Zardoz de John Boorman - 1973
Ce film a une aura assez dingue. Les images qu'on en voit laissent peu de chance à la possibilité qu'il ne soit pas un nanard cosmique venant des tréfonds du cerveau malade d'un cinéaste fou et sans le sou. Cependant, c'est bien Boorman derrière la caméra :
Point Blank,
Délivrance,
La Forêt d'Emeraude et même
Excalibur sont pourtant dans les clous, ou à peu près. Et puis Connery et Rampling au casting, c'est pas Bruce Baron et Farrah Fawcett.
Du coup, j'avais très très envie de le voir.
Et bien je n'ai pas été déçu du voyage! En premier lieu parce que l'esthétique choisie fait fondre le cerveau à de multiples reprises. Déjà, la tenue mythique de Connery, et bien il la garde quasiment jusqu'au dernier 1/4 d'heure. Mais c'est aussi une tête qui parle en début de film avec une moustache faite au feutre, une tête en pierre géante qui vole, des hippies en mode gréco-romain, des capotes-serres géantes, trop de miroirs etc... on en prend plein les pupilles!
Cependant, à l'instar de
Jeannette, il y a bien quelque chose sous ce vernis étrange.
En effet, il y a malgré tout un vrai film d'anticipation derrière tout cela, avec des thématiques intéressantes et relativement bien traitées. Que ce soit le but de la technologie, de la culture, les risques liés à l'éternité, la nécessité de conserver ses instincts, l'intérêt de la barbarie... c'est un florilège incessant de propositions avec des réponses qui sont données sans burin, simplement. De ce côté, je pense que la direction artistique "autre" permet justement de ne pas trop se focaliser sur le discours et de faire passer la pilule qui coince généralement ailleurs. Devant une telle fable, on prête moins attention à la morale et on accepte mieux les choses. Et ce qui est dingue, c'est de caser tout ça en 1h45!
Cependant, tout n'est pas rose et cinématographiquement parlant, il y a des choses qui piquent sévère. Déjà la direction d'acteur, au milieu de cet univers WTF, est aussi WTF. Personne n'est vraiment convainquant et on a gardé un paquet de prises mal branlées.
Alors que d'un autre côté on a une vraie mise en scène, avec des plans travaillés, qui ont un sens compte-tenu du (des) propos du film.
Au final, ben ça donne une vraie expérience visuelle et intellectuelle, et enchaîner avec la présentation de Thoret sur le bluray et la vidéo du Fossoyeur apporte un double regard passionnant qui prolonge la séance de fort belle manière.
7,5/10