Toy Story 4 : 5/10
Je ne comptais pas le voir à la base, restant sur l'idée que la fin du 3 était trop parfaite que pour s'ennuyer avec une suite. Mais à la sortie du film, j'ai eu envie de me refaire la trilogie, et bien m'en a pris: je ne l'avais pas revue depuis 2010, et j'ai repris une claque. Ces films sont formidables, et d'une cohérence thématique et scénaristique remarquable. Il y a un vrai parcours mené au long des trois films pour les personnages en même temps que des réflexions géniales sur l'imaginaire, l'enfance, le destin, ce qui compte vraiment pour soi dans la vie et comment se réinventer aussi (en fait le 3 était assez proche de
Lost finalement, remember, let go, move on). Le 1 est sans doute, sans être le meilleur film à mes yeux, le plus gros tour de force: la manière dont on croit instantanément à cet univers et à ces personnages de jouets vivants doit beaucoup à une technique déjà incroyable et surtout à un script ahurissant par sa fausse simplicité. Mais ensuite, ils ont réussi, avec le 2 puis le 3, à à chaque fois faire plus fort, plus drôle, plus aventureux, plus émouvant. Et au final, en revoyant la fin du 3, je me suis encore une fois dit: il n'est absolument pas nécessaire de faire un quatrième épisode. Tout est dit, on ne pourra pas faire plus fort que cette scène dantesque de la décharge suivie de ce passage de témoin et de cet adieu à Andy si émouvant.
Mais tout de même, réemballé par l'univers Toy Story, et assez étonné par les retours relativement enthousiastes (ici et ailleurs) je me suis mis à y croire et me suis dit que, même si ça ne serait sans doute pas mieux que les autres, ça pouvait être un film très sympa. J'y suis donc allé relativement confiant.
Résultat: je suis ressorti du film en étant écrasé par l'idée que finalement, non, ce film n'était vraiment pas nécessaire. Ce n'est pas mauvais en soi, ça se regarde. Mais j'ai comme eu l'impression de voir une "bonne fanfiction". Il y a quelques leviers actionnés qui fonctionnent (le personnage de Woody, essentiellement), on voit que les gens qui ont fait le film ont une connaissance de cet univers et un respect pour lui. Mais il y a aussi trop de choses foireuses. On parle partout du fait que c'est un film sur le deuil, et c'est vrai. Mais je trouve que ce deuil était déjà fait à la fin du troisième épisode. Ca faisait des années qu'Andy ne jouait plus avec ses jouets, et Woody s'accrochait tout de même à lui; à la fin du film, il avait compris que c'était terminé, que son enfant était parti, et que ce qui comptait pour lui c'était sa famille de jouets. Or, on se trouve, avec ce quatrième épisode, face à un film où Woody n'a toujours pas tourné la page, et où cette famille n'est pour ainsi dire plus du tout utilisée: Woody n’interagit quasiment pas avec ses vieux comparses (je me demande si on entend une seule vraie réplique de Bayonne ou de Monsieur Patate, autre que "et Woody?"), ils sont tous en retrait, et même un personnage comme Buzz devient con-con (cette histoire de sa voix intérieure, c'est pas possible pour un personnage pareil...). Tout ça fait que j'ai un peu du mal à être ému par le parcours de Woody dans cet épisode... Les anciens personnages sont délaissés, et les nouveaux sont peu intéressants (allez, Duke peut faire rire, mais le reste...Fourchette -oui je regarde toujours les
Toy Story en VF- est vite agaçant).
Pour moi, on est dans de la redite en moins bien par rapport aux trois premiers films. Moins drôle, moins émouvant, moins spectaculaire (je ne retiens pas de scène "d'action" intéressante, je trouve la fête foraine et le magasin d'antiquité assez pauvrement exploités, on est loin de la course-poursuite finale du 1, des scènes à l'aéroport du 2 ou même de tout ce qui concernait Zurg, que ce soit en jeu vidéo ou ailleurs, et loin aussi de l'intro énorme du 3 ou de la scène de la décharge). Et concernant les thématiques sur l'imaginaire, l'enfance, le destin, ben je ne vois rien de bien neuf dans ce film. Pour moi, on loupe le coche avec le personnage de Fourchette, alors que l'idée est en soi très intéressante -un jouet qui n'en est pas vraiment un; qu'est-ce qui fait son essence au fond? Mais finalement,
Bref, un film qui peut être satisfaisant pris à part (oui techniquement c'est toujours aussi beau, il y a des gags qui fonctionnent, Woody est un très beau personnage), mais selon moi vraiment l'épisode de trop de la saga, malheureusement.