••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••☉ Addio zio Tom / Les négriers[ Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi → 1971][ 7/10 ]
••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••Bon, c'était une idée un peu saugrenue de lancer ça pour accompagner mon petit dej'. Mais pour ma défense, je ne pensais pas me retrouver devant un film/faux docu aussi trash. Inutile de vous dire que je n'ai pas terminé toutes mes tartines.
Parce que Addio Zio Tom, c'est une grosse mandale dans la tronche, un rafraîchissement des mémoires sur ce que fut la traite des noirs d'une violence frontale qui fait mal au bide. Je ne sais honnêtement pas trop quoi penser de la mise en scène putassière des deux réalisateurs, sans doute parce que je me dis qu'aussi atroce que puissent me paraître toutes les séquences les plus horribles du film, elles sont sans doute à des années lumières de ce que fut la réalité. Du coup, j'ai passé la projection à me poser des questions, ce qui, en un sens, joue plutôt en la faveur des deux metteurs en scène. Surtout que les deux bougres ne reculent devant rien, et parviennent, alors que tu crois avoir vu le pire, à te remettre un violent coup derrière la nuque qui te déstabilise encore plus.
Les deux sadiques commencent leur film par le premier maillon d'une chaîne sordide, à savoir le transport de millions d'Africains vers un paradis à deux vitesses dans des négriers tout droit sortis des enfers. Puis c'est direction les champs de coton où les esclaves aspirent à différents destins qui se jouent la plupart du temps sans vêtement ni conscience de soi. Petit détour ensuite dans un camp de reproduction (comprenez qu'on y parque des mères payées 1 dollar par bébé enfanté et des reproducteurs choisis pour leur capacité à fertiliser en continu toute la journée. Puis, c'est le coup de grâce : la caméra s'invite dans des chambres glauques où l'on finit de préparer des esclaves sexuels de tout âge. L'horreur est à son comble, sortez la bassine, j'étais personnellement pas loin de rendre le miel que j'avais rajouté en début de projection à mon thé au lait.
Point intéressant du film, et qui permet finalement à l'insoutenable d'être toléré, c'est le parallèle qui se joue à l'écran entre les temps de l'esclavage et la réalité des années 60-70 (Malcom X, Black Panther), même si ça reste à mon sens traité un peu trop en surface. C'est sans doute ce qui me gêne le plus dans ce film. Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi se targuent de rétablir l'histoire (même si on est pas dupe quant à leurs véritables intentions) mais quand ils évoquent le retour de bâton et la révolte menée par des hommes comme Malcom X ou Martin Luther King, c'est effleuré, voire délaissé au profit de scènes plus typées exploitation comme la vengeance finale qui consiste à massacrer des familles de blanc par exemple. D'ailleurs, pendant ces scènes plus typées bis, on est même tenté de se dire qu'il y a peut-être un peu de second degré qui se planque dans tout ça (plus sensible dans la dernière scène notamment avec le face à face gamin qui joue au ballon ou bien avec le moustachu qui se fait laver par une servante en fumant un cigare démesurément grand), mais c'est assez furtif, on pleure plus qu'on ne rigole devant Les négriers :'(
Bref, pas évident de savoir quoi penser de Addio Zio Tom. Je ne sais pas si c'est un film nécessaire, mais il remet tout de même en perspective une horrible phase de l'histoire de l'humanité, dont on est conscient mais que l'on connaît finalement assez mal. Et en tant qu'objet filmique à proprement parler, c'est quand même bien gaulé, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi sont loin d'être manchots, on ressent leur maîtrise dans le montage notamment. On pourrait leur reprocher de multiplier les paires de sein à l'image et de se laisser aller volontiers à montrer l'horreur sans jamais détourner leurs optiques, quitte à parfois favoriser la nausée à la réflexion à proprement parler. Mais n'est-ce pas, finalement, la seule manière plausible de traiter cette période de l'histoire en dépeignant l'horreur par l'horreur, l'impensable par une mise en image si frontale qu'on ne peut plus l'imaginer moins choquante. La question reste posée, pour ma part, même si j'ai souffert, je crois sincèrement que ce ne fut pas vain.
••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••Quelques captures, dont certaines sont NSFW ^^