par Scalp » Sam 30 Déc 2023, 18:41
8/10
The Big Country de William Wyler - 1958
Wyler fait parti des réalisateurs de l'âge d'or dont la filmographie me passionne pas des masses, Ben Hur en premier lieu que j'ai vu et revu gamin et qui reste pour moi un film qui a 3 séquences fortes et le reste c'est de l'ennui, ce Big Country est donc largement le film que je préfère dans sa filmo. Alors c'est du pur western hollywoodien 50's avec plus de drame que d'action et une durée vraiment fleuve alors que finalement il se passe pas grand chose. On est devant une saga familiale shakespearienne plutôt qu'un western où ça défouraille, une vraie tragédie familiale et une chronique historique au Texas. Au vue de sa durée fleuve et son budget on peut même dire que c'est le premier western blockbuster de l'époque.
On va suivre Gregory Peck (tout en flegme) qui débarque de Boston dans l'Ouest sauvage pour y rejoindre sa fiancée (Peck est tellement parfait qu'on peut imaginer personne dans son rôle, c'est un peu ça la force de Peck, c'était pas le meilleur acteur de l'époque mais il avait un style, une manière, une démarche, et tout ça faisait qu'il s'appropriait vraiment les personnages), une jeune femme dont le daron (Charles Bickford plutôt bon mais j'aurai aimé voir John McIntire dans ce rôle) est un riche propriétaire terrien en guerre contre le voisin moins puissant mais badass (parfait Burt Ives qui a le meilleur perso du film et il bouffe vraiment l'écran, sa première scène est géniale et il a vraiment les meilleures lignes de dialogue). Et Peck va donc être confronté à la violence de ce pays, mais lui va prôner une non violence qui le fait forcément passer pour un lâche aux yeux de tous.
La force du film c'est d'éviter d'être manichéen, généralement quand on a ce genre de conflit on a clairement le bon gars contre le vilain pas beau (ou beau), ici on a 2 patriarches qui peuvent pas se blairer, alors si y en a un qui est un peu plus enclin à foutre la merde, l'autre se laisse pas faire et est pas forcément mieux. Peck va donc se retrouver au milieu de tout ça e tcomme dit plus haut lui il est plutôt pacifiste, préférant éviter tout conflit inutile, ce qui le fait donc forcément passer pour une baltringue mais ça il s'en fout royalement, dans ce monde où le concours de bite est quotidien lui il éprouve pas le besoin de sortir la sienne à tout bout de champs et quand il le fait ça donne une bonne séquence avec un cheval (non il le baise pas hein) et une baston contre Charlton Heston (parfait en contremaitre, clairement un de ses meilleurs rôles, un second rôle accepté car Wyler lui avait promit Ben Hur) étonnamment moderne. Mais la force du perso c'est de ne pas céder face aux autres, il gardera ses convictions du début à la fin, d'ailleurs sur le papier ce genre de perso droit, honnête et conciliant c'est un peu relou mais ici ça fonctionne.
On peut noter aussi un personnage féminin éloigné des stéréotypes de l'époque ainsi ce n'est ni la maman, ni la fiancée, ni la fille de saloon et même si elle apporte sa touche féminine et que son personnage est important pour le récit, elle n'a pas de love story (enfin on a une scène de déclaration amoureuse entièrement muette qui est vraiment parfaite surtout que c'est au coeur d'une scène pleine de tension et les scènes avant entre Peck et elle ne font jamais passage obligé et romance bidon), son personnage est même vraiment intéressant et en plus Jean Simmons est parfaite.
La force du film est clairement de réussir à faire vivre tous ses personnages, les enjeux sont limpides, les évolutions claires et bien écrites et on bouffe pas de nawak, on a envie de savoir comment ça va se finir et on arrive presque à trouver chaque personnage attachant à un moment ou à un autre. Et puis un western où le héros ne sort pas son colt une seule fois du film c'est pas si fréquent, surtout sans que ce soit chiant. Mais le plus bel exemple pour se rendre compte de la qualité du film c'est le perso de Chuck Connors, au départ on le voit comme le bad guy un peu simpliste et détestable et puis le personnage arrive à être touchant et il a droit à des scènes vraiment intéressantes (la fin notamment évidemment mais pas que). Le maillon faible du film c'est Carroll Baker, un peu trop le stéréotype du personnage féminin capricieux et un peu conne et son interprétation est un peu fade, on se demande comment Peck a pu être attiré par elle à un moment, mais elle plombe pas le film.
Wyler filme les grands espaces avec une vraie maestria, c'est remplit de supers plans qui fait honneur à l'immensité des paysages avec ces minuscules silhouettes perdues dans l’immensité du cadre en cinémascope, la photo est à tomber mais quand il faut sortir les colts (c'est rare) c'est fait avec une vraie science du cadre et du montage, le film se termine avec 2 duels, alors on est loin de ce qui se fera par la suite avec Leone mais y a des vraies idées lors de ces séquences.
Un western romanesque de prestige au propos intelligent dont on parle finalement assez peu.
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