MEUTRES EN CASCADE•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••Jonathan Demme / 1976 ........................................
6/10•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••Jonathan Demme y insérant peu subtilement bon nombre de références à ses films les plus célèbres, l'ombre de Hitchcock place sur Meurtre en cascade. L’élève tente de s’approprier les gimmicks du maître et pour cela n’hésite pas à pomper dans les faits d’arme des premiers disciples de sieur Alfred. La caractérisation des personnages, à gros coups de traumas psychologiques bien burinés, dissimulés par une plume qui n’hésite pas à jouer avec l’incohérence pour se faire moins prévisible, fait par exemple beaucoup penser à De Palma.
Malheureusement, dans le cas présent, c’est moins maîtrisé : l’écriture ne suit définitivement pas sur la distance. Outre le fait que la révélation finale est d’un ridicule sans nom (et je n’exagère pas), et quand bien même on se décide à pardonner la phase d’exposition qui ne sert pas à grand-chose, difficile de se laisser convaincre par l’enquête à proprement parler, qui n’est qu’une suite de fausses improvisations ne faisant jamais corps. Un peu perturbant quand l’exercice de style est de composer un thriller psychologique pur.
Pourtant meurtre en cascade mérite le coup d’œil. Malgré sa narration aux fraises, on peut y voir s’y débattre des acteurs qui ne comptent pas leurs efforts. D’un côté, l’esthète Roy Scheider, toujours doté de ses abdominaux en acier trempé, réussit à composer un personnage mentalement troublé qui garde suffisamment les pieds sur terre pour semer le doute. Entre paranoïa pathologique et force de l’expérience, il est le liant de meurtre en cascade, l’ingrédient mystère qui permet à la sauce de prendre alors qu’elle a tout pour tourner au vinaigre. De l’autre, en mode Elle est trop bien, Janet Margolin se débat de toutes ses forces avec un personnage écrit à la truelle et finit par lui donner une certaine dimension : un exploit étant donné le matériau de départ.
Outre ces deux chouettes prestations, soulignons le boulot qu’abat Demme en matière de mise en scène. Certaines séquences sont même particulièrement marquantes, notamment toute la traque dans le clocher pour laquelle il trouve une belle dynamique, même si son dénouement est aussi peu crédible que mon second moi quand il assure au premier arrêter, demain, le fromage.
Bref, une découverte en demi-teinte. Enchaîné après le très moyen Colère froide, Meurtre en cascade fait belle figure. La caméra de Demme y est très mobile et sa précision surprend. Mais niveau écriture, c’est toujours aussi faible. Si on pouvait l’excuser dans son précédent film, dans le cadre d’un thriller qui compose essentiellement autour de jeux de manipulation, c’est un peu plus embêtant.
Reste la direction d’acteur qui est ici d’un tout autre calibre : le petit revirement de personnalité de Janet Margolin, qui fout la trique à son patient du jour rien qu’en se mettant du rouge à lèvres, c’est quelque chose qu’on aurait assurément pu voir chez De Palma <3