que ce dernier, si coloré, dessert quelque peu son intention première qui est finalement de délivrer un message de tolérance.
+++++++++++++++
Vertige de la chute — Documentaire TV de Vincent Rimbaux et Patrizia Landi · 74 min · 2018 — 7/10
Un documentaire à la photographie magnifique qui tire le meilleur d'un endroit exceptionnel : l'opéra de Rio. Alors que ses employés ne sont plus payés depuis des mois, on suit certains d'entre eux dans une lutte éprouvante pour essayer de faire prendre conscience au gouvernement que la culture fait aussi partie intégrante de la grandeur d'un pays.
+++++++++++++++
Les Bruits de Recife — Film de Kleber Mendonça Filho · 2 h 11 min · 26 février 2014 — 7.5/10
Beaucoup apprécié cette plongée dans la vie des habitants plutôt aisés d'un immeuble de standing entouré de quartiers beaucoup moins privilégiés. Pour faire face à une certaine insécurité qui inquiète tout le monde, y compris les enfants qui vont jusqu'à cauchemarder de ce qui pourrait leur arriver, les habitants de l'immeuble payent une petite entreprise privée pour faire des ronde et contrôler les alentours. Un prétexte pour inviter la caméra au sein des ménages, de leurs histoires. Passionnant même si peut-être un poil long.
+++++++++++++++
Tinnitus — Film de Gregorio Graziosi · 1 h 46 min · 5 juillet 2023 — 6.5/10
Une farouche obsession créative transpire de Tinnitus, et ce dès son affiche & générique nourris tous deux à l'art génératif, qui transpire notamment de la photographie et du traitement de l'image, cette dernière se réinventant sans cesse — qu'il s'agisse de son étalonnage ou des cadrages— du début à la fin, finit par éclipser script et personnages qui finalement, sur la durée, donnent l'impression de rester en vitesse de croisière.
Dommage car les actrices sont impliquées et convaincantes. Peut-être que le contexte, lui, manque un poil de piment mais l'ensemble, en tout cas, est plus que stimulant et clairement transporté par une bande son dinguissime.
Vivement le prochain film du bonhomme.
---
Entretien avec le réalisateur après le film.
Super zen et très sympa, on sent quand il s'exprime toute la passion qu'il a pour ce qu'il fait et on comprend assez vite que ça fuse la haut. Ça explique pourquoi le film est un peu hétérogène/foutraque par moment, on sent qu'il a envie d'aller le plus loin possible dans ce qu'il fait, et surtout qu'il ne s'enferme pas dans sa bulle : il aime avoir un retour sur son travail et n'a pas manqué pendant l'entretien de préciser le nom des personnes avec lesquelles il a travaillé pour Tinnitus (écriture, travail sur le son notamment).
Il confirme que le boulot sur le son a été une priorité et qu'une bonne partie du travail avait été faite avant même le tournage pour pouvoir diriger au mieux les acteurs.
Enfin, grosse empathie de sa part pour les personnes souffrant d'acouphènes forts, une condition qui le terrifie parce qu'il a pas mal échangé avec des patients souffrant de cette pathologie qui peut rendre fou, littéralement parlant.
+++++++++++++++
C'était cool ce petit festoche, vivement le prochain.