Yep, j'ai adoré la forme, notamment côté montage, mais j'ai jamais accroché à l'histoire ou au perso. A la fin, le sentiment qui prenait le pas sur le reste était "tout ça pour ça".
J'avais largement préféré la version Gibson pour le coup.
Modérateur: Dunandan
Alegas a écrit:Il y a un fossé entre être frustré parce que tu vois des personnages auxquels tu étais attaché crever, et être frustré parce que tu vois un potentiel inutilisé sacrifié dans le seul but de marquer les esprits.
En l'occurence, on est clairement dans le second cas avec ce film.
Ca me rappelle du coup les débats sur le topic de GOT, avec les morts faites pour choquer l'audience plus que pour conclure ou faire évoluer un arc narratif.
Alegas a écrit:La Chambre des officiers de François Dupeyron
(2001)Voilà un film qui m’a toujours intrigué, en grande partie par sa bande-annonce muette qui passait avant la séance du Fabuleux destin d’Amélie Poulain. Même à l’époque, la promesse du trailer, vendant un film singulièrement différent du reste de la production française, avait su me charmer, et pourtant, allez savoir pourquoi, il aura fallu attendre 19 ans pour que je le découvre enfin. A l’arrivée, c’est une grosse claque : non seulement c’est un des plus beaux films faits sur la Première Guerre Mondiale (alors qu’on ne la voit jamais directement à l’écran) mais c’est surtout un superbe hommage au phénomènes des gueules cassées, AKA ces soldats défigurés par les nouveaux outils de la guerre moderne, et qui doivent faire le deuil de leur vie passée pour apprendre à vivre avec un nouveau visage que personne ne peut regarder sans sourciller.
C’est d’ailleurs assez culotté de baser un film entier sur ce sujet : d’une part ça oblige le spectateur à suivre un personnage dont le faciès donne envie de détourner le regard, mais surtout c’est le choix le plus anti-spectaculaire possible, car passée la scène de la cause de la mutilation, la quasi-totalité de l’action va se dérouler entre les murs d’un hôpital. Plus qu’un film sur la guerre, c’est surtout un film sur ses conséquences humaines, sur des hommes qui doivent réapprendre à apprécier la vie, et doivent accepter un monstrueux visage pour le reste de leur existence. Des sujets forts qui débouchent sur un superbe métrage, dont le côté particulièrement humain m’a vraiment surpris. C’est filmé à hauteur d’homme, c’est d’une justesse incroyable que ce soit d’un point de vue formel (la gestion du hors-champ, la poésie qui se dégage de certaines séquences) ou narratif (les tentatives de suicide, les découvertes des visages, les relations avec les infirmières ou celle avec la femme défigurée), bref c’est vraiment une réussite à tous les niveaux, qui m’a souvent ému aux larmes, et je me rend compte que je n’ai finalement aucune réserve sur quoi que ce soit.
La mise en scène est d’une classe assez folle, et ça m’étonne d’autant plus que je n’ai pas l’impression que Dupeyron soit un réalisateur particulièrement connu (je n’ai jamais entendu parler du reste de sa filmographie), et puis la photographie de Tetsuo Nagata est vraiment sublime, très Jeunet dans l’esprit (c’est Un long dimanche de fiançailles avant l’heure visuellement parlant) mais surtout à l’encontre de l’imagerie sombre et boueuse qu’on se fait de cette guerre. Dernier point : le casting entier est admirable, le trio de gueules cassées en tête. Et puis mention spéciale à Sabine Azéma dont le personnage pourrait tout droit sortir d’un film français des années 30 . Amélie Poulain, Le Pacte des Loups et La Chambre des officiers : y’a pas à dire, le cinéma français en 2001, c’était quelque chose.8,5/10
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