[Dun] Mes critiques en 2020

Modérateur: Dunandan

Cité des enfants perdus (La) - 7/10

Messagepar Dunandan » Mar 07 Avr 2020, 21:45

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La cité des enfants perdus, Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro (1995)

De mémoire, je n'ai jamais complètement porté ce film dans mon coeur, bien que j'en reconnaisse ses nombreuses qualités. À commencer par sa direction artistique encore aujourd'hui assez folle, avec sa ville futuriste à la Jules Verne entièrement construite en dur, sa mise en scène généreuse qui fourmille de petits détails visuels, ou encore son utilisation parcimonieuse des images de synthèse toujours épatante bien qu'ayant un peu vieillies dans le rendu (les puces), mais pas dans le mouvement de caméra qui excelle dans son passage du macro au micro. Cependant, là où le bât blesse, c'est que malgré le matériel de base follement riche, fruit de la collaboration Jeunet/Caro alors au top, le scénario a du mal à décoller, la faute également à une direction d'acteurs assez monotone, à l'exception de quelques éclats par ci par là (je pense évidemment à Dominique Pinon et son faciès de clown inimitable, et Daniel Emilfork qui semble tout droit sorti d'une production de la Warner). Du coup, il y a aussi un soucis du côté de l'émotion, bien présente dans la plupart des autres Jeunet, y compris Delicatessen, autre création des deux cinéastes. Je ne sais pas si c'est à cause du fait que les principaux protagonistes sont des jeunes enfants, qui sont toujours un public un peu plus difficile à gérer (j'ai le souvenir d'un bonus qui en parle, qui concerne surtout le fils de la brute du cirque, et franchement ce n'est pas le pire), ou Ron Pearlman qui devait prononcer phonétiquement ses phrases car il ne connaissait pas un seul mot de français, ou encore parce que le soucis du détail est tel que les personnages sont comme noyés dans le décor environnant, mais il y a clairement un problème quelque part de mon point de vue.

Mais à coté de ça, La cité des enfants perdus est un film d'exception dans le genre du film fantastique fantastique friqué. Rien que le fait de nous balader dans les recoins de cette ville qui pue l'imaginaire (qui a nécessité plusieurs années de gestation), peuplée de personnages hauts en couleur, furieusement atypiques et plongés dans un univers hautement fantasmagorique, peut suffire à nous tenir éveillé (même si effectivement à chaque fois que je le revois, j'ai un peu de mal sur la durée, faute, encore une fois, d'un liant scénaristique et émotionnel assez puissant). C'est bien simple, c'est rempli de séquences inoubliables, telles que les soeurs siamoises en parfaite synchronicité (au point que l'une fume tandis que l'autre recrache la fumée), le dresseur de puces (et sa scène hallucinante où on la suit en vue subjective d'hôte en hôte), ce couple délicieusement mal assorti que sont Miette et la brute, cette étrange tour métallique aux résidents non moins étranges avec ses expériences à la Docteur Moreau, ou encore l'effet papillon (que l'on retrouve dans pas mal des Jeunet) qui vaut le coup d'oeil à lui seul. Bref, malgré mes griefs, je suis admiratif du travail effectué, mais sans jamais être passionné. C'est dommage, car tout ça a vraiment de la gueule, et on a envie de défendre ce genre d'oeuvre cinématographique franchement unique et avant-gardiste, notamment pour ses effets spéciaux (conjuguant l'ancien pour ses décors en dur et le nouveau pour ses techniques de CGI), mais il manque selon moi cette petite étincelle qui lui permettrait d'être plus qu'un bel objet d'art moderne, un petit supplément d'âme pour transcender le tout.

Note : 7/10
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Ennemi intime (L') - 8/10

Messagepar Dunandan » Jeu 09 Avr 2020, 15:34

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L'ennemi intime, Florent-Emilio Siri (2007)

Cela faisait un bout de temps que je voulais le revoir. J'aime bien Siri, jusqu'à Cloclo, il parvenait toujours à faire des trucs intéressants malgré le sujet traité (je pense notamment au film précité), tant d'un point de vue psychologique que formel, et ça ne manque pas avec L'Ennemi intime, qui est avant tout un duel entre deux personnages, interprétés par Magimel et Dupontel, plongés en pleine guerre d'Algérie dans la cambrousse. Ce qui rend le récit si intéressant selon moi, c'est cette tension qui naît entre eux et qui offre ainsi un portrait assez complet de la situation, une tension qui rappelle évidemment Platoon par ce que ces deux profils représentent, sauf que jusqu'à la dernière séquence, difficile de se prononcer pour l'un ou l'autre, et c'est là que le film prend clairement de la hauteur par rapport à ce qu'il raconte. Autre thème intéressant, la double identité française/algérienne, sujet très difficile et qui laisse plus de questions que de réponses en suspens. Deux pendants ambigus qui apportent un petit plus au récit.

Siri n'oublie pas d'apporter des idées en termes de réalisation, toujours au service du sujet de son film, comme les horreurs montrées des deux côtés (ces séquences sont cash comme rarement), la façon dont le FLN se joue de l'armée française par des stratagèmes ou une meilleure connaissance du terrain, ou encore les nombreuses erreurs de jugement (ça commence d'ailleurs de cette manière, bonne mise en bouche pour le coup de ce que l'Ennemi intime va nous proposer). En tout cas, difficile d'attaquer ce film sur la cohérence et la forme, qui fait d'ailleurs beaucoup penser à une sorte de western moderne avec sa gestion de l'espace et du cadre, et une classe indécente en ce qui concerne les officiers. Et si ce film s'avère aussi prenant, ça passe aussi par ses acteurs. Magimel nous rappelle qu'il pouvait être bon dans le rôle de l'officier naïf et idéaliste qui va se prendre en pleine tronche la réalité du terrain, mais c'est surtout Dupontel qui défonce dans cette incarnation du soldat qui en a trop vu, mais qui sait aussi être expéditif et efficace quand on a besoin de lui. Le reste du casting est pas mal non plus, mais ce sont ces deux là qu'on retient en premier. Bref, on aimerait bien revoir Siri sur ce genre de projet.

Note : 8/10
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Re: [Dun] Mes critiques en 2020

Messagepar Creeps » Jeu 09 Avr 2020, 18:28

Qu'as tu pensé des rochers ? :mrgreen:

Il faudra que je le revoie celui là, je n'avais pas été emballé du tout.
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Re: [Dun] Mes critiques en 2020

Messagepar Dunandan » Ven 10 Avr 2020, 02:39

Plus vraies que nature. C'est quand même bien fait. Rondes, grosses, petites, angulaires, il y en a vraiment pour tous les goûts.
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Dernier des Mohicans (Le) - 9/10

Messagepar Dunandan » Ven 17 Avr 2020, 20:23

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Le Dernier des Mohicans, Michael Mann (1992)

Le dernier des Mohicans est certainement ma petite madeleine de Proust en termes de film historique au coeur romantique. Bien qu'on se retrouve avec un cadre bien éloigné des milieux urbains pour Mann (un cadre peu vu au cinéma et par ailleurs magnifiquement filmé, qui paraît authentique), tout respire son cinéma, avec un protagoniste qui suit sa propre loi et donc se fiche un peu du camp anglais ou français en soi, un spleen omniprésent (cette situation un peu chaotique, sur le fil, joue évidemment), et donc au final une préférence marquée pour les personnages et leurs failles, au détriment des événements qui se déroulent autour d’eux. Le sillon laissé par le personnage de Daniel Day-Lewis (absolument magnétique) qui se dessine alors autour de Madeleine Stowe (son jeu de regards est magnifique et parvient à nous traduire tout un panel d’émotions), qui devient par la suite la base de ses choix, me parait vraiment captivant.

Pour couronner le tout, le montage-son est juste fabuleux, je pense particulièrement au dernier acte qui termine de la manière la plus poignante qui soit (cette scène est à pleurer tellement elle est belle et tragique) et donne raison au titre, mais le reste fonctionne vraiment bien. Même sans ce final, le film était déjà un sacré morceau, une épopée humaine à la fois profondément violente (sans abuser dans les effets, elle est percutante : sans parler des coups de tomahawks qui rendent bien avec juste des ralentis, je pense à cette fameuse séquence où le protagoniste laisse les corps des fermiers à l'abandon) et à fleur de peau (évidemment tout ce qui tourne autour des personnages féminins et le destin des deux indiens qui les accompagnent). Ce mélange là, aux antipodes, je le ressens particulièrement à travers la manière dont sont utilisés les violons, puissante et lyrique. Enfin, nous avons aussi un excellent antagoniste, plein de fiel et de revanche, moins présent que celui interprété par Daniel Day-Lewis, mais qui mérite une mention spéciale. Bref, une pierre angulaire du genre, qui fait sens dans la filmo de Mann, et qui me fait toujours autant d'effet au fil du temps.


Note : 9/10
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Re: [Dun] Mes critiques en 2020

Messagepar Dunandan » Sam 02 Jan 2021, 16:34

Petit bilan de l'année : 170 films vus, dont 46 découvertes et 29 critiques.

Top 5 des découvertes : Mademoiselle, Battleship Island, School on fire, A taxi Driver, L'impossible Mr Bébé.
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