par Scalp » Mar 01 Aoû 2023, 07:02
7/10
Quigley Down Under de Simon Wincer - 1990
Wincer n'ayant pas le film qui met tout le monde d'accord dans sa filmo, on y trouve d'ailleurs à boire et à manger entre grosse merde comme D.A.R.Y.L, film familial comme Free Willy, nanar premium comme Harley Davidson ou tentative de revival de film d'aventure à l'ancienne avec The Phantom, ce Quigley est clairement son meilleur film, un pur western avec toutes la qualités qu'il est censé avoir. A savoir des paysages magnifiques, une belle photo, un score épique du grand Basil Poledouris, un bon casting et des personnages sympas.
Alors la particularité du film est bien entendu de se passer en Australie avec ce cowboy du Wyoming qui débarque après avoir été engagé par un riche propriétaire terrie, et comme souvent le riche propriétaire c'est un connard, bon ici c'est même un bad guy premium avec ce qui se faisait de mieux à l'époque à savoir le génial Alan Rickman, qui livre une nouvelle fois une prestation d'enculé de premier ordre, on est même déçu de pas plus le voir à l'écran. Quand ce bon vieux Quigley découvre qu'il a été engagé pour buter des aborigènes, le film prend une tournure un peu plus dramatique, car jusque là c'était plutôt à la cool grâce évidemment au charme et au jeu de Tom Selleck (sa première scène laisse même penser que ça sera une comédie), mais le film prend alors une tournure un peu plus grave avec des aborigènes exterminés plein cadre. Ca donne plus de puissance au film qui ne sera donc pas juste un film fun, alors ça s'attarde pas dessus mais c'est suffisant pour donner une vraie ampleur narrative à l'ensemble.
Evidemment tout y est prévisible, on sait ce que va faire Quigley mais on regarde le film pour ça, on regarde le film pour utiliser sa carabine Sharp, et l'amour des armes est ici digne d'un John Milius, cette carabine est filmée comme Excalibur et voir Quigley enchainer les cartons longue distance est un plaisir, ça donne d'ailleurs un coté jouissant au dernier duel au colt où on découvre toute sa dextérité avec un six coups.
Wincer emballe ça dans un style très académique mais c'est carré, aidé par les magnifiques paysages et il enchaine les bons gros morceaux de bravoure avec efficacité. Quand il utilise son fusil pour la première fois, ça fonctionne tant sur le fond que sur la forme, on se dit même qu'on a jamais vu Wincer aussi à l'aise derrière sa caméra, il sait quand il doit faire durer pour faire monter la tension ou quand il doit être bref (le duel final est une merveille de découpage). Et puis les scènes de snipe (car c'est du snipe avec une telle carabine) sont vraiment le petit plus du film et chaque fois que Quigley s'en sert c'est un grand moment. Mais si ça marche c'est aussi parce que Wincer a conscience de ses limites donc il y a rien de spectaculaire ou tape à l'oeil et il fait de la simplicité un atout.
Le casting est donc emmené par Tom Selleck, sa carrière restera un mystère, le mec avait clairement un truc qui aurait du plus lui ouvrir les portes du cinéma et des grands rôles mais il restera dehors, c'est le genre de mec qui te donne envie de porter la même moustache (alors que personne veut mâcher le cure dent de Gosling) et ici son jeu (ou non jeu) naturel fait merveille dans ce personnage cool à la moralité sans faille, il reste stoïque quoiqu'il lui arrive et son duo qui pourrait être casse gueule avec Laura San Giacomo marche bien, Rickman comme j'ai dit à l'époque c'était ce qui se faisait de mieux pour un perso de bad guy et il apporte ce jeu à la fois suave et outrancier qui fait merveille (je me lasserais jamais de ses mimiques de mépris), la petite curiosité du film c'est de voir Ben Mendelsohn alors tout jeune et roux.
Tout comme peut l'être Silverado, Quigley c'est du western familial dans le sens noble du terme, c'est jamais neuneu ou naif dont l'ambition première est de divertir.
Critiques similaires