[Alegas] Mes Critiques en 2022

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Sam 15 Oct 2022, 19:43

Olrik a écrit:Sans doute ma version préférée des trois films. Aucune envie de revoir le Ferrara par contre.


Des quatre tu veux dire ?
De mon côté, le Ferrara est celui que je mettrais second, puis le Siegel, et enfin le gros truc bien raté avec Kidman et Craig.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Olrik » Sam 15 Oct 2022, 22:11

Arf! Méconnaissance totale de la version Kidman/Craig, ce qui explique mon erreur. Et mieux vaut continuer à la cultiver, j'ai l'impression.
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Athena - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 16 Oct 2022, 12:06

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Athena de Romain Gavras
(2022)


Comment ça fait plaisir de voir enfin le cinéma de Romain Gavras prendre de l’ampleur, car bon, malgré le fait que j’aime bien ses deux premiers, il y avait un peu la sensation de voir un mec doué qui se limite à faire quelque chose de carré, alors qu’ici il y a enfin la rencontre entre le format long-métrage et la hargne et maestria visuelle qu’on pouvait trouver dans les clips du bonhomme. Beaucoup se focalisent sur un prétendu fond qui cherche la polémique, de mon côté je trouve l’argument un peu irrecevable : le film est vendu comme une tragédie grecque moderne, et cette intention se ressent jusque dans les choix artistiques du film, entre musique qui fait appel à des chœurs, destin qui s’acharne sur les personnages d’une même famille, ou encore le fait qu’on ait une écriture qui se limite à l’essentiel pour que l’histoire fonctionne.

Un choix qui n’aboutit pas sur un film dénué de défauts, et pour le coup c’est l’évidence même que, passé la mort d’un personnage central, le film perd clairement en intensité et en rigueur. Les vingt dernières minutes sont en-deçà du reste, et c’est dommage car le film avait réussi jusque là à créer quelque chose d’assez unique dans le paysage cinématographique français. Ainsi, j’ai vraiment pas du tout l’impression que Gavras cherche le réalisme, et au contraire il y a même une volonté de sublimer une crise des banlieues en transformant la cité en un château fortifié (le choix du lieu de tournage est vraiment intéressant sur ce point), en faisant des policiers des soldats romains, et de jouer avec les fumigènes pour créer des images marquantes. Forcément, ça pose problème à des gens un peu limités pour qui sublimer voudrait forcément dire cautionner, mais pour ceux qui réfléchissent un minimum c’est un choix tout à fait acceptable et qui trouve une certaine pertinence dans l’ensemble que propose Gavras, ensemble où les affrontements entre habitants des banlieues et flics sont surtout une toile de fond plus qu’autre chose.

Ça donne un film vraiment ébouriffant formellement parlant, et sur ce point on sent que l’esthète Gavras s’est fait plaisir avec de nombreux plan-séquences (souvent coupés via quelques raccords invisibles, mais ça n’enlève pas le tour de force technique, notamment quand la caméra s’engouffre dans un véhicule en pleine course, ou quand elle s’élève au-dessus d’un affrontement) et une volonté d’immersion totale. Ce sont des choix formels qui sont à double-tranchant, car ils servent plus une idée visuelle qu’une idée narrative, mais en l’état le film offre vraiment un parti-pris visuel fort, et c’est vraiment cool de voir ça dans un pays pour qui esthétisation est souvent un gros mot. Le casting est plutôt très bon dans l’ensemble, avec Anthony Bajon qui confirme quelle valeur sûre grandissante il est, mais il y a aussi de vraies révélations comme Dali Benssalah et Sami Slimane qui ont les deux meilleurs personnages du film. Par contre, pas convaincu par le frangin trafiquant, faut dire que le but même du perso est d’être irritant, et du coup à part crier des insultes à tout bout de champ il n’y a pas grand chose à proposer. J’ai aussi une réserve sur le perso de Manenti qui change du tout au tout d’une scène à l’autre, ça fait un peu perso qui sert à rien tout le long du film, jusqu’à ce qu’on ait besoin de lui pour justifier une grosse destruction. Big up à la bande-son qui accompagne très bien les images de Gavras, et comme dit plus haut elle joue une part non-négligeable de tout l’aspect tragédie du film. C’est probablement un film qui sera bien moins fort à la seconde vision, tant toute sa fabrication est faite pour jouer sur un effet de surprise one shot, mais en l’état ça reste un film très intéressant et qui fait plaisir à voir dans un cinéma français qui prend de moins en moins de risques.


7/10
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Charge héroïque (La) - 4/10

Messagepar Alegas » Dim 16 Oct 2022, 16:40

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She wore a yellow ribbon (La Charge héroïque) de John Ford
(1949)


Énième western de John Ford, et dans ce cas précis c’est clairement pas recommandable. Alors bon, je me doute que le film doit avoir ses fans, mais en ce qui me concerne j’ai trouvé ça vraiment chiant dans le sens où ça ne raconte quasiment rien, et même quand ça le fait, c’est avec des storylines un peu moisies et des personnages complètement clichés. Concrètement, on va juste suivre un régiment de cavalerie lors d’une mission d’escorte, mission qui va être difficilement rythmée par un triangle amoureux niais et le fait que le personnage de John Wayne est sur le point de prendre sa retraite. Il y a aussi une vague menace indienne, mais pour le coup c’est vraiment secondaire, on ne ressent jamais le danger, et même quand ils sont à l’écran c’est plus que décevant. J’attendais pas spécialement un grand film, mais là je dois m’avouer vraiment déçu vu que ça ne fait même pas le strict minimum : quand il y a de l’action (c’est à dire rarement) c’est traité par-dessus la jambe (le climax final c’est chaud quand même : c’est juste un convoi de chevaux qui traverse un camp indien, ça dure deux minutes :lol: ) et faut se taper une écriture tout ce qu’il y a de plus simpliste, notamment avec les deux soldats qui sont amoureux de la même femme.

Le film a un traitement léger pas génial, ça se veut comique mais sans jamais complètement assumer son statut de comédie, et du coup ça donne des scènes un peu autres qui durent plus que de raison (tout le passage avec la baston dans le bar, c’est marrant deux minutes, mais c’est étiré comme pas possible :evil: ). Au final, ce qui marche le mieux dans ce film, c’est la storyline de Wayne qui va prendre sa retraite, c’est pas suffisant pour sauver le film mais ça a le mérite d’apporter les meilleures scènes du métrage (notamment celles où il se recueille sur la tombe de sa femme, coucher de soleil à l'appui, mais aussi le dialogue avec le chef indien où il discute de la transmission à la jeunesse). Formellement, et même si je me doute que certains arrivent à défendre le film, j’ai trouvé ça extrêmement paresseux. Ford a une filmographie longue comme le bras et je pense qu’il y avait certains films qu’il réalisait de façon plus automatique que d’autres, celui-là me semble être un bon exemple de cette réflexion. C’est souvent filmé de la façon la plus plate possible, et Ford semble ne trouver d’intérêt que dans la façon de cadrer Monument Valley qui, pour le coup, est omniprésente dans quasiment chaque plan. Clairement un Ford très mineur en ce qui me concerne, très western à papa, il n'y a pas grand chose à en retenir.


4/10
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Abuela - 7/10

Messagepar Alegas » Mar 18 Oct 2022, 11:05

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La abuela (Abuela) de Paco Plaza
(2022)


Plutôt cool ce film d’épouvante que je n’ai pas pu découvrir en salle, la faute à une distribution peu reluisante. C’est la première fois que je découvre un film de Paco Plaza hors de la franchise REC, et mine de rien ça donne envie de découvrir le reste car il y a vraiment une maîtrise formelle et narrative qui fait plaisir à voir. Concrètement, on pourrait résumer le film à comment il a été vendu de façon simpliste en France, à savoir un film d'épouvante avec une grand-mère en guise d’élément horrifique, mais à la vision du métrage c’est quand même nettement plus complexe que ça. Ainsi, plus qu’un film d’horreur, c’est aussi un récit sur l’âge, la transformation inéluctable du corps, de toute une fétichisation de la sexualité féminine remise en question, mais aussi sur une certaine forme perverse de transmission. Tout un propos qui permet d’avoir un métrage à la construction simple, voire prévisible (il n’y a pas vraiment de twist tant on se doute de tout à l’avance), mais dense sur son propos, d’autant plus pertinent à l’heure d’aujourd’hui.

Ceci dit, le film assume aussi le fait d’être plus un film d’ambiance qu’un film de script, et ça se ressent notamment sur les influences puisqu’on pense un peu au Polanski de Rosemary’s baby, mais aussi pas mal à Ari Aster période Hereditary sur le final. Formellement, c’est hyper solide, bourrée de petites idées de mise en scène en raccord avec le propos (notamment des objets au premier plan venant déformer les visages et corps des personnages), et la photographie aide beaucoup dans le fait de transformer peu à peu un appartement convivial en lieu sordide. C’est en plus très bien interprété, l’actrice principale porte vraiment le film sur ses épaules et la grand-mère est bien flippante comme il faut. Pas un grand film du genre, mais une bonne pioche néanmoins pour un genre qui a du mal dernièrement à sortir des pépites.


7/10
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Homme de la loi (L') - 6,5/10

Messagepar Alegas » Mar 18 Oct 2022, 16:00

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Lawman (L'homme de la loi) de Michael Winner
(1971)


Western sympathique que voilà, qui m’intéressait en premier lieu par son casting (Burt Lancaster quoi ! 8) ) mais qui, au final, m’a vraiment surpris par son traitement. Les westerns dans les années 70, c’est pas toujours ça, et l'essoufflement du genre fait qu’il y a eu plusieurs tentatives de dérives à l’époque, avec plus ou moins de réussites. Ici, on a un western qui flirte avec le vigilante (le terme est même cité au détour d’un dialogue) et du coup c’est peu surprenant de constater que c’est Michael Winner, futur réalisateur des Death Wish, qui se retrouve derrière la caméra. Concrètement, le pitch fait très western classique sur le papier : un shérif arrive dans une ville et déclare qu’il veut capturer, ramener dans sa propre bourgade, et juger plusieurs personnes ayant tué accidentellement un innocent. Le truc, c’est que le script va peu à peu questionner les moyens qu’use le shérif pour arriver à ses fins, car le mec a beau s’imposer au spectateur comme un héros avec ses idéaux et droit dans ses bottes, on va peu à peu se rendre compte qu’il est potentiellement le pire de tous, capable de provoquer un bain de sang au nom de la justice de principe.

Pour le coup, c’est vraiment cette ambiguïté qui permet au métrage de sortir du rang, car même du côté des personnages présentés comme les bad-guys on a une volonté de refus du manichéisme : certes, certains réagissent mal et au quart de tour, mais le personnage de Lee J. Cobb vient contrebalancer ça, lui qui cherche par tous les moyens une voie pacifique pour sortir de ce conflit. Le métrage se suit plutôt bien, avec plein de scènes assez marquantes comme celle où les citadins veulent forcer Lancaster à quitter la ville. Dommage qu’il y ait un ventre mou une fois que le personnage de Robert Duvall est capturé : je suis vraiment pas fan de la love story pour le coup, je pige l’intérêt du perso féminin, mais il n’y avait pas besoin selon moi d’avoir un amour qui se refait à l’écran. Heureusement c’est rattrapé par un final pour le coup très réussi et qui vient redynamiser un film au rythme un peu pépère. En l’espace de quelques minutes, toutes les cartes sont redistribuées, les cadavres s’enchaînent (et pas forcément de la façon dont on s’y attend) et le personnage de Lancaster repart finalement perdant, son but certes atteint, mais avec la totalité de ses principes qui ont volé en éclats.

Formellement, le film n’est pas ouf, ça manque de beaux plans pour mettre en valeur paysages et situations, du coup ça donne quelque chose de juste fonctionnel, malgré le fait que Winner veuille faire autre chose que du western plan-plan (plusieurs mouvements de caméra, malheureusement souvent gratuits :? ). Même la photographie n’est vraiment pas remarquable, ça fait très terne, même si je me doute que la qualité très approximative du dvd ne doit pas arranger les choses. Côté casting, Burt Lancaster est un peu un mode automatique, ça suffit amplement pour ce que le personnage doit délivrer mais du coup au final on retient plus Robert Ryan et Lee J. Cobb qui ont des personnages plus empathiques. On a aussi un Robert Duvall pré-Godfather dans le rôle d’un des sous-fifres, rien de bien remarquable. A l’arrivée, ça donne un western inégal, mais dont la proposition forte l’emporte sur les défauts.


6,5/10
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Kung-Fu Zohra - 6,5/10

Messagepar Alegas » Mer 19 Oct 2022, 11:27

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Kung-Fu Zohra de Mabrouk El Mechri
(2022)


Cela fait quasiment quinze ans que JCVD est sorti en salles, autant dire que j’avais un peu perdu espoir de revoir Mabrouk El Mechri refaire un film en France. Mais au final, c’est quelque chose qui s’est enfin concrétisé, et même si le résultat n’est pas forcément à la hauteur des attentes que j’ai pu avoir, ça reste une proposition plus que sympathique et qui, forcément, a été boudée, voire conspuée, pour devenir un désastre financier. Alors clairement, à la vision du film, et en le comparant avec son marketing, on peut aisément se dire qu’il y a eu un gros loupé sur la façon de le présenter au public. Que le film soit difficile à vendre en France est une évidence, on parle quand même d’un film où une femme, par le kung fu, va apprendre à se révolter face à son mari violent, mais il y avait probablement mieux que de le présenter comme un pastiche en mode full comédie.

Car finalement, à ma grande surprise, c’est un film plus sérieux qu’il n’en a l’air, et bien qu’il y ait des éléments comiques, ça reste une histoire traitant un sujet grave, un peu comme Virgil au fond. Alors tout n’est pas réussi, et on pourra aisément reprocher une écriture un peu trop simple : les personnages sont très fonctionnels (le maître chinois, une fois l’entraînement terminé, disparaît purement et simplement), seulement deux marchent bien d’un point de vue émotionnels (l’héroïne et son amie conductrice de bus), et surtout je suis pas bien convaincu par le rythme où on fait durer l’attente d’un climax pour finalement pas grand chose. Et surtout, à la vue de ce générique de fin, je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a eu un problème de production en cours de route, car vraiment je n’arrive pas à m’expliquer pourquoi la meilleure baston du film (qui n’en compte pas tant que ça), la plus longue et possiblement la plus coûteuse, est condamnée à être vue à côté d’un générique défilant :shock: . C’est con car justement un fight comme ça en milieu de parcours aurait pu casser la monotonie du métrage.

Ceci dit, ça se regarde tout de même très bien, toute la partie entraînement est vraiment réussie et respire l’hommage sincère (on pense pas mal à Drunken Master, ouvertement cité pendant le combat final), et tout l’aspect drame qui accompagne les enjeux ne vient pas prendre le pas sur l’objectif premier du métrage, à savoir être un divertissement. Le film doit beaucoup à deux choses : d’une part la mise en scène de El Mechri qui, sans être parfaite, s’avère efficace et réfléchie, d’autre part le casting très bon, Sabrina Ouazami porte le film sur ses épaule (et je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit aussi physique), Ramzy est convaincant en mari effroyable mais père touchant, et puis j’aime beaucoup Eye Haidara dans ce genre de second rôle où elle assure bien. Contrairement aux deux premiers films de son réalisateur, c’est probablement pas un long-métrage que je reverrais à l’avenir, mais ça fait honnêtement le job, et ça permet d’avoir une alternative française d’un genre complètement boudé chez nous. En tout cas, ça ne mérite pas la mandale publique et critique que le film s’est tapé en début d’année, et je regrette de ne pas l’avoir supporté en salle quand il en était encore temps.


6,5/10
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Grand alibi (Le) - 7/10

Messagepar Alegas » Mer 19 Oct 2022, 18:02

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Stage fright (Le grand alibi) de Alfred Hitchcock
(1950)


Sympathique Hitchcock que voilà, rarement cité et donc relativement méconnu alors qu’il y a beaucoup de bonnes choses dedans. Dans la filmographie du cinéaste, c’est clairement un film mineur, et Hitchcock lui-même en était conscient puisqu’il a tourné ce film un peu par facilité (en gros, on lui a dit que le livre ferait un bon Hitchcock, et il l’a pris au mot :eheh: ), mais aussi et surtout parce que le récit lui permettait d’articuler sa mise en scène autour du milieu théâtral. C’est clairement ce dernier aspect qui fait toute la force du film : on sent que Hitchcock se plaît à avoir en guise de personnage principal une actrice, ainsi qu’une histoire où tout l’enjeu va être de jouer quelqu’un d’autre pour infiltrer un milieu, et plonger dans un milieu de faux-semblants.

D’une base très simple (un homme accusé d’un meurtre qu’il dit ne pas avoir commis, et donc il faut l’innocenter pendant que la police le cherche), on arrive peu à peu à quelque chose de nettement plus complexe, puisqu’on va avoir tout un jeu de connaissances avec par exemple tel personnage secondaire connaît l’héroïne sous sa véritable identité pendant qu’un autre la connaît uniquement par le rôle qu’elle joue pour l’occasion, etc… Ça ne révolutionne rien du tout mais ça permet d’avoir un film très ludique, compréhensible, avec de la tension, beaucoup d’humour, un rythme plutôt soutenu sur la longueur et un twist final bien senti, même si Hitchcock avait ensuite regretté avoir autant manipulé le spectateur (alors que, pour le coup, cette astuce de narration est nettement mieux acceptée aujourd’hui après un film comme Usual suspects).

Formellement, Hitchcock oblige, c’est très carré et bourré d’idées, même si, encore une fois, c’est clairement mineur dans sa carrière, par contre le final est vraiment très bon avec une mise à mort pour le moins originale et qui fait sens vu le lieu. Au final, le seul gros défaut que je pourrais pointer du doigt, c’est les personnages dans la globalité : ils fonctionnent tous très bien, mais se limitent à ça, et il manque, notamment pour l’héroïne, l’empathie qui permettrait au métrage d’être plus qu’un divertissement bien foutu. Il est possible que ce défaut soit provoqué en partie par le casting, car finalement, à part Marlene Dietrich, il n’y a pas vraiment de prestations habitées, et je pense qu’en remplaçant Michael Wilding et Jane Wyman (même si elle fait le taf) par des comédiens d’un autre niveau, on aurait pu avoir un film un cran au-dessus. En l’état, ça reste un film recommandable, mais peut-être que son twist et son côté divertissement pur fait que ça sera moins efficace lors d’une revision.


7/10
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Scandaleuse de Berlin (La) - 8/10

Messagepar Alegas » Ven 21 Oct 2022, 13:45

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A foreign affair (Le scandaleuse de Berlin) de Billy Wilder
(1948)


Super film de Wilder que voilà, et qui s’impose aisément parmi mes préférés du réalisateur. Sur le papier, le projet est plus que casse-gueule : difficile d’imaginer une comédie romantique se déroulant dans les ruines de Berlin d’après-guerre, surtout en prenant en compte que le film sort seulement trois ans après l’armistice ! Néanmoins, le pari ne semble pas faire peur à Wilder, pour qui le projet a sûrement quelque chose en partie personnel, lui qui avait quitté son pays à cause de l’arrivée au pouvoir d’Hitler, qui a perdu des proches durant la guerre, et qui avait participé à des films se déroulant dans le Berlin d’avant-guerre. Un point de vue européen sur un sujet très américain, une alchimie qui fonctionne vraiment tant le métrage s’avère efficace, jamais maladroit avec le contexte qu’il traite, et passant de la comédie à quelque chose de plus dramatique avec beaucoup d’aisance.

Côté script, c’est vraiment délicieux à suivre, avec ce triangle amoureux composé d’une sénatrice conservatrice qui cherche à faire un rapport incendiaire sur les relations entre soldats US et civils berlinois, une chanteuse allemande qui a eu des relations avec un officier nazi, et au milieu un gradé américain qui doit simuler une relation avec la première pour cacher celle qu’il a avec la seconde. Un postulat qui va donner lieu à pas mal de rebondissements, qui va aussi jouer intelligemment sur le contexte de l’époque (marché noir, berlinois cherchant un peu de bonheur parmi les ruines, nazi en fuite, etc…) mais qui va aussi donner lieu à une romance à la froid drôle et émouvante. Concrètement, le seul reproche que je pourrais faire au film serait de transformer le personnage de la sénatrice un peu trop rapidement d’un extrême à l’autre, mais la prestation de Jean Arthur (dont je tombe encore une fois sous le charme :oops: ) fait que ça passe tout de même.

Pour le reste, c’est de l’écriture inventive et efficace, renforcée par une mise en scène de qualité (toutes les scènes dans le bar clandestin sont vraiment top visuellement). Comme dit plus haut, Jean Arthur est top dans deux registres qu’elle maîtrise à merveille : la femme complètement coincée et autoritaire d’un côté, et la femme amoureuse et naïve à l’excès de l’autre. Et puis on a aussi Marlene Dietrich dans un rôle pas spécialement évident pour elle : vu qu’elle a toujours affiché sa haine du nazisme, on peut comprendre la difficulté de jouer le rôle d’une femme qui joue sur les deux tableaux, mais le fait est qu’elle s’en sort à merveille. John Lund est moins remarquable dans le sens où il a tendance à se faire complètement éclipser par ses compagnes à l’écran, mais il fait bien le job dans ce rôle d’officier roublard. Vraiment une excellente comédie qui met le sourire aux lèvres du début jusqu’à la fin, dans la lignée de Ninotchka.


8/10
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Re: Abuela - 7/10

Messagepar Pathfinder » Ven 21 Oct 2022, 15:40

Alegas a écrit:
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Il me fait de l'oeil depuis un moment, tu m'as convaincu!
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar ril » Ven 21 Oct 2022, 15:51

Mis de côté pour Hlloween
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Val - 7/10

Messagepar Alegas » Dim 23 Oct 2022, 12:29

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Val de Leo Scott & Ting Poo
(2021)


Lorsque j’avais entendu parler pour la première fois de ce projet, j’avoue que j’avais de grosses appréhensions, notamment parce que je redoutais le documentaire bien pathos qui allait profiter des problèmes de santé de Val Kilmer de ces dernières années, dans le seul but de tenter un comeback. Du coup, à la vision du film, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas être plus loin de la vérité, et pour cause : le film est extrêmement personnel, et surtout est lancé par Kilmer lui-même, sur la base d’une quantité absolument phénoménale de vidéos prises de son enfance jusqu’à aujourd’hui, illustrant autant sa vie quotidienne que ses expériences de tournage (au point d’en devenir presque affolant : on a l’impression qu’il a passé sa vie avec une caméra à la main). Si on rajoute à ça le fait que Kilmer semble vouloir aussi rendre hommage à son frère décédé durant son enfance, qui voulait être réalisateur et qui lui a transmis en partie l’amour du cinéma, nul doute que ce documentaire est extrêmement sincère dans ce qu’il souhaite faire : revisiter de façon intimiste une carrière finalement très riche, questionner le poids de la célébrité, et explorer le travail d’un acteur à travers un comédien auquel on ne pense pas forcément tout de suite lorsqu’il s’agit d’aborder ce sujet.

Cela donne un film assez captivant, d’une part pour la mise en lumière de l’acteur lui-même et de sa vision de sa propre carrière, mais aussi grâce aux images d’archive qui permet une rétrospective sans langue de bois, notamment lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes de production (les quelques images qu’on voit du tournage de L’île du docteur Moreau sont assez dingues sur ce point). Le documentaire est en plus assez touchant dans son traitement, avec un Kilmer qui se met à nu pour mieux se livrer au spectateur, et qui met en avant le fait que l’acteur souhaitait à la fois toucher un large public mais aussi jouer dans des registres plus sérieux et complexes (chose qu'il ne fera peut-être plus jamais, ce qui rend le métrage d'autant plus triste). De plus, il y a un gros travail de montage avec les archives qu’on devine nombreuses (au début du film, Kilmer évoque des milliers de cassettes et autres supports de stockage), et ça laisse presque sur notre faim tant on aimerait en voir plus. Si le film peut décevoir dans le fait qu’il n’aborde pas la filmographie de Kilmer avec la même égalité pour chaque film (on passe rapidement sur Heat, et les années 2000 sont évoquées le temps d’un rapide montage), ça se rattrape par le fait que la note d’intention est clairement d’aborder l’homme avant la carrière, et sur ce point c’est indéniablement réussi. Un joli documentaire, prenant et bien foutu, et qui ne s’adresse pas forcément qu’aux fans de l’acteur, loin de là.


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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Mark Chopper » Dim 23 Oct 2022, 12:50

une rétrospective sans langue de bois, notamment lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes de production (les quelques images qu’on voit du tournage de L’île du docteur Moreau sont assez dingues sur ce point).


Je trouve que cette période est quand même gentiment survolée.

Sinon, grosse déprime avec le passage au Comic Con, avec les autographes à la chaîne pour Top Gun et Batman Forever.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2022

Messagepar Alegas » Dim 23 Oct 2022, 13:07

Je pense que les réals ne pouvaient pas en montrer plus sur ce tournage chaotique, ça aurait pu finir au tribunal. Mais déjà la prise de tête entre Kilmer et Frankenheimer, ça pose le niveau de l'ambiance au quotidien. :eheh:

Sinon ouais, c'est chaud ce passage au Comic-Con où il finit par demander une pause. Mais même tout ce qui touche à Batman est bien déprimant : il voulait que sa carrière décolle définitivement, et résultat... :|
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Pinocchio (2022) - 2/10

Messagepar Alegas » Lun 24 Oct 2022, 21:08

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Pinocchio de Robert Zemeckis
(2022)


Ça m’emmerde profondément d’écrire cette critique, mais bon… :| Il suffit de me connaître un peu pour savoir que j’estime beaucoup Zemeckis en tant que réalisateur, notamment parce qu’il a su faire preuve d’une certaine constance qualitative qui rendait ses films moins bons toujours un minimum intéressant à regarder. Une constance qui s’est un peu égratignée avec le récent The Witches, clairement son film le moins intéressant depuis longtemps, et qui empire avec ce projet qui puait à des kilomètres. Alors bon, que Zemeckis ne soit plus le grand nom vendeur qu’il fut est une évidence, pour autant je ne comprend décidément pas ce qui l’a poussé à accepter de réaliser ce énième remake live-action d’un classique Disney, alors qu’il était évident qu’il n’y aurait absolument aucune liberté. On peut aisément deviner ce qui l’a intéressé dans le projet, entre la revisite d’un classique enfantin, la possibilité de continuer ce qu’il avait fait sur Welcome to Marwen en humanisant des jouets, ou l’idée de faire un semi film musical, mais le fait est que le mec s’est complètement fait avoir derrière, au point de livrer le pire film de sa longue carrière.

Difficile à ce stade de définir ce qui a bien pu se passer derrière une production pareille, mais à la vue du résultat final, il me paraît évident que quelque chose s’est passé durant la préparation de ce métrage. Script qui n’apporte aucune plus-value vis à vis du film original, pâle copie des scènes de ce dernier, des acteurs à la rue (pauvre Tom Hanks qui essaye d’y croire autant que possible :| ), mais ce qui choque le plus à mon sens, c’est de constater que le film ne donne jamais l’impression d’avoir le budget qu’il a eu. 150 millions pour un résultat visuel pareil en 2022, c’est juste hallucinant :shock: , tant on a l’impression à plusieurs reprises de voir ces films des années 2000 qui tentaient des effets visuels numériques pour des finalités franchement hasardeuses. Le final avec Monstro est particulièrement emblématique de cela : d’une part c’est globalement moche (le terme bouille numérique serait bien adapté sur ce coup là), mais d’autre part c’est bourré de petites erreurs bien visibles, genre un plan où le footage incrusté de Tom Hanks est accéléré d’un coup pour lui faire quitter le cadre rapidement comme s’il était dans un cartoon, où encore des images mises en boucle du comédien histoire de faire durer les plans plus longtemps :shock: . De telles choses dans un blockbuster aussi friqué, même s’il était pensé pour une distribution sur Disney+, me paraissent tellement improbables que je ne peux suspecter de gros soucis en cours de production, et il sera sûrement très intéressant de lire des choses autour du film dans les années à venir.

A cela s’ajouter une direction artistique à la rue, notamment dans le choix particulièrement étrange de vouloir faire cohabiter le design d’origine des personnages et des décors avec un rendu photo-réaliste, idée qui ne marche absolument pas à l’écran et qui empêche toute implication tant le rendu sonne faux du début jusqu’à la fin. Les choix de casting dans l’air du temps sont, comme très souvent chez Disney, juste opportunistes, et la diversité de la distribution n’apporte absolument rien, genre la Fée Bleue black c’est quand même du bon gros OSEF. La mise en scène de Zemeckis est ici particulièrement transparente, et déjà que dans The Witches je trouvais qu’il avait perdu son mojo, ici il est juste complètement absent (et ce n’est pas le clin d’œil à Roger Rabbit qui va faire la différence), c’est vraiment triste à voir de la part d’un cinéaste qui, il y a encore quelques années, livrait de beaux morceaux de bravoure et des idées de mise en scène réfléchies. Pour le coup, c’est vraiment un film qui provoque en moi un certain mépris, associé à la douleur de voir un de mes réalisateurs fétiches avoir son nom apposé sur un tel truc sans forme ni sens. Désormais, il ne me reste plus qu’à croiser les doigts pour que le chèque que Zemeckis a reçu pour ce film lui serve à faire un projet plus personnel, ça serait bien la seule chose positive qui ressortirait de ce désastre.


2/10
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