[oso] Baragouins séniles / 2023

[pabelbaba]

Maurice Biraud!

Je me le referais bien ce Cave...

[Alegas]

Un, deux, trois, soleil

Film de Bertrand Blier · 1 h 44 min · 1993 — 4/10

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Bon, sans moi celui-là, j'ai lutté pour aller au bout tant c'est un empilement de séquences nawak qui ont bien du mal à faire sens de mon point de vue. Je comprends la note d'intention, à savoir celle d'illustrer la vie d'une jeune fille de la sortie de son enfance jusqu'à sa vie de femme mariée rongée par les regrets même si pas forcément malheureuse en ménage, mais ça va trop loin pour moi dans la provocation nonsensique gratuite pour que j'adhère totalement à la proposition.

Devant l'absurde malin d'un buffet froid, je prends mon pied, mais ici je ronge mon frein tellement ça suppure l'encre d'un stylo de petit malin qui s'échine à flirter avec les frontières de l'interdit, moral bien souvent. Perso, voir une gamine de 10-12 ans se contorsionner dans un métro, ou des moutards du même âge peloter Anouk Grinberg dans un plumard, ça ne me passionne pas spécialement, j'ai même du mal à y trouver un quelconque sens. Non pas que ce soit choquant (quoique en prenant de l'âge, j'deviens un vieux con, alors j'en arrive presque à trouver ça bizarre) mais j'sais pas, c'est pas spécialement ce que je recherche à l'écran.

Heureusement, j'ai pu me raccrocher aux branches avec la présence de Marielle en victime consentante de cambriolages (même si le discours que lui prête Blier est un peu facile je trouve) ainsi que celle de Mastroianni en père absent passionné par les pastis qu'il s'enquille au troquet du coin: son petit accent italien, ses "r" roulés m'ont sorti de ma torpeur à chacune de ses apparitions, et mine de rien, on le voit pas mal. Je crois même que c'est la tirade du serveur qui confesse le flinguer à petit feu qui m'a le plus amusé dans tout ce bazar décidément trop hystérico-maniéré pour moi.

[Mark Chopper]

Maurice Biraud!

Je me le referais bien ce Cave...

Dit le mec qui préfère mater des films avec des clébards

[pabelbaba]

[Alegas]

Le désordre et la nuit

Film de Gilles Grangier · 1 h 33 min · 1958 — 7.5/10

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Beaucoup aimé ce polar cabossé qui permet à Gabin de sortir un poil de ses rôles de mec droit pour jouer un flic roublard borderline qui ne se laisse pas prier pour succomber aux charmes de la potentielle suspecte numéro un de l'enquête qui contextualise le récit. Une enquête pas spécialement dingue puisqu'elle n'est pas vraiment le coeur du film, plutôt un fil rouge qui permet à toute une galerie de personnages de se rencontrer dans un Paris nocturne d'époque qui, au premier regard, paraît lointain mais pas tant que ça finalement puisque ses mécaniques sont encore résolument d'actualité.

Risques et sacrifices consentis pour rejoindre la lumière des projecteurs, commerce des corps, fuite du réel via la consommation d'alcool et de drogue, la routine quoi. Mais une routine captivante, qui fait qu'on suit sans broncher l'enquête pépouse de Gabin, agrémentée d'un charisme qu'il n'est plus nécessaire d'évoquer tant il est livré par défaut avec le bonhomme, jusqu'à son dénouement. Et même si les personnages féminins qu'il rencontre manquent un peu de profondeur, ils sont tout de même servis par des actrices qui savent convaincre, Nadja Tiller notamment, ne dépareille aucunement avec le bourreau qui joue ici pendant 90 minutes avec son coeur.

[Alegas]

Remorques

Film de Jean Grémillon · 1 h 31 min · 1941 — 6/10

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Même si je ne sors pas de la séance pleinement enthousiaste, c'est objectivement un chouette film, découpé en deux temps bien différents.

Le premier s'attarde sur la vie d'un équipage affrété sur un navire de sauvetage, mené par un bonhomme au tempérament bien marqué, Gabinus Premier qui ne se laisse jamais marcher sur les arpions et n'hésite pas à dérouiller de la mâchoire jusqu'au K.O. bien propre quand il croise du salopard à corriger. Mais voilà, quand le petit poisson frétille un peu trop dans la cale, la faute à une Michèle Morgan de lui qui sort le grand jeu pour devenir Aimée, la petite fille tapie au fond de tout un tas de remords dévorants, le vieux loup de mer ne s'en laisse pas compter et ne perd pas une seconde pour aider Catherine à s'émanciper.

Une passion à l'origine d'un second temps bien plus poétique, qui prend pour sujet la nature humaine et ses paradoxes, lesquels s'expriment avec force quand une petit âme fragile rejoint les cimes prématurément. Gabinus en fait les frais, à l'occasion d'un final sans doute émouvant pour quiconque n'a pas un peu quitté des yeux la proue d'un navire ayant hissé à grands bruits la grande voile alors que la tempête était déjà tombée.

Me concernant, j'ai bien plus pris mon panard devant la première heure... après le retour à quai, les jérémiades de Madeleine Renaud m'ont un peu fatigué, et la folie passionnelle qui se joue façon Hamlet entre Gabin et Morgan, portée par des dialogues bien troussés ça j'dis pas, m'est un peu passée au dessus. Au final, j'ai trouvé que tout ce petit monde gesticulait un peu trop pour être malhonnête, j'aurais préféré, je crois, qu'ils restent tous en mer, ballotés par la houle, dans des maquettes de fortune. Je crois d'ailleurs que Gabin fut de mon avis, puisqu'il finit par y retourner, le bougre.

[osorojo]

Adua et ses compagnes

Film de Antonio Pietrangeli · 1 h 46 min · 1961 — 6/10

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Après m'être pris dans les dents le néant cinématographique de Les enfants des autres, les cadres super soignés de Adua et ses compagnes m'ont fait un bien fou. Sans être un grand film oublié, cette histoire de reconversion de 4 femmes de joie fraîchement mises au chômage suite à la fermeture des maisons closes est d'abord une tranche de vie particulièrement touchante, qui fait la lumière sur une certaine condition de la femme dans l'Italie des années 50, mais surtout un vrai film de cinéma : écrit avec précision, correctement dialogué, le tout porté par un coup d'oeil particulier. Dès lors, le propos peut alors s'épanouir puisque la forme le met en valeur.

Et le moins qu'on puisse dire c'est que le portrait de ces 4 femmes tenues captives d'une réputation dont elles ne pourront jamais se défaire est particulièrement déprimant : le dernier quart d'heure fout un bourdon monumental. D'autant plus que le reste du film est constamment animé par une certaine bonne humeur. Car malgré leurs différences, les 4 femmes se serrent les coudes et passent sur leurs différents coups de gueule pour se construire un avenir commun.

Une harmonie à l'écran jouée par 4 actrices redoutables, un vrai plaisir pour quiconque apprécie le cinoche Italien et ses figures emblématiques. Simone Signoret, terrifié à l'idée de voir ses derniers éclats de jeunesse se faire la malle, crève l'écran. De même qu'Emmanuelle Riva en mère célibataire alcoolique qui ne ménage pas ses coups de sang. Et pour compléter le tableau, Marcello Mastroianni vient confirmer avec toute l'assurance de sa diction véloce de vieil escroc charmeur tout le mal qui peut être dit des hommes dans cette bobine. Toujours un plaisir de le voir incarner ce genre de personnage opportuniste qui peut faire/dire n'importe quoi et pourtant toujours paraître sympathique.

Un chouette film en somme, un peu long à démarrer peut-être, mais assurément marquant, aussi bien pour son sujet grave traité sans misérabilisme par des comédiens habités que pour son noir et blanc assuré qui s'exprime dans la justesse de ses cadres et mouvements de caméra.

[Alegas]

Maigret voit rouge

Film de Gilles Grangier · 1 h 24 min · 1963 — 6.5/10

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Ce dernier Maigret par Gabin se fait généralement démonter un peu partout, et bien personnellement j'ai passé un bon moment, certes peut-être moins stimulant que devant les deux adaptations précédentes, mais pas tant que ça. Il faut dire qu'il y a de quoi s'amuser devant celui-là, à commencer par un Michel Constantin qui se fait doubler par un américain pour les besoins du rôle, c'est un peu spécial, mais marrant. Ajoutons à cela Françoise Fabian toute jeune et rayonnante ainsi que des scénettes plus morbides que la tonalité un poil plus douce des deux autres Maigret (le cadavre de la femme par Interim dans sa baignoire, le meurtre chez le toubib), il ne m'en faut pas davantage pour y trouver mon compte. Et puis même si on perd la fougue d'Audiard aux dialogues, certaines punchlines sorties des lèvres de Gabin font leur petit effet. Alors certes, l'enquête est un poil lancinante dans le corps gras du film, mais elle ne m'a pas ennuyé, disons qu'on regrette simplement que la mise en scène soit aussi compartimentée. On passe d'une séquence à l'autre de manière abrupte juste pour faire avancer les choses, cela manque un peu d'idée pour lier le tout. M'enfin bon, rien de méchant... pour ma part, il y a juste un sentiment de trop peu qui se fait une place à la fin de la séance. J'aurais bien repris quatre ou cinq autres Maigret sur bobine tant Gabin est parfait dans le rôle. Je n'ai personnellement pas encore lu les livres à l'origine de ces adaptations, mais je suis certain que si un jour je tente un Maigret sur papier, l'image du commissaire que j'aurais en tête sera celle du Patron.

[osorojo]

Le gorille vous salue bien

Film de Bernard Borderie · 1 h 42 min · 1958 — 5/10

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La première partie du film est agréable, on y découvre un Ventura tout en castagne embourbé dans des affaires faussement compliquées dont on comprend bien vite la portée un peu factice : les différents camps en présence se jouent tous des tours, services d'espionnage, policiers, truands, tout le monde ment à tout le monde, histoire de noyer le poisson. Ça fait illusion une demi-heure et puis ça commence à se répéter, à tel point que j'ai fini par totalement me désintéresser de ce qui m'était raconté. Seul le Lino show m'a tenu éveillé, le bonhomme est de tous les plans, il n'y a pas tromperie sur la marchandise. Et puis, à part deux ou trois doublages, le bougre donne de sa personne, à ce niveau là pas de problème, tous les fans du monsieur en auront pour leur compte. Mais tout de même ça ne suffit pas vraiment : si la farce ne vous embarque pas à 100%, il y a fort à parier que comme moi vous finirez le film un poil agacé par une bande son qui suit la boucle d'un script ampoulé et bizarrement troussé, à cheval entre polar énervé et farce balourde, un mélange particulier plutôt bancal.

[pabelbaba]

Y a pas Mocky en homme de main de celui-là?

[Mark Chopper]

Si.

Perso, je ne suis pas allé au bout. Trop chiant.

[pabelbaba]

A l'époque ça ne m'avait pas paru horrible, mais j'avais sans doute plus de patience.

Aucune envie de le revoir.

[osorojo]

Yes, il y a Mocky avec un chalumeau qui veut cramer Lino

Ue, ça ne vaut pas le coup de rafraichir son souvenir, franchement à la fin j'en pouvais plus de la bande son en bouche, et j'en avais plus rien à cirer de ce qui se passait

[osorojo]

Le chemin des écoliers

Film de Michel Boisrond · 1 h 30 min · 1959 — 7/10

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Ça commence comme un récit de passage à l'âge adulte classique, à travers le regard de deux copains pas encore majeurs qui troquent peu à peu l'école pour des coups pas très catholiques mais financièrement intéressants et la compagnie de jeunes femmes certes intéressées mais intéressantes à leur manière également. Et bien vite, le fond du film mute pour devenir plus sérieux : la dernière partie est à la fois touchante parce qu'elle change de point de vue pour celui des pères des deux gamins : Bourvil et Ventura sont parfaits, le premier en honnête homme déboussolé, tiraillé entre l'envie de retrouver l'excitation de vivre, la nécessité de rester sage pour subvenir aux besoins de sa famille et des principes profonds qui auraient pu le pousser à prendre les armes dans d'autres circonstances, le second moins torturé en tenancier de bar bien décidé à orienter sa voile dans le sens du vent pour tirer son épingle du jeu.

Sans être dingue niveau mise en scène, Le chemin des écoliers relate d'un vieux Paris sous l'occupation particulièrement crédible : sans trop en faire, Michel Boisrond parvient à rendre palpable le paradoxe d'une situation en équilibre instable, à l'image de cette fin qui réunit la famille dans une cave aux murs branlants, à ce moment l'heure est à l’accalmie entre père et fils alors qu'on nous rappelle que dehors la guerre gronde et que tout peut toujours basculer d'une minute à l'autre. Un chouette film, un poil desservi par des seconds rôles, féminins notamment, un peu casse-pieds (la copine est lourdingue), mais rattrapé par un quatuor de luxe: Lino Ventura, Bourvil, Alain Delon et Jean-Claude Briali font plus que le boulot.

Et puis, histoire de motiver les derniers indécis, un petit bonus Pierre Mondy qui force l'accent allemand pour entourlouper les policiers français apporte une délicieuse légèreté à l'ensemble.

[Scalp]

Je connaissais pas, je vais tenter.