Projet hautement symbolique de ce
King Kong contre Godzilla, étant donné que la popularité mondiale du premier a permis la naissance du second. Ça a beau ne pas être le crossover le plus logique qui soit (mais est-ce qu'un
Alien VS Predator l'est plus ?

), la perspective de voir deux monstres célèbres du cinéma se foutre sur la tronche a de quoi rendre curieux les esprits les plus déviants (et apparemment ils sont nombreux au Japon : 11 millions de spectateurs, soit le plus gros succès ever de la saga

). Néanmoins, je savais qu'à un moment, la franchise Godzilla allait faire le pas de trop et sombrer par intermittence dans le nanar, et c'est clairement ce qui se passe avec ce troisième film de la franchise, malgré le fait qu'on ait toujours Ishiro Honda aux commandes. Certains diront qu'on ne peut pas en attendre plus d'un pitch opposant un lézard radiocatif avec un singe, mais pour le coup le côté nanar vient clairement du traitement du métrage, délicieusement kitsch.
Toute la storyline humaine qui amène à la venue de Kong sur le sol japonais est pour le moins rocambolesque : on suit les aventures d'un homme et de son beau-frère, bossant tout deux pour une chaîne de télévision, et qui sont envoyés par leur patron (un moustachu qui ne fait que crier durant tout le film) sur Skull Island (rebaptisé pour l'occasion Pharaoh Island for no reason

). L'objectif : ramener un monstre géant pour qu'il devienne la mascotte de la chaîne et fasse grimper les audiences

. Quand le film part déjà de ce postulat, où les japonais n'ont toujours pas compris après deux films que les monstres géants ne sont guère recommandables, tu sens très vite que la suite risque d'être assez gratinée

. Et ça ne loupe pas : pendant qu'un sous-marin américain, rempli d'acteurs sortis de première année de théâtre amateur, fonce sans raison dans l'iceberg où dormait Godzilla, les deux gusses de la télévision se retrouvent sur Pharaoh Island à convaincre des japonais grimés en noirs de les aider à capture Kong (qui est leur divinité, mais ça n'a pas l'air de les déranger plus que ça

). Après un combat contre un poulpe géant, l'ingestion d'un jus de fruit local et une berceuse chantée par les aborigènes (et là je ne déconne pas, c'est vraiment ce qui se passe

), Kong est mis hors d'état de nuire, prêt à être ramené au Japon en le foutant sur un radeau géant traîné à l'arrière d'un bateau

.
Et là, je ne raconte que la première demi-heure du film : le reste, bien que parfois inégal en terme de rythme, est tout aussi idiot dans ce qu'il raconte, avec des idées hautement WTF comme le fait que Kong soit plus puissant lorsqu'il touche des câbles électriques ou l'idée des japonais de transporter ce dernier avec des ballons pour l'amener combattre Godzilla

. Bref, c'est un beau festival de nawak, rendu encore plus kitsch par le passage à la couleur, une première dans la licence, qui rend du coup encore plus visible l'utilisation de maquettes et/ou de jouets face à Godzilla (sérieux le premier plan avec les chars qui sortent, c'est à mourir de rire tellement ça donne l'impression de venir d'un autre film

). En plus, le film reprend une mauvaise idée du précédent, avec des combats filmés à vitesse réelle, et donc avec zéro sensation de gigantisme : autant dire que le combat final redonne l'impression de voir du catch amateur entre deux costumes pas pratiques à porter. Je finirais cette critique en évoquant le visage de Kong, dont la simple vision est capable de vous redonner le sourire pour la journée

. Un troisième film recommandable surtout pour son approche nanardesque donc, qui le rend du coup bien plus agréable à suivre que son prédécesseur qui se contentait d'être juste un mauvais film.