Mademoiselle, Park Chan-wook (2016)
Après un étonnant film de vampires (Thirst) et une percée hollywoodienne parfaitement réussie (Stoker), Park Chan-wook nous inflige une nouvelle petite claque. Débutant comme une retorse machination d'un receleur venant, grâce à l'aide d'une complice déguisée en servante pour l'occasion, damner le pion à une comtesse en lui faisant miroiter l'amour et la libération, alors que ne résident en bout de course que folie et entourloupe, l'intrigue s'annonce encore plus labyrinthique et vicieuse qu'en apparence. Elle révèle surtout un enjeu bien plus profond que ce vol où transparaît le cynisme le plus total. On se retrouve alors là où on ne s'attendait pas, malgré des gimmicks immédiatement reconnaissables, comme cette fable noire à la morale absente, ce voyeurisme à la Brian de Palma, et finalement ces doigts tranchés, totems d'une vengeance finale pressentie. Car derrière une première partie aux allures (délicieusement) saphiques, et surtout un désir bien masculin, se révèle un film où la femme devient l'instrument de sa propre libération.
La structure narrative, en trois actes, est un petit bijou d'écriture et de fluidité (exceptée peut-être l'évasion de l'asile, un peu facile bien qu'attendue). Du coup, on se régale à revisiter les mêmes séquences sous d'autres angles (malgré forcément un petit sentiment de redite dans la seconde partie), où les dupeurs deviennent les dupés, dans un fascinant jeu de miroirs. Il faut dire que l'intrigue est loin d'être le seul point fort du film, avec une réalisation qui n'est pas en reste. Park Chan-wook se plait en effet à allier des enjeux profonds avec une beauté formelle fulgurante, à jouer avec les regards et les hors-champs pour faire monter le mystère et le désir. Et que dire de la diction langoureuse de textes sadiens. Le tout montant vers une séquence d'érotisme purement centrale pour le propos (avec Kim Min-hee et Kim Tae-ri, sublimes) de laquelle il est difficile de rester de marbre, et que l'on revoit plusieurs fois pour notre notre plus grand plaisir, d'abord de manière feutrée, pour enfin la rendre encore plus charnelle.
Certains ont tiqué avec la fin qui révèle enfin ce que masquait ce sous-sol qui effrayait au plus haut point la comtesse, mais pour moi son côté grand-guignolesque est raccord avec ce vers quoi ce film sous-tend, à savoir une surprenante inversion des rôles et plus encore, une mise à bas de la place centrale de la gente masculine au sein de cette société profondément patriarcale, et ce avec beaucoup d'humour noir. Ce qui est aussi raccord avec le sens comique que l'on retrouve derrière le tragique lorsqu'on revisite toute l'histoire en nous en livrant les clés (le plus drôle étant cette pendaison alors que c'est l'une des scènes les plus vraies pour les deux amantes avec leurs séquences d'amour). Bref, tout fait sens dans ce film au sujet profondément féministe (de la plus belle des manières, l'amour), et en même temps tout simplement magnifique, tant dans le fond (libérateur) que dans la forme, dont le propos est intelligemment mis en valeur par une mise en scène à la De Palma et une écriture à la Rashomon constamment ludiques pour le spectateur.
La structure narrative, en trois actes, est un petit bijou d'écriture et de fluidité (exceptée peut-être l'évasion de l'asile, un peu facile bien qu'attendue). Du coup, on se régale à revisiter les mêmes séquences sous d'autres angles (malgré forcément un petit sentiment de redite dans la seconde partie), où les dupeurs deviennent les dupés, dans un fascinant jeu de miroirs. Il faut dire que l'intrigue est loin d'être le seul point fort du film, avec une réalisation qui n'est pas en reste. Park Chan-wook se plait en effet à allier des enjeux profonds avec une beauté formelle fulgurante, à jouer avec les regards et les hors-champs pour faire monter le mystère et le désir. Et que dire de la diction langoureuse de textes sadiens. Le tout montant vers une séquence d'érotisme purement centrale pour le propos (avec Kim Min-hee et Kim Tae-ri, sublimes) de laquelle il est difficile de rester de marbre, et que l'on revoit plusieurs fois pour notre notre plus grand plaisir, d'abord de manière feutrée, pour enfin la rendre encore plus charnelle.
Certains ont tiqué avec la fin qui révèle enfin ce que masquait ce sous-sol qui effrayait au plus haut point la comtesse, mais pour moi son côté grand-guignolesque est raccord avec ce vers quoi ce film sous-tend, à savoir une surprenante inversion des rôles et plus encore, une mise à bas de la place centrale de la gente masculine au sein de cette société profondément patriarcale, et ce avec beaucoup d'humour noir. Ce qui est aussi raccord avec le sens comique que l'on retrouve derrière le tragique lorsqu'on revisite toute l'histoire en nous en livrant les clés (le plus drôle étant cette pendaison alors que c'est l'une des scènes les plus vraies pour les deux amantes avec leurs séquences d'amour). Bref, tout fait sens dans ce film au sujet profondément féministe (de la plus belle des manières, l'amour), et en même temps tout simplement magnifique, tant dans le fond (libérateur) que dans la forme, dont le propos est intelligemment mis en valeur par une mise en scène à la De Palma et une écriture à la Rashomon constamment ludiques pour le spectateur.
Note : 8.5/10