Poauh comment j'ai pu passer a côté de ce machin pendant des lustres ?!
C'est simple, il y a presque tout pour en faire un tuerie : d'une part, le récit filial aux ficelles connues mais inépuisables (difficile de ne pas penser a
Baby Cart mixé avec un poil de
The Killer) si on sait comment le traiter (ce qui est le cas ici), l'ambiance film noir qui prend des allures d'oeuvre d'art (la photo de Conrad Hall je trouve pas les mots, matez vous juste les séquences de pluie nocturne et vous verrez ce qu'est la définition d'un grand chef opérateur) et une absence de concessions totales. Mieux, Tom Hanks que j'ai toujours trouvé comme un acteur un peu trop conformiste a mon goût trouve probablement le rôle de sa vie, juste, droit dans ses bottes, mais sachant aussi agir avec fermeté, touchant dans ce rôle de père tueur empêtré dans ses dilemmes moraux (ses dernières scènes avec Newman m'ont mis sur les rotules).
Road to Perdition c'est clairement un idéal de cinoche quelque peu révolu, Mendes en revendique un amour certain tout en apportant ces petites touches nécessaires pour éviter le piège du film de vieux con (je pense notamment la scène où Jude Law exécute son contrat montré en jump cuts dévoilant au fur et a mesure l'immensité de l'appartement dans lequel il se trouve), mais derrière ça, le ton du film s'avère posé, chaque scène d'action se savoure car celles-ci sont parfaitement conçues en termes de tension, servent toujours le récit et s'avèrent toutes différentes les unes des autres : l'une jouera plus sur le son, l'autre le point de vue ou l'espace, voire même la lumière, bref c'est un taf monstre là dessus, c'en est dommage que pour son
Skyfall Mendes n'ait gardé finalement que le côté "visible" de sa mise en scène, car il arrive a se distinguer a une époque où pratiquement tout le monde faisait des films de la même façon.
Si visuellement, il m'apparait impossible d'attaquer le film, le petit détail gênant qui a quand même son importance reste dans l'équilibre du traitement des relations père/fils, Hanks et Newman sont parfaits certes je le redis, mais je suis moins convaincu par leur progéniture, si le gamin de Hanks est juste fade par contre James Bond se tape vraiment le rôle de la brebis galeuse avec son aspect unilatéral et j'aurais aimé au passage un peu plus de Jude Law tant son personnage apporte un vrai décalage a la dynamique de l'histoire, par son allure fantomatique (pour dire vrai, j'ai pensé lointainement a Kitano dans
Gonin dans sa capacité a avoir un tour d'avance sur sa proie).
Sinon voilà, une claque, une vraie.
9/10