••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••☉ Pasqualino Settebellezze / Pasqualino[ Lina Wertmüller → 1975][ 7.5/10 ]
••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••Pur produit du machisme napolitain éthéré par une couardise à toute épreuve, Pasqualino est une petite frappe désireuse de rentrer dans la cour des grands. Il est surtout un véhicule de luxe pour illustrer ce qu'a pu produire de pire la nature humaine pendant la seconde guerre mondiale. Mue par une photographie maîtrisée, un sens du cadre insolent et une audace intarissable, qui s'exprime notamment lors des séquences dépeignant l'horreur des camps de concentration, Lina Wertmüller compose ici un film particulier, qui se perd peut-être par moment dans son ambition démesurée, mais qui ne manque assurément pas de panache. Jouer pendant près d'une heure avec un personnage gentiment exécrable pour en faire le contrepoids du mal absolu, jusqu'à le rendre presque attachant quand il est confronté à de vrais enfoirés qui ne jouent pas dans sa ligue, est particulièrement malin.
Comme à chaque fois qu'il est sous les objectifs de Lina Wertmüller, Giancarlo Gianini marque l’écran d'un naturel magnétique, lequel est contenu dans cette mimique de la mâchoire inférieure qui lui est propre
Il peut tout faire, l’apprenti boucher pour dissimuler un corps gênant, le porc à balancer sur Twitter, qui profite d'une patiente attachée à son lit dans un hôpital psychiatrique, ou le déserteur affamé qui s’excuse auprès d'une vieille de lui piquer son goûter, on ne saurait remettre en question l'authenticité de son personnage. Il est particulièrement habile pour faire naître le sourire de l'horreur par ses mimiques, en témoigne son face à face avec une Ilsa frigide pas piquée des haricots, moment délicieusement burlesque et pourtant porteur d’un désespoir ultime.
Même s’il souffre d’un rythme un peu changeant, Pasqualino est un film remarquable parce qu’il nous balade, nous, spectateurs un peu naïfs. Difficile en effet d’anticiper le dernier acte alors qu’il était question d’une fresque sociale douce-amère habitée par un personnage à l’ironie mordante pendant la première demi-heure. Alors quand les images se corsent, parce que Lina Wertmüller est bien décidée à confronter sans détour l’atrocité de la seconde guerre mondiale, on en prend pour son grade. Et si l’on continue à sourire, on fait bien gaffe à ne pas trop se laisser aller. Et l’on termine le film marqué par deux souvenirs : son humour mordant d’un côté et, de l’autre, la tristesse absolue de son propos.
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