Once were warriors (L'Âme des guerriers) de Lee Tamahori
(1994)
J’avais vu le film il y a une quinzaine d’années en dvd, vu que c’est l’un des films préférés de ma mère, mais j’avoue que je n’en avais gardé quasiment aucun souvenir, si ce n’est une scène de mort marquante ou la prestation de Temuera Morrison, autant dire que la revision m’a fait du bien. Once were warriors a la particularité d’être le seul bon film de son réalisateur, Lee Tamahori, qui s’expatriera un peu trop vite à Hollywood ensuite et qui fera le yes-man insipide pour le reste de sa carrière. Et c’est vraiment dommage car ce premier film a beau ne pas être une leçon de mise en scène, il témoignait tout de même d’une volonté de concilier le fond et la forme, et donc de raconter quelque chose avec des outils cinématographiques. Ça restera donc l’homme d’un seul film, mais quel film pour le coup car en guise de premier long c’était assez prometteur, et surtout ça reste l’œuvre de référence en ce qui concerne le traitement de la population maorie dans la Nouvelle-Zélande contemporaine, sur une histoire tirée d’un bouquin qui avait très bien marché là-bas.
On va donc suivre une famille néo-zélandaise dans les zones urbaines où se regroupent les classes sociales les plus basses du pays, sorte de ghetto où la bière et la violence font la loi. Rapidement, les bases sont posées : un père ultra-violent qui ne supporte ni la frustration, ni le rappel de ses origines, et de l’autre la mère maorie victime mais fière, qui va faire tout son possible pour préserver ses enfants de cette situation qui se dégrade de plus en plus. Le gros point fort du métrage, c’est clairement sa recherche d’authenticité, et donc logiquement vu le sujet d’un côté brut de décoffrage. Avec les moyens du bord, Tamahori fait tout ce qu’il peut pour souligner la misère des situations présentées, le tout en parlant de plus en plus, au fur et à mesure de l’avancée du récit, de la nécessité de retourner vers ses origines pour mieux avancer ensuite. Visuellement, c’est clairement pas un film qui cherche la belle photographie ou le plan léché, ça se veut basique, voire rudimentaire (mais inventif tout de même, en témoigne le crescendo sonore présent quand Jake s'énerve), avec une image très grainée pour renforcer le côté brut. Et pour le coup, ça marche vraiment bien, surtout quand on se rend compte que les scènes d’accalmie en dehors de la ville deviennent réellement une possibilité pour le spectateur de souffler entre deux deux séquences bien tendues.
Mais clairement, Once were warriors est avant tout un film de personnages, et sur ce point c’est vraiment excellent : on a beau suivre quasiment chaque membre d’une famille nombreuse sur seulement une heure et demie, chacun arrive à exister pleinement, avec sa storyline et sa contribution au propos. Et puis Tamahori savait bien s’entourer côté casting, et si beaucoup ont salué la performance de Temuera Morrison, c’est de mon côté bien plus celle de Rena Owen que je trouve fabuleuse, autant dans ses moments de fierté que dans les moments où tout s’écroule, dommage qu’elle n’ait pas eu la carrière qu’elle méritait ensuite. A noter qu’on y trouve un des premiers rôles de Cliff Curtis, qui joue un sacré salopard dans celui-là. Un premier film vraiment bien (ça m’a donné envie de me pencher sur la suite, dont j’avais vu quelques extraits il y a quelques années), et dont l’intérêt de La Rabbia pour une future ressortie ciné et vidéo fait bien plaisir, car ça reste finalement un métrage assez méconnu hors des frontières néo-zélandaises.
7/10